Renaissance, humanisme et réformes : les mutations de l'Europe
I. Une période d’effervescence culturelle et artistique
1. Une soif de connaissances
Un retour aux sources antiques (textes grecs et latins) par les humanistes qui rejettent la période précédente baptisée péjorativement « Moyen-Âge ».
Traduction des textes antiques en langue vulgaire pour les mettre à disposition des contemporains.
Plusieurs domaines suscitent leur intérêt : cartographie, anatomie du corps humain, univers ➝ en 1512, Copernic fait l'hypothèse de l'héliocentrisme.
2. Une période de créativité technique
Des progrès techniques : armement, instruments de mesure du temps, pompes à eau, etc. ➝ vers 1455, Gutenberg invente les caractères mobiles et la presse à imprimer.
Les ingénieurs, comme Léonard de Vinci, appliquent les sciences mathématiques aux arts mécaniques (machines de guerre).
La Renaissance = une période de transition, pas une rupture totale avec le Moyen Âge (perfectionnement de techniques plus que de véritables innovations).
3. Des innovations dans le domaine artistique
Une prospérité économique qui permet de financer les artistes ➝ ex des cités italiennes avec la multiplication de botteghas.
L’Antiquité inspire et devient un modèle en architecture ➝ symétrie + proportions = nouvelles normes.
De nouvelles techniques picturales : application des règles mathématiques, de la théorie des proportions + utilisation de nouveaux supports (toiles, peinture de fresques, etc.) + mise au point de la perspective.
II. Penser et représenter l'homme
1. Une vison renouvelée de l'homme
Les humanistes placent au cœur de la création la dignité de l'homme et sa progression par l’acquisition des compétences ➝ Platon : « l'homme est la mesure de toute chose »
Développer les capacités humaines : les humanistes développent de nouveaux programmes d’instruction dans les universités.
Des réflexions qui s'intéressent à la place de l'homme dans la société :
● société idéale avec Thomas More (Utopie, 1516) ;
● fonctionnement de la vie politique avec Nicolas Machiavel (Le Prince, 1513) ;
●Égalité des Hommes et des Femmes (1622), traité de Marie de Gournay.
2. Une nouvelle manière de représenter l’homme
L’homme au cœur des représentations artistiques avec de nouveaux sujets artistiques : scènes mythologiques (Le Printemps de Botticelli), antiques (David de Michel-Ange), paysages, art du portrait (La Joconde de Léonard de Vinci).
Des artistes humanistes qui veulent représenter un être humain parfait, en respectant les proportions du corps (l'Homme de Vitruve de Léonard de Vinci).
La volonté d'imiter la réalité : profondeur + illusion d'un modèle vivant avec des techniques comme la perspective, le choix des couleurs et les ombres (sfumato).
3. Une nouvelle place pour les artistes humanistes
Les érudits humanistes occupent une place croissante dans la société de cour.
Des artistes reconnus et admirés dès leur vivant.
➜ Majorité des artistes = des hommes, mais des femmes se font connaître comme Marietta Robusti.
Des artistes recherchés par les princes et les nobles, qui deviennent mécènes (commande d'œuvres, présence dans leur cour).
➜ Ex de Léonard de Vinci au service des Médicis à Florence, du pape à Rome, du duc de Milan ou encore de François Ier.
III. La circulation de nouvelles idées
1. Les relations entre humanistes
Nombreux échanges épistolaires qui s'accompagnent d'échanges d'objets comme les manuscrits.
Les humanistes voyagent beaucoup ➝ sentiment d'appartenir à une « République des lettres » sans frontières.
Des cercles d’érudits se forment : ex de l’académie de Florence fondée en 1459.
2. Le livre imprimé, une révolution ?
Un nouveau média :
● livres reproduits en de nombreux exemplaires ➝ baisse de prix ;
● le livre = un objet commercial qui entraîne la naissance de nouveaux métiers (ex de Robert Estienne, éditeur et libraire français).
Constitution de bibliothèques humanistes (regroupement de manuscrits + livres imprimés) par certains penseurs ou souverains ➝ deviennent des lieux de transmission.
Mais les 1ers livres imprimés = essentiellement à caractère religieux + l'imprimé reste cher.
3. De nouveaux usages de l'écrit
Des livres plus pratiques :
●standardisation des livres imprimés qui facilite leur utilisation ➝ deviennent des outils de recherche ;
● développement du livre de poche ➝ usage plus souple.
Apparition de gazettes publiées régulièrement : naissance de la presse écrite qui permet la circulation des nouvelles dans un espace européen davantage unifié.
L'imprimerie permet une alphabétisation rapide de la population (entamée depuis le début du XIIIe siècle) mais elle ne touche pas toute la population (femmes restent exclues de l'éducation).
IV. Réformes et Contre-Réforme
1. Les Réformes protestantes
Une crise de l'Église chrétienne depuis le XVe siècle :
● critique d'un clergé trop tourné vers ses revenus ➝ condamnation de la vente des indulgences ;
● les humanistes souhaitent un retour aux sources de l'Église (texte originel des Évangiles).
➜ L'Église a du mal à se réformer.
La rupture : Martin Luther se voit excommunié pour hérésie en 1520 après sa critique du pape (95 thèses, 1517).
➜ 1530, la Confession d’Augsbourg définit le luthéranisme : seule la foi permet de gagner le salut, il n'y a pas de clergé et la Bible = seule autorité reconnue.
La Réforme luthérienne entraîne d'autres réformes ➝ Réformes calvinistes de Jean Calvin basées sur la prédestination + le roi Henri VIII en Angleterre pose les bases de l'Église anglicane.
2. La Contre-Réforme catholique
Les critiques protestantes poussent l'Église catholique à se réformer ➝ concile de Trente entre 1545 et 1563 pour réfléchir à la Contre-Réforme ➝ réaffirmation des principes de l'Église catholique (hiérarchie ecclésiastique, maintien des sept sacrements).
Pour défendre l'Église catholique, plusieurs moyens : généralisation du catéchisme auprès des plus jeunes + fondation de nouveaux ordres religieux (ex de la Compagnie de Jésus en 1534), exaltation des églises catholiques via l'art baroque.
3. La fin de l'unité religieuse de l'Europe occidentale
Une Europe divisée : 40 % d'Européens protestants vers 1560 ➝ adoption des Réformes dans certains territoires, parfois pour marquer leur indépendance (vis-à-vis de la papauté + de l'empereur).
Des guerres de Religion éclatent dans les pays où plusieurs communautés religieuses cohabitent (ex de la France entre 1562 et 1598).
L'instauration d'une coexistence religieuse qui invoque la liberté de confession :
●1555, paix d'Augsbourg en Allemagne ;
●1598, édit de Nantes en France.