Renart, célèbre personnage du Moyen Âge, rencontre les mêmes difficultés que les hommes de son époque : la vie est dure à cause des conflits et du manque de nourriture. Renart souffre souvent de la faim et doit donc ruser et voler pour survivre.
« Quand Renart, l’universel trompeur, est à une portée d’arc des marchands, il reconnaît facilement les anguilles et les lamproies. Il rampe sans se laisser voir jusqu’au milieu de la route, et s’y étend, les jambes écartées, la langue pendante. Quel traître ! Il reste là à faire le mort, sans bouger et sans respirer. [...] « Il vaut bien trois sous, dit l’un. – Il en vaut bien au moins quatre, reprend l’autre. Nous ne sommes pas chargés : jetons-le sur la charrette. Vois comme sa gorge est blanche et nette ! » Ainsi dit, ainsi fait. Ils le saisissent par les pieds, le lancent entre les paniers et se remettent en route. Pendant qu’ils se félicitent de l’aventure et qu’ils se promettent d’écorcher Renart le soir même, celui-ci ne s’inquiète guère ; il sait qu’entre faire et dire il y a souvent un long trajet. Sans perdre de temps, il s’allonge sur les paniers, en ouvre un avec les dents et tire à lui plus de trente harengs. »
Le Roman de Renart, adaptation de Paulin Paris, 1861.
La naïveté au service de la ruse
SGANARELLE. – « [...] Vous voyez que l’ardeur qu’elle a pour ce Léandre est tout à fait contraire aux volontés du père [...] et qu’il est nécessaire de trouver promptement un remède à ce mal, qui pourrait empirer par le retardement. Pour moi, je n’y en vois qu’un seul, qui est une prise de fuite purgative, que vous mêlerez comme il faut avec deux drachmes de matrimonium en pilules. Peut-être fera-t-elle quelque difficulté à prendre ce remède : mais comme vous êtes habile homme dans votre métier, c’est à vous de l’y résoudre, et de lui faire avaler la chose du mieux que vous pourrez. Allez-vous-en lui faire faire un petit tour de jardin [...] tandis que j’entretiendrai ici son père. »
Molière, Le Médecin malgré lui, acte III, scène 6, 1666.