La difficile entrée dans l'âge démocratique : la IIe République et le Second Empire
I. Les ambitions de la IIe République (février‑juin 1848)
1. Liberté politique et suffrage universel masculin
24 février 1848 : abdication du roi Louis-Philippe et proclamation de la République ➝ institution du suffrage universel masculin (Alphonse de Lamartine), suppression de la censure et des délits d'opinion.
Effervescence démocratique : débats politiques dans les salons + revendications féministes (journal La Voix des femmes fondé par Eugénie Niboyet).
23 avril 1848 : élection de l'Assemblée constituante dominée par les républicains modérés qui l'emportent sur les républicains radicaux et les socialistes.
2. Une marche vers l’égalité inaboutie
27 avril 1848 : abolition de l’esclavage (rôle de Victor Schoelcher) ➝ les esclaves affranchis deviennent citoyens (mais restent très contrôlés).
Les féministes s’expriment (pétitions, presse, clubs) contre l’exclusion des femmes de la vie politique (ex : George Sand). Mais elles ne reçoivent aucun soutien ➝ juillet 1848 : interdiction de l’accès des femmes aux clubs et aux réunions publiques.
3. Une tentative de république sociale
Le mouvement ouvrier est représenté au gouvernement provisoire par le socialiste républicain Louis Blanc ➝ décret du 25 février : le gouvernement s’engage à « garantir l’existence de l’ouvrier par le travail ».
Février : création des Ateliers nationaux pour donner du travail aux 184 000 chômeurs parisiens mais c'est un échec (peu de travail).
II. Tensions sociales et agonie de la IIe République (juin 1848 - décembre 1851)
1. Juin 1848 : les espoirs déçus du monde ouvrier
Organisation de manifestations par le mouvement ouvrier après les élections d'avril 1848 pour mettre l'Assemblée sous pression ➝ en réaction, les députés républicains et conservateurs dénoncent les Ateliers nationaux comme des foyers de subversion politique.
21 juin, décret pris par la Commission exécutive qui décide la dissolution des Ateliers nationaux : 400 barricades sont dressées dans Paris mais la répression est violente ➝ liens rompus entre la République et les mouvements ouvriers et socialistes.
2. L’élection de Louis‑Napoléon Bonaparte
Adoption d’une Constitution démocratique : stricte séparation des pouvoirs, Assemblée nationale et Président élus au suffrage universel masculin direct (aucun droit politique accordé aux femmes).
10 décembre 1848 : Louis-Napoléon Bonaparte remporte les élections avec 74% des voix.
3. Le parti de l’Ordre au pouvoir
13 et 14 mai 1849 : élections législatives remportées par les conservateurs ➝ le parti de l’Ordre limite les libertés et réprime les opposants politiques (ex : socialiste Jeanne Deroin emprisonnée en mai 1850).
Le parti de l’Ordre restreint les conditions d’inscription sur les listes électorales : résider à un endroit fixe depuis 3 ans, payer des impôts ➝ ouvriers = écartés des scrutins.
III. Le Second Empire : un régime autoritaire
1. Un « césarisme démocratique »
2 décembre 1851 : coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte ➝ dissolution de l'Assemblée nationale car la Constitution l'empêche d'être réélu président ➝ des soulèvements éclatent mais réprimés par l'armée :
● 2 décembre 1852 : Louis-Napoléon est proclamé empereur ;
● de nombreux pouvoirs sont entre ses mains : initiative des lois + nomination des ministres + les députés doivent lui prêter serment.
Second Empire = un césarisme démocratique : le suffrage universel masculin est rétabli mais le système de la candidature officielle, l’absence de liberté de la presse et la répression des opposants au régime interdisent tout pluralisme.
2. Un État renforcé au service du régime
Les fonctionnaires doivent relayer la propagande bonapartiste, maintenir l’ordre, surveiller leurs collègues et les administrés.
Les préfets reçoivent des pouvoirs considérables dans leur département.
Pour la plupart, les préfets et fonctionnaires ne sont pas bonapartistes et acceptent le régime sans y adhérer pleinement.
3. Les ambitions économiques et politiques de l’empereur
Napoléon III favorise le développement d’infrastructures (extension du réseau ferré) et entend stimuler l’industrie par une politique de libre-échange (traité de 1860 signé avec le Royaume-Uni).
Une politique extérieure active pour redonner à la France une place de choix dans le concert des nations européennes (guerre de Crimée en 1854, unification italienne en 1860, expédition au Mexique de 1862 à 1867).
IV. Le Second Empire, de la répression des oppositions à la libéralisation
1. Le contrôle de la vie politique
Un régime répressif avec une augmentation des effectifs de la police : des milliers d’opposants politiques sont emprisonnés ou envoyés au bagne (Cayenne, Algérie).
Mise en place d'une censure pour veiller au respect de la morale et de l'ordre social : le système de l'avertissement empêche toute critique du pouvoir (mais une littérature contestataire se diffuse en secret avec des figures comme Victor Hugo).
Des milliers de personnes s'exilent (au Royaume-Uni, en Belgique) pour éviter l'arrestation.
2. La renaissance d’une opposition ouverte au régime
Dès 1860, critiques de la politique impériale :
● l’Église attaque la politique italienne de l’empereur ;
● les conservateurs contestent la politique de libre-échange, les mesures sociales pour les ouvriers, le coût de la politique extérieure, etc.
1863 : élections législatives ➝ les candidats républicains et libéraux élus demandent une libéralisation du régime.
3. La libéralisation du régime
Napoléon III concède plusieurs réformes :
● 1867 : droit d’interpellation ;
● suppression du système de l’avertissement (mais la presse reste très surveillée) ;
● 1868 : autorisation des réunions publiques.
1869 : élections législatives ➝ un échec pour le pouvoir (perd un million de voix) ➝ Napoléon accepte une évolution parlementaire du régime = « l’Empire libéral ».
8 mai 1870 : plébiscite sur la libéralisation du régime ➝ un succès mais la défaite de Sedan entraîne la déchéance de l’empereur. ➜ 4 septembre 1870 : proclamation de la IIIe République.