I. L’instauration de la République et de la démocratie parlementaire (1870‑1875)
1. Le retour délicat de la République en 1870
4 septembre : proclamation de la République par Léon Gambetta ➝ les députés modérés devancent les députés radicaux ➝ formation d'un gouvernement de Défense nationale.
8 février 1871 : élections législatives ➝ les monarchistes l’emportent sur les républicains, Adolphe Thiers est désigné « chef du pouvoir exécutif de la République » et la paix avec la Prusse est signée.
Mars 1871 : la victoire monarchiste entraîne des émeutes à Paris ➝ le gouvernement fuit et les émeutiers proclament la Commune. En mai : répression de la révolte par l'armée (Semaine sanglante) ➝ rupture entre la République et le monde ouvrier.
2. Le temps des incertitudes (1871-1879)
24 mai 1873 : Thiers démissionne et Mac-Mahon devient président ➝ échec du rapprochement orléanistes-légitimistes = échec de la restauration d'une monarchie.
30 janvier 1875 : Amendement Wallon qui permet l'adoption de plusieurs lois constitutionnelles.
Les républicains = majoritaires à l’Assemblée en 1877 et au Sénat en 1879 ➝ Mac‑Mahon démissionne et la République s’impose durablement.
3. L’installation d’une démocratie parlementaire
Les députés peuvent renverser le gouvernement : l’Assemblée est le cœur de la vie politique.
Le président a un rôle symbolique : élu par le Parlement (régime parlementaire) + peu de pouvoirs réels.
Le président n’est pas obligé de nommer le chef de la majorité parlementaire ➝ le Conseil des ministres change régulièrement, ce qui crée une instabilité politique.
II. Le projet d’unification de la nation
1. La Révolution française, un modèle
Le Parlement, qui était à Versailles pendant la Commune, revient à Paris (1879) ➝ rétablissement du lien avec le peuple.
La culture politique républicaine se fonde sur la Révolution française :
● 1879 : la Marseillaise devient l'hymne officielle ;
● 1880 : le 14 juillet devient fête nationale ;
● exaltation de la figure de Marianne.
La centralisation autour de Paris se renforce avec le plan Freycinet (1878 : réseau de voies ferrées centré sur la capitale).
2. Unifier en s’appuyant sur l’école
Un idéal d'égalité porté par Jules Ferry :
● création d'écoles dans les hameaux isolés ;
● 1881 : l'école devient gratuite.
Mais la reproduction sociale reste forte.
La laïcité :
● 1882 : l’école est rendue obligatoire et laïque ;
● 1905 : loi de séparation des Églises et de l’État ➝ la France devient une république laïque.
3. Une véritable nation ?
1882 : conférence à la Sorbonne d'Ernest Renan qui définit la nation comme la « volonté de continuer à faire vivre l’héritage qu’on a reçu ».
Un désir de revanche contre l'Allemagne alimenté sur toute la période :
● 1882 : création de la Ligue des patriotes par Paul Déroulède ;
● 1913 : adoption de la « loi des trois ans » (le service militaire passe de deux à trois ans).
Bâtir des références communes :
● 1877 : promotion du territoire par Auguste Fouillée avec Le Tour de France de deux enfants ;
● 1884 : manuel scolaire d’Ernest Lavisse qui exalte les grandes figures patriotiques et contribue à créer un roman national.
III. L’affirmation des libertés fondamentales
1. Un âge d’or des libertés
Début des années 1880, adoption de lois assurant les libertés fondamentales :
● économiques = droit de travailler le dimanche (1880) ;
● politiques = élection des maires par les conseils municipaux (1882) ;
● sociales = rétablissement du divorce (1884).
29 juillet 1881, adoption de la loi sur la liberté de la presse :
● multiplication des quotidiens (250 au début des années 1880) ;
● Révolution de la rotative et alphabétisation croissante de la population.
1884, droit de créer des syndicats instauré par Pierre Waldeck-Rousseau :
● 1895 : création de la CGT (Confédération générale du travail) = première union nationale des syndicats ;
● 1901 : loi sur la liberté d'association.
2. De véritables libertés ?
1913 : instauration de l'isoloir ➝ libére le vote de l’influence des notables + réduction des fraudes.
Des libertés à double tranchant : ex du droit syndical qui permet de discipliner les grèves en obligeant les organisations à se déclarer en préfecture.
Adoption de loi dites scélérates : 1911, création des Renseignements généraux ➝ naissance d’une police politique.
3. Les Françaises privées de droits politiques
Les républicains contre le vote des femmes : influencées par l’Église et pourraient favoriser le retour de courants réactionnaires au pouvoir.
Les nouvelles libertés permettent aux revendications suffragistes de se diffuser :
● 1909 : Union française pour le suffrage des femmes ;
● 1880-1914 : création de 112 associations + 44 journaux suffragistes comme La Fronde (entièrement écrit et géré par des femmes).
Question du vote des femmes = pas prioritaire à l’Assemblée malgré l’intensification des revendications.
IV. La République contestée et en débat
1. Des courants révolutionnaires
Développement du syndicalisme révolutionnaire avec l'idée symbolique d'un « grève générale » capable de renverser l’ordre établi ➝ souvenir de la Commune.
1892-1894 : organisation d'une série d'attentats par des militants anarchistes ➝ 1894 : assassinat du président de la république Sadi Carnot.
Ces mouvements s'essouflent face aux divergences internes et au durcissement de la répression.
2. Une France réactionnaire et cléricale
La France est un pays très croyant :
● Églises protestantes = plutôt républicaines ;
● une partie du clergé et de l'électorat est catholique = la République est vue comme un régime impie, mais ils se rallient peu à peu à elle (pape Léon XIII).
Le refus de coopérer de l'Église catholique :
● refus de former les associations culturelles exigées par loi de 1905 + se dresse contre l'inventaire des bâtiments religieux ;
● processions de rue (parfois violentes) contre la politique anticléricale du gouvernement.
Une partie des français regrette la perte de certaines traditions et de la monarchie.
3. Une France nationaliste et antisémite
L'antiparlementarisme :
● scandales politico-financiers qui alimentent une hostilité contre le régime ;
● ex du mouvement boulangiste qui prône un retour à l'ordre militaire.
L'affaire Dreyfus :
● 1894 : l'officier Alfred Dreyfus est accusé d’espionnage pour le compte de l’Allemagne. Juif, il est le coupable idéal dans un pays où l’antisémitisme est très ancré ;
● l’enquête est falsifiée, la presse l’accable malgré les preuves de son innocence ➝ réhabilité en 1906.
Une violence nationaliste avec l’extrême-droite qui prend de l’ampleur : 1882, création de la Ligue des patriotes ➝ défense des valeurs réactionnaires et xénophobes, exaltation du rôle de l'armée et de l'appartenance nationale.