Le chevalier Calogrenant fait la rencontre d’un géant. Comme ce personnage est effrayant, il s’attend à ce qu’il soit violent mais ce géant est pacifique.
« Me voyant approcher, le paysan sauta sur ses pieds. Voulait-il porter la main sur moi ? Je me préparai à me défendre. Pourtant il resta immobile, debout sur son tronc d’arbre ; il me regardait sans dire un mot, comme l’aurait fait une bête. Je crus qu’il ne savait ni raisonner ni parler. Je m’en hardis cependant à lui demander : - Hé, dis-moi donc, es-tu ou non une bonne créature ? - Je suis un homme ! - Quel genre d’homme es-tu ? - Tel que tu me vois. »
Anne-Marie Cadot-Colin d’après Chrétien de Troyes, Yvain, le Chevalier au Lion, 2014.
Dracula
Les vampires ont la particularité de ne pas se refléter dans les miroirs. Cet extrait raconte l’étonnement du héros qui ne voit pas arriver le comte Dracula dans le miroir devant lequel il se rase. De plus, surpris par l’arrivée mystérieuse du comte, il se taille avec son rasoir, ce qui n’est jamais une bonne chose quand on est à côté d’un vampire...
« Je commençais à me raser quand, soudain, je sentis une main se poser sur mon épaule et reconnus la voix du comte qui me disait : « Bonjour ! » Je sursautai, fort étonné de ne pas l’avoir vu venir, puisque, dans le miroir, je voyais refléter toute l’étendue de la chambre qui se trouvait derrière moi. Dans mon mouvement de surprise, je m’étais légèrement coupé [...]. Toute la pièce derrière moi était reflétée dans le miroir ; mais il ne s’y trouvait qu’un seul homme – celui qui écrit ces lignes. »
Bram Stoker, Dracula, 1897.
La magicienne Circé
Dans l’Odyssée, Ulysse et ses compagnons font halte sur l’ile de la magicienne Circé. Ulysse envoie quelques-uns de ses compagnons en éclaireurs.
« Circé, ayant fait entrer mes compagnons, les fait asseoir sur des sièges et sur des trônes. Elle mêle, avec du vin de Pramnios, du fromage, de la farine et du miel doux ; mais elle ajoute au mélange une drogue funeste afin de leur faire oublier tout souvenir de la patrie. Elle leur apporte la coupe et ils boivent d’un seul trait. Aussitôt, elle les frappe d’une baguette et les enferme dans les étables à porcs. Ils avaient la tête, la voix, le corps et les soies du porc, mais leur esprit était le même qu’auparavant. Ils pleurent, ainsi renfermés ; Circé leur donne du gland de chêne et du fruit de cornouiller à manger, pâture ordinaire des porcs qui couchent sur le sol. »
Homère, L’Odyssée, chant X, vers la fin du VIIIe av. J.-C.