Des espaces ruraux français multifonctionnels : entre initiatives locales et politiques européennes
I. Les espaces ruraux : recompositions démographiques et fonctionnelles
1.Un monde rural en mutation
Une fonction agricole qui reste importante dans certains territoires :
● une fonction majeure pour les bassins de production agroalimentaire comme le Bassin parisien, la Bretagne et les régions de vignobles ;
● ces territoires ➝ défi de la compétitivité dans une économie mondialisée. Si la France est aujourd’hui la première puissance agricole dans l’UE, les types et méthodes de culture diffèrent localement et aboutissent à une agriculture à plusieurs vitesses ;
● France = la 1ère puissance agricole dans l’UE.
l’agriculture façonne les paysages ruraux :
● la part d’actifs du secteur primaire ne cesse de baisser depuis les années 1970 (2,8 % d’actifs en 2017) ;
● les pratiques agricoles évoluent : agriculture respectueuse de l’environnement, labellisation, circuits courts.
2. Des espaces ruraux résidentiels
Une multifonctionnalité qui s’explique par l’influence urbaine :
● croissance urbaine ➝ étalement urbain au détriment des terres agricoles = la périurbanisation.
● l'économie locale se modifie au profit de l’économie résidentielle (services publics, commerces de proximité, services à la personne).
Des facteurs techniques et économiques :
● périurbanisation due à la densification des réseaux de communication + la démocratisation de l’automobile ;
● renouveau des campagnes s'explique par le coût élevé de la vie en ville + qualité de vie des campagnes ➝ attirent de nouveaux habitants, les néoruraux. Mais : conflits d'usages entre néoruraux et habitants anciennement installés (représentations et pratiques ≠).
Des espaces ruraux industriels et touristiques :
➜ Pour les citadins, les espaces ruraux = des espaces récréatifs + les espaces protégés (parcs nationaux, parcs naturels régionaux) = fonction de préservation + favoriser une activité touristique durable.
2. Une limite entre ville et campagne toujours plus poreuse
Un étalement urbain qui provoque du mitage : périurbanisation ➝ étalement urbain + mitage des espaces ruraux ➝ interpénétration entre la ville et la campagne.
Une sociologie des campagnes qui change :
● classes moyennes et populaires = toujours dominantes mais rajeunissent ;
● les modes de vie ruraux et urbains tendent à s’uniformiser ;
● le monde paysan est marqué par une crise profonde.
II. Durabilité et gouvernance des territoires ruraux
1. Des dynamiques contrastées
Les campagnes des villes, des littoraux et des vallées urbanisées (25 % de la population sur 26% du territoire) = en forte croissance résidentielle + un renouveau démographique et économique.
Les campagnes agricoles et industrielles (9 % de la population sur 26 % du territoire) = dynamiques démographiques et économiques contrastées (activités agricoles, industrielles et agro‑industrielles prépondérantes).
Les campagnes vieillies aux très faibles densités (8 % de la population sur 42 % du territoire) = difficiles d’accès + éloignées des services ➝ désertification, vieillissement de la population + paupérisation.
2. Une durabilité en question face au défi des mobilités
Des mobilités peu durables :
● des déplacements nombreux (travail, scolarisation, achats) ➝ coûteux pour les ménages + interpellent sur le plan environnemental ;
● ex : contestation de la hausse des prix du carburant en 2018 par les « gilets jaunes ».
La multifonctionnalité et le numérique, des solutions ?
➜ Ex du développement du télétravail.
3. Des acteurs nombreux qui peinent à coopérer
De la compétitivité à la coopération : le « mille-feuille » des acteurs.
● l’UE, l’État, l’échelon régional et local, société civile et acteurs privés participent à la gestion des territoires ruraux ;
● l’UE soutient l’agriculture française (aides directes : PAC, FEDER, FSE, FEADER).
➜ la vision d’un même espace rural + la mise en oeuvre des objectifs peut faire l’objet de tensions.
Une baisse des dotations publiques qui pénalise les territoires :
● avec la réorganisation intercommunale (loi NOTRe de 2015) + l’évolution des finances locales ➝ difficultés pour les territoires du rural isolé = les plus vulnérables économiquement (connexions aux réseaux de transport et numérique, maintien de la présence des services publics, etc.) ;
● des aménagements qui questionnent les principes de cohésion territoriale et d’égalité entre les territoires.