Les sociétés en guerre : des civils acteurs et victimes de la guerre
I. Les civils, des victimes du conflit
1. Le génocide des Arméniens
Un peuple minoritaire de l'Empire ottoman : 2,5 millions en 1914, minorité chrétienne dans un Empire à majorité turque et musulmane. Sont persécutés depuis longtemps.
La guerre, prétexte pour éliminer les Arméniens : pour les dirigeants turcs, les Arméniens = traîtres potentiels pouvant aider les Russes.
Dès 1915, campagne de déportation et d'exécution des civils arméniens : 1,2 millions d'entre eux sont massacrés ➝ 1ergénocide majeur du XXe siècle.
2. Des victimes civiles de la guerre en grand nombre
Août 1914 : offensive allemande accompagnée de massacres et de viols de civils ➝ propagandes française et anglaise exagèrent ces violences pour diaboliser l’Allemagne.
Les civils qui habitent à proximité du front = victimes de bombardements (Paris, Reims).
Dès 1916, pénurie alimentaire aggravée par le blocus mis en place par l'Entente : famines meurtrières en Allemagne et au Liban.
3. Les conditions de vie difficiles dans les territoires occupés
Après la stabilisation du front : occupation de 10 départements français pendant le conflit + exécution de nombreux civils (ex de Léon Trulin).
Les occupants réquisitionnent la nourriture, du matériel et du fer pour soutenir leur effort de guerre ➝ nourriture rationnée + aide alimentaire des pays neutres.
Travaux forcés pour les civils français sous peine d'emprisonnement ou de déportation comme otage dans les camps en Prusse-Orientale.
II. La mobilisation économique et scientifique des pays belligérants
1. Le recours à l’emprunt auprès des civils
Face aux besoins en armes et en équipements, les États manquent de liquidités ➝ recours à l'emprunt, à l'achat de crédits auprès des Américains et à une politique d'inflation monétaire.
Les États lancent des emprunts nationaux ➝ propagande pour demander aux épargnants civils de prêter de l'argent.
2. La transformation de l’économie
Beaucoup d’industriels adaptent leur production pour répondre aux besoins de guerre : ex de Louis Renault (transforme ses usines automobiles pour fabriquer des chars et des moteurs d'avion) et d'André Citroën (production d'obus).
Durée de la guerre qui force les États à réorganiser leur économie et à faire preuve de dirigisme : généralisation du travail de nuit, passage de la journée de travail de 12h à 14h, retrait des ouvriers qualifiés du front, financement des industries les plus stratégiques.
3. Des avancées technologiques majeures
Une guerre moderne de plus en plus mécanisée : chevaux et mules remplacés par les voitures et les camions, le char d'assaut devient essentiel.
Progrès de la médecine et de la chirurgie : radiologie, prothèses, chirurgie maxillo-faciale ➝ les médecins réussisent à sauver de plus en plus de soldats et à les réinsérer dans la vie civile.
Progrès scientifiques ➝ recherches dynamisées par la volonté de développer de nouvelles armes.
III. Propagande et censure
1. Modeler les esprits
« Bourrage de crâne » = propagande qui consiste à diffuser des informations erronées ou exagérées afin de maintenir le moral de la population.
But de la propagande = diabolisation de l'ennemi : dans les pays de l'Entente, Allemands décrits comme des barbares qui pillent, tuent, violent les populations.
2. Diffuser des images
La presse écrite = principal moyen d’information (journaux, suppléments illustrés, magazines) : dans les territoires occupés, les Allemands éditent un journal de propagande en français pour valoriser leurs intérêts.
Une propagande multisupport :
● affiches et photographies sont très diffusées ;
● utilisation du cinéma ;
● objets comme des jeux et des jouets qui portent des messages militaristes.
3. Contrôler l’information
Mise en place de la censure dans tous les pays belligérants au nom de la sécurité de l'État (informations sensibles, pacifistes, antipatriotiques). 2 août 1914 : décret qui suspend la liberté de presse en France.
La censure est surnommée « Anastasie » : le Canard enchaîné (1915) dénonce le contrôle de l’État sur l'information.
Création de services postaux dans les armées qui distribuent, envoient et lisent les lettres pour empêcher les soldats de divulguer des informations ou de diffuser des propos pacifistes ou défaitistes.
IV. Engagements et mobilisations des civils
1. La mobilisation de toute une société
Les hommes non mobilisés ou réformés travaillent dans les usines ou l’administration + des milliers de travailleurs originaires des colonies rejoignent la métropole.
Les enfants = cible d'une propagande diffusant des valeurs guerrières (jeux) et les encourage à participer à l'effort de guerre (économiser la nourriture).
Une guerre totale : tous les civils participent à l'effort de guerre et l'arrière devient un front intérieur.
2. Les femmes au travail et sur le front
Les infirmières sont majoritairement des religieuses en 1914 mais, face au nombre de blessés, de nombreuses femmes deviennent infirmières.
Résister et se battre :
● résister contre les Allemands sur les territoires occupés (Edith Cavell) ;
● quelques rares femmes se travestissent en hommes pour se faire passer pour des soldats (Flora Sandes) ;
● Russie = seul pays à déployer, temporairement, des bataillons de soldates.
Les femmes sont « l’armée de l’arrière » : prise en charge des travaux des champs, de la production, notamment dans les usines d’armements ➝ surnommées « munitionnettes ».
3. Des conséquences sociales mitigées
Le départ des hommes pour le front permet aux femmes d’occuper des postes auxquelles elles n’auraient pas pu accéder avant 1914 (administrations et usines) ➝ une certaine émancipation.
Beaucoup de féministes exigent que le rôle des femmes pendant le conflit soit reconnu ➝ 1918 : obtention du droit de vote au Royaume-Uni, en Allemagne et en Autriche en 1918 mais seulement en 1944 en France.