« L'aspect de cette partie de l'Afrique était inquiétant d'ailleurs. Le désert se faisait peu à peu. Plus un village, pas même une réunion de quelques huttes ; la végétation se retirait. À peine quelques plantes rabougries comme dans les terrains bruyéreux de l'Écosse, un commencement de sables blanchâtres et des pierres de feu, quelques lentisques et des boissons épineux. Au milieu de cette stérilité, la carcasse rudimentaire du globe apparaissant en arêtes de roches vives et tranchantes. [...] Il ne semblait pas qu'une caravane eût jamais affronté cette contrée déserte; elle aurait laissé des traces visibles de campement, les ossements blanchis de ses hommes ou de ses bêtes. Mais rien. Et l'on sentait que bientôt une immensité de sable s'emparerait de cette région désolée. »
Jules Verne, Cinq semaines en ballon, 1863.
Des situations hors du commun
Henry et Bill sont les maitres de sept chiens de traineaux. Ils traversent les étendues désertes du Grand Nord.
« Là s’étendait le Wild, le Wild sauvage, gelé jusqu’aux entrailles des terres du Grand Nord. [...] À l’avant et à l’arrière du traîneau, insoumis, indomptés, luttaient donc les deux hommes qui n’avaient pas encore été vaincus par le Wild. Leurs corps étaient recouverts de fourrure et de cuir souple. Sur leurs paupières, leurs joues, leurs lèvres, les cristaux nés de la condensation de leur haleine formaient une couche si épaisse qu’il était impossible de les distinguer l’un de l’autre. Avec leurs masques livides, ils faisaient songer à des spectres, à des fantômes de croque-morts conduisant dans un monde impossible les funérailles d’un fantôme de cadavre. Mais c’étaient des hommes bien réels, acharnés à survivre sur une terre désolée, silencieuse, meurtrière, des Pygmées perdus dans un univers de géants, dressés contre un ennemi aussi insensible, aussi démesuré, aussi étranger à l’aventure humaine que le sont les profondeurs de l’espace. »