Tu peux penser à certains passages de la Bible qui relient l’idée de béatitude comme bonheur suprême, les actions des hommes et la réalisation du royaume de Dieu. Dans le Sermon sur la Montagne, la béatitude est promise à ceux qui ont le cœur pur et qui auront vécu de manière juste (« Bienheureux les pauvres par esprit car le règne des cieux est à eux »). L’idée est que le bonheur ne sera obtenu qu’au terme d’une vie vertueuse et pieuse. Peut-être nous est-il difficile de séparer justice, moralité et bonheur : l’idée d’un « salaud heureux » nous révolte a priori, alors que l’on aime se dire que les personnes justes seront récompensées.
Tu peux penser à des poèmes ou chansons célèbres sur le thème du bonheur.
La poésie lyrique de Ronsard nous parle bien de la précarité du bonheur, de la fuite du temps, des joies de l’amour qu’il faut cueillir tant que l’on est jeune. Il nous conseille ce précepte de vie, à savoir qu’il faut saisir son bonheur ici et maintenant : « Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain/Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie » (Sonnets pour Hélène, XXIV).
À l’inverse, la chanson de Barbara « Le mal de vivre » nous fait réfléchir sur le mal-être qui peut s’emparer de chacun de nous sans raison particulière, et sur le fait qu’être heureux ou malheureux ne dépend pas forcément de nos actions, mais relèverait plutôt d’un mystère, du tempérament de chacun ou de notre humaine condition.
Enfin, tu peux penser au lien entre le bonheur passé, la nostalgie du souvenir, et le plaisir de la réminiscence. Tu trouves ces thèmes très bien mis en poèmes chez Baudelaire (« Le parfum », « Spleen ») ou encore chez Proust dans Du côté de chez Swann (fameux texte sur la madeleine : « Mais à l'instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m'avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause ».)
Le bonheur est un des thèmes principaux du film de Franck Capra, La vie est belle, de 1946. Le personnage George Bailey, qui a sacrifié ses rêves d’aventure pour succéder à la tête de l’entreprise de son père, est au bord de la faillite. Désespéré par cet échec, et oubliant ses responsabilités de père de famille et de chef d’entreprise, il songe au suicide. Clarence, ange de 2e classe, est dépêché sur Terre pour le sauver et lui montrer combien sa vie a été utile. Ce film s’interroge sur ce qui fait une vie réussie. Il présente deux conceptions opposées des valeurs et de ce qui fait une vie heureuse : d’un côté l’argent, le pouvoir, l’individualisme cupide et l’égoïsme cynique et de l’autre la justice, la solidarité, l’amitié, la générosité. Le film souligne ainsi la difficulté de construire un bonheur authentique et durable dans une société capitaliste où les rapports entre les individus sont déshumanisés.