La Méditerranée médiévale, espace d’échanges et de conflits
I. La diversité des sociétés méditerranéennes
1. Des sociétés aux nombreux points communs
Les villes = des pôles économiques majeurs mais la population = majoritairement rurale.
Pouvoir = entre les mains d'une aristocratie guerrière + accès au savoir = réservé aux élites.
Faible diversification des produits cultivés et consommés (triade méditerranéenne et pêche).
2. Deux chrétientés face à face : l’Occident et Byzance
Unité et division de l’Occident chrétien : politiquement morcelé mais utilisation commune du latin + reconnaissance de l'autorité religieuse du pape de Rome.
L’Empire byzantin ≠ Occident chrétien :
● un ensemble politique cohérent et unifié avec à sa tête un empereur sacralisé ;
● unique reconnaissance de l'autorité religieuse du patriarche de Constantinople.
Des relations complexes : tensions religieuses anciennes + rivalités politiques et économiques = un éloignement progressif qui atteint son paroxysme lors de la quatrième croisade.
3. L’Islam : une culture vivace, une mosaïque politique
632, mort de Muhammad : conquête des côtes de la Méditerranée + de la péninsule Ibérique par les Musulmans ➝ un empire qui se divise entre 3 califats rivaux (Fatimides du Caire, Omeyyades de Cordoue, Abbassides de Bagdad).
Divisions politiques + ethniques (Arabes, Perses, Persans et Turcs) + religieuses : l'Islam divisée en 3 branches = sunnites, chiites et kharidjites.
Les sociétés orientales sont pluriconfessionnelles : chrétiens et juifs peuvent conserver leur religion en échange de leur obéissance aux pouvoirs islamiques (dhimmis).
II. Violences et affrontements
1. Des violences structurelles
Une piraterie omniprésente sur les côtes méditerranéennes :
● les pirates pillent et vendent leurs captifs comme des esclaves ;
● les populations, craintives, vivent dans des villages fortifiés.
Les princes entrent souvent en guerre avec les pays voisins pour étendre leurs frontières et leurs richesses (ils s’allient parfois avec des souverains de religion différente).
2. De la mer des califes à la reprise en main par les Latins
VIIIe siècle - début XIe siècle : contrôle de la Méditerranée par les souverains musulmans.
L’expansion latine :
● XIe siècle, conquêtes des territoires islamiques et byzantins (Sicile, États latins d’Orient, île de Chypre, Empire latin de Constantinople) : création de nouveaux royaumes chrétiens ➝ essor économique et croissance démographique en Occident ;
● en Espagne, les royaumes chrétiens du Nord font progressivement reculer les princes musulmans vers le sud de la péninsule : c’est la Reconquista.
À partir du XIIe siècle, la Méditerranée devient un lac latin :
● communes italiennes qui contrôlent les routes commerciales (Amalfi, Pise, Gênes, Venise) ;
● mais l'ascension et la progression de l'Empire ottoman bouleversent les équilibres géopolitiques du bassin méditerranéen au XVe siècle.
3. Des affrontements attisés par des motifs religieux
À partir du Xe siècle : l’empire musulman, le Dar al-Islam, doit s'étendre sur tout le globe mais la multiplication des guerres entre princes diminue le nombre de leurs conquêtes.
1095 : le Pape appelle à une guerre sainte (1èrecroisade) ➝ prise de Jérusalem + création d’États latins en Orient.
Le djihad au XIIIe siècle permet aux musulmans de reprendre toutes les terres des Latins en Orient (1144, reprsise d'Édesse ; 1187, reprise de Jérusalem par Saladin).
III. Des échanges commerciaux intenses
1. Routes commerciales et marchandises
Méditerranée = un carrefour commercial où s’échangent des marchandises du monde entier (transportées par caravanes puis traversent la mer par bateaux).
Latins, Byzantins et musulmans vivent dans des régions dont les productions, diverses, sont complémentaires.
2. Un monde structuré par les ports
Les ports = des lieux de rencontre pour les hommes + concentrent les richesses avec des navires commerciaux de + en + imposants (≠ navires de guerres fins et rapides).
Les puissances locales, qui prélèvent des taxes sur le commerce, favorisent la présence des marchands occidentaux ➝ essor des comptoirs.
3. Les outils de l’échange
Nouvelles techniques commerciales : lettre de change + contrat de commende pour limiter les risques liés à la piraterie/aux naufrages.
➜ Le développement de ces pratiques favorise les affaires économiques.
Les marchands mettent en place de grands réseaux professionnels : XIIIe-XIVe siècles, une langue commune, la lingua franca, apparaît et témoigne de la vigueur des échanges commerciaux.
IV. La circulation des hommes et des idées
1. Des hommes sur la mer
De plus en plus de voyages maritimes du fait de la croissance économique ➝ mouvements maritimes de tous les types (pêcheurs, marins, marchands, soldats, pèlerins, savants, esclaves).
La confrontation des voyageurs à de nouvelles sociétés contribue à la circulation des idées, des pratiques et des techniques en Méditerranée.
2. Des espaces de cohabitation culturelle
Des minorités présentes sur toutes les rives de la Méditerranée : ex des communautés juives et chrétiennes commes les coptes en Égypte sur les terres islamiques.
Les guerres transforment les espaces en des lieux multiconfessionnels (changements de religion dominante) et permettent la cohabitation entre chrétiens, juifs et musulmans ➝ métissages de la population + nouveaux arts (art mudéjar).
3. La circulation des idées et des savoirs
Les innovations se diffusent : ex de la boussole et du papier (inventions chinoises qui parviennent aux Latins aux alentours de 1200).
Les savoirs circulent avec les traductions arabes des auteurs antiques + les découvertes, notamment en mathématiques et en médecine (ex du médecin Ibn Sina).
Les populations apprennent à se connaître (même si c’est souvent pour prendre l’ascendant sur les autres).