I. Napoléon III et le jeu des nationalités en Europe (1852‑1870)
1. Le principe des nationalités
Reprise des acquis de la Révolution française par Napoléon III : l'idée du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et celle de liberté sont populaires ➝ se diffusent en Europe malgré la répression du Printemps des peuples.
L’empereur s’appuie sur le principe d’autodétermination des peuples et leur aspiration à l’unité (Paris accueille des immigrés venus de toute l’Europe) : c'est une stratégie diplomatique qui permet à Napoléon III de trouver des appuis populaires et nationalistes tout en confortant la puissance de la France.
2. Le rôle de la France
La France aide les mouvements autonomistes ou indépendantistes (Italie, Bulgarie, Serbie, Roumanie).
Moyen de montrer que la France = une grande puissance militaire : le congrès de Paris (1856) permet à Napoléon III de s'imposer comme le chef d'orchestre du concert des nations.
3. L’échec final de Napoléon III
L’unité des États-nations ne sert pas toujours la France : si la France gagne le contrôle de Nice et de la Savoie, le processus continue sans l'appui direct de l'empereur et engendre des guerres.
1870 : Bismarck se retourne contre Napoléon III malgré leur pacte secret (la France avait soutenu la Prusse face à l'Autriche en 1866) : l'unité allemande est réalisée grâce à la chute de l'empereur, la défaite de la France et l'annexion de l'Alsace-Lorraine.
II. L’unité par les dynasties : les cas de l’Allemagne et de l’Italie
1. L’Allemagne et l’Italie, des « expressions géographiques »
Le Printemps des peuples appartient au passé : les princes conservateurs ont restauré leur pouvoir.
L'idée d'unité subsiste : en Italie, la puissance de la Rome antique demeure, de même que l'Allemagne se remémore le Saint-Empire romain germanique établi en 962 et détruit par Napoléon Ier suite à la bataille d'Austerlitz (1805).
2. L’unité allemande (1861‑1871)
Bismarck : issu du monde des junkers, chancelier du royaume de Prusse (dès 1862), il souhaite reconstruire le Reich perdu de 1806.
La Prusse entre en guerre contre le Danemark puis l'Autriche.
1870 : victoire de Sedan contre la France ➝ conquête de l'Alsace et de la Moselle.
La Prusse réalise l’unité des États allemands contre Napoléon III. 1871 : Guillaume devient kaiser du deuxième Reich.
3. Une unité italienne grâce à la France ? (1858‑1870)
Le Piémont-Sardaigne, dirigé par Victor-Emmanuel II, se modernise et lance l’unification italienne, mais il ne peut lutter contre la puissance militaire de l’Autriche.
Dès 1858, Napoléon III décide de soutenir le Risorgimento ➝ 1859, la guerre éclate entre l’Autriche et la France :
● 4 juin 1859 : les alliés l'emportent ➝ la France obtient la Savoie et Nice ;
●Garibaldi pousse les peuples du Centre et du Sud à se révolter ➝ l’unité italienne se construit peu à peu.
1866 : l’Italie soutient la Prusse contre l’Autriche et obtient la Vénétie sans l’aide de la France. La France soutient le pape Pie IX qui s’oppose à l’unité italienne mais elle se retire ➝ invasion de Rome (devient la capitale du royaume italien).
III. Les limites des processus d’unification
1. Les blessures des processus d’unification
La construction des États-nations engendre l’effacement progressif de vieilles dynasties.
Les guerres d’unification sont meurtrières et laissent le souvenir des morts et des destructions.
1867 : les Habsbourg accordent son autonomie à la Hongrie ➝ l’Empire autrichien devient l’Autriche‑Hongrie.
2. Des unités inachevées
Objectif de l'unification = réunir autour d'un même monarque des populations parlant une même langue. Mais les nouvelles frontières ne vont pas dans ce sens ➝ l'Europe reste une mosaïque complexe.
Des frustrations :
● en Allemagne, les pangermanistes veulent se réunir avec l’Autriche ;
● en Italie, des territoires sont encore sous domination extérieure (Dalmatie) ;
● les peuples qui n'ont pas obtenu leur indépendance ou l'autonomie la demandent en défendant leur identité culturelle ➝ en réaction, les pouvoirs en place insistent sur la création d'une culture commune.
3. Un équilibre géopolitique fragile
En France = développement d'un nationalisme de rancœur qui aspire à la Revanche contre l’Allemagne.
La France républicaine est isolée dans une Europe monarchique.
L’unité par « le haut » (= les dirigeants, les monarques) ne satisfait pas les aspirations des peuples : les idéaux de 1848 sont ressuscités (Balkans, Slaves du Sud).
Les nouveaux États s'opposent entre eux (querelles frontalières, commerciales) ➝ l'équilibre géopolitique européen reste fragile.