Quelques exemples de la mythologie à connaître pour penser la justice et la vengeance. Dans la Théogonie, récit qui conte les origines de l’univers, le règne des dieux n’est instauré qu’au terme d’un cycle de vengeance. Cronos, le roi des Titans, par crainte de voir ses enfants lui dérober son trône, les dévore cruellement l’un après l’autre. Seul son dernier fils, Zeus, parvient à lui échapper et entreprend une vaste revanche, dont le terme est l’enfermement des Titans dans les ténèbres du Tartare.
On retrouve cette même vision de la vengeance comme quête de justice chez Homère. La guerre de Troie éclate ainsi pour laver un affront : Pâris a enlevé la princesse grecque Hélène avec l’aide d’Aphrodite, et c’est en réponse à cette injure subie que Ménélas demande à son frère Agamemnon de lever son armée et de marcher sur Troie. Au livre I de l’Iliade, les Achéens voient Achille les abandonner, pris de rage parce qu’Agammemnon lui a dérobé sa jeune esclave Briséis.
Tu peux penser à toutes les figures de justiciers qui habitent l’imaginaire collectif et que tu trouves dans la littérature (Robin des Bois), les bandes-dessinées (Batman, Superman), les films (dans de nombreux westerns, Zorro), les séries (Dexter).
Le justicier est à distinguer de la figure du juste et du sage parce qu’il recèle une certaine violence : violence intérieure qui se traduit par une face sombre, un côté obscur de sa personnalité (comme Batman), et violence extérieure par les moyens qu’il met en œuvre pour défendre la justice.
Figure de la révolte et de la résistance, le justicier éprouve vivement la tentation de se placer au-dessus des lois quand cela lui semble indispensable, ou prétend au moins soutenir la justice par la force. Farouchement libre, il n’hésite pas à contourner le droit, voire à critiquer les institutions et le pouvoir en place lorsqu’ils dérogent à leur fonction.
La balance, sans doute le symbole le plus ancien de la fonction de juger, est présentée dans la mythologie antique comme un moyen de peser les âmes après la mort. La balance représente l’équilibre et de la mesure : elle rappelle à la fois la finalité de la justice – départager les intérêts en conflit – et le moyen d’y parvenir, en examinant le pour et le contre.
Le glaive et le lion sont des symboles de puissance et rappellent que la justice n’est rien sans l’appui de moyens de contrainte : ils désignent la force nécessaire à l’application de la justice et à l’exécution de la sanction.
Enfin, le bandeau sur les yeux symbolise l’impartialité : un bon juge ne doit pencher en faveur d’aucune des parties.