Les fictions théâtrales, romanesques et cinématographiques présentent une multitude d’intrigues liées au problème du devoir moral et aux dilemmes qu’il engendre. Le propre de la tragédie est d’ailleurs de s’appuyer sur une situation dont l’issue implique que l’on trahisse l’un de ses devoirs pour en accomplir un autre. Citons par exemple :
Antigone de Sophocle, dans lequel Antigone voudrait pouvoir enterrer son frère Polynice, au nom des lois non-écrites de la fraternité. Créon l’en empêche, car cela serait contraire aux lois de la cité. Il s’agit d’un véritable dilemme car Créon n’est pas animé de mauvaises intentions : aux yeux des contemporains de Sophocle, il est tout aussi important d’obéir aux lois divines qu’aux lois de la cité (qui préservent les hommes de la guerre civile, de la dissenssion).
Le Cid, Andromaque et le théâtre de Corneille en général (a donné l’expression de « dilemme cornélien »). Dans Le Cid, Rodrigue est confronté au dilemme suivant : soit il venge son père et il perdra alors son amante, soit il conserve son amante et laisse son père déshonoré.
Entre le ciel et l’enfer d’Akira Kurosawa (1963)
Le Train sifflera trois fois de Fred Zinnemann (1952)
Cours, Lola, cours de Tom Tykwer (1998) est un film mettant en scène les conséquences possibles qu’entraîneraient les différents choix de l’héroïne. Les vingt minutes durant lesquelles l’action se passe réellement sont reproduites trois fois : chaque nouvelle version commence par les mots « Et si » et montre l’ampleur des différences qui découlent de choix infimes. Cela pose évidemment la question de la mesure dans laquelle nous pouvons réellement être tenu pour responsables des conséquences de nos actes, quand on observe le nombre immense de facteurs à l’œuvre.