A) Le conflit, une pathologie de l’intégration (théories de l’intégration)
une importante tradition sociologique considère le conflit comme le signe d’un dysfonctionnement de la société
pour Émile Durkheim, des conflits intenses et nombreux signalent un défaut d’intégration (anomie)
pour la sociologie fonctionnaliste, le conflit signale un dysfonctionnement de l’ordre social
B) Le conflit, un facteur de cohésion sociale (théories du conflit)
pour Georg Simmel, le conflit assure le bon fonctionnement de la société : parce qu’il est encadré par les règles, il permet de canaliser l’agressivité et d’aboutir à des compromis
le conflit est intégrateur car il est producteur d’identité : les membres d’un mouvement social créent entre eux des solidarités et ont le sentiment d’appartenir à un « nous »
2Conflits sociaux et changement social
A) Des exemples de changements portés par le conflit
pour Marx, la lutte des classes est le principal moteur du changement social
le mouvement ouvrier est un acteur essentiel de la formation de l’État-Providence, en participant à la construction d’un ensemble de droits sociaux. Ex : les deux premières semaines de congés payés obtenues suite à un vaste mouvement de mobilisation des ouvriers en 1936
les conflits du travail se sont institutionnalisés : élaboration de règles, de procédures et de conventions destinées à encadrer les négociations
les événements de mai 1968 ont contribué à la transformation des normes et des valeurs de la société : remise en cause de l’autorité, liberté sexuelle, etc.
B) Le conflit, facteur de résistance au changement
certains conflits visent à s’opposer à des transformations sociales. Ex : les conflits engendrés par les délocalisations, la transformation des services publics, etc.
les mouvements NIMBY. Ex : mobilisations des résidents qui refusent l’installation d’une activité polluante près d’un quartier résidentiel, mais ne se soucient pas qu’elle s’installe ailleurs
3Des conflits en mutation
A) Une diminution des conflits du travail
déclin du nombre de journées individuelles non travaillées (JINT) depuis les années 1970, avec une relative baisse du taux de syndicalisation
causes :
la détérioration de la situation économique : le chômage est devenu la préoccupation essentielle du salariat
avec le déclin de la classe ouvrière et la désindustrialisation, disparition des institutions encadrant et favorisant l’action collective
l'individualisation de la main d’oeuvre met les salariés en concurrence les uns avec les autres
une moindre médiatisation via les syndicats et partis politiques
le paradoxe d’Olson ou paradoxe de l’action collective apporte un éclairage théorique : un groupe d’individus qui aurait avantage à se mobiliser et en a conscience peut très bien rester inorganisé (comportement de passager clandestin)
B) Un développement de nouvelles formes de conflit
on observe une diversification des acteurs, des formes et des objets du conflit social au cours des années 1960
pour Alain Touraine, les nouveaux mouvements sociaux se distinguent des mouvements traditionnels sur plusieurs points :
leurs revendications ne sont plus liées au travail ou à la répartition des richesses (questions matérialistes), mais à l’autonomie et l’identité des individus (questions postmatérialistes)
leur mode d’organisation est moins centralisé, plus proche de la base
leurs formes d’action sont moins conventionnelles : grève de la faim, sit-in, happening médiatique, etc.
leurs participants sont issus des classes moyennes
cette opposition ne doit toutefois pas être surestimée