il existe différentes formes de mobilité : géographique (changements de résidence), professionnelle (changements d'activité professionnelle d'une personne), etc.
la mobilité sociale désigne le passage d’un individu (ou d’un groupe d’individus) d’un groupe social à un autre
ces parcours peuvent s'analyser au cours de la vie d'une même personne (mobilité intragénérationnelle) ou entre deux générations d'une même famille, dans le changement de position sociale des individus de la génération des enfants par rapport à la génération des parents (mobilité intergénérationnelle)
B) Les différentes formes de la mobilité intergénérationnelle
on caractérise le statut d'une personne par sa profession actuelle (la position sociale) et par celle de ses parents (l'origine sociale)
si la position et l’origine sont identiques, on parle de reproduction sociale
quand la position et l'origine ne sont pas identiques, on parle de mobilité sociale
mobilité verticale: modification de la position sociale dans la hiérarchie sociale
mobilité ascendante : amélioration du statut social
mobilité descendante : perte de statut (déclassement, démotion)
mobilité horizontale : changement de profession ou d’activité mais statut équivalent sur le plan hiérarchique
C) Les tables de mobilité
les tables de mobilités sont construites à partir des enquêtes sur la formation et la qualification professionnelle (FQP) de l’INSEE
ces enquêtes permettent de comparer la position d’hommes âgés de 40 à 59 ans à celle de leur père
la table de destinée décrit le devenir social des individus issus des différentes professions et catégories socio-professionnelles (PCS) ; elle part du statut du père
la table de recrutement décrit l’origine des individus appartenant aux différentes PCS ; elle part de la position du fils
les limites des tables de mobilité :
les tables les plus fréquentes ne retracent qu’imparfaitement le parcours des femmes dans l’espace social (les tables de mobilité étudient exclusivement le lien père-fils)
pas de prise en compte de l’évolution du statut relatif des professions, ce qui fausse les conclusions. Ex. : un fils d’instituteur devenu instituteur apparaît être un exemple de reproduction sociale alors qu’il s’agit plutôt d’un déclassement social
l’intensité de la mobilité observée dépend du nombre de groupes retenu dans la table : plus il est élevé, plus le pourcentage de mobilité est élevé
D) Mobilité observée et fluidité sociale
la mobilité observée est égale à la mobilité structurelle plus la mobilité nette
la méthodologie de la fluidité sociale consiste à comparer, au cours du temps, des écarts de probabilité d’accès à un statut des enfants issus de différentes catégories sociales
la diminution (ou la hausse) de ces écarts permet de conclure à un progrès (ou à un recul) de l’égalité des chances
2Quelles sont les évolutions de la mobilité en France ?
A) Une mobilité sociale accrue du fait des changements structurels
la mobilité structurelle a constamment augmenté depuis la fin des années 1970 du fait de l’évolution du contexte macroéconomique
la mobilité nette (qui reste majoritaire), après avoir cru entre 1977 et 1993, a diminué de 1993 à 2003
B) Des catégories inégalement mobiles
la mobilité sociale se fait plus facilement entre catégories proches. Ex. : d’employé à profession intermédiaire plutôt que d’employé à cadre
les employés et professions intermédiaires sont plus mobiles que les autres catégories
C) L’inégalité d’accès aux statuts supérieurs s'accroît
l’avantage relatif des fils de cadres sur les fils d’ouvriers, d’employés ou de personnes exerçant une profession intermédiaire s’est accentué
accentuation des inégalités pour les générations nées après 1955 (Louis Chauvel)
3Comment l’école et la famille déterminent-elles la mobilité sociale ?
A) Des inégalités scolaires aux inégalités sociales
le diplôme est le principal moyen d’accéder à l’emploi, particulièrement en France
on observe une massification de l’école depuis l’après-guerre mais les inégalités demeurent, notamment en ce qui concerne l’accès à l’enseignement supérieur
l'origine sociale de l'élève a une influence sur ses résultats scolaires
la réussite scolaire dépend de l’interaction entre deux instances de socialisation, l’école et la famille :
pour Pierre Bourdieu, l’école reproduit et légitime les inégalités sociales dans la mesure où elle n'offre pas les mêmes chances aux enfants issus de milieux défavorisés, qui doivent compenser leur déficit en « capital culturel »
Raymond Boudon souligne le rôle des choix stratégiquesd’orientation, qui diffèrent d’une famille à l’autre selon son groupe social : à résultats scolaires égaux, l’origine sociale a une influence sur les vœux d’orientation)
B) Les divergences entre le diplôme et la position sociale
le paradoxe d’Anderson : l’obtention d’un meilleur diplôme que ses parents ne garantit pas une promotion sociale
explication : le nombre de diplômés dans la population active progresse plus vite que le nombre d’emplois dans les professions supérieures ; un fils peut donc avoir un niveau de diplôme supérieur à celui de son père, mais avoir une position sociale inférieure
débat autour du déclassement : pour Louis Chauvel, il y a eu une dévalorisation des diplômes entre les générations des années 1940 et celles des années 1960, augmentant le risque de déclassement scolaire et social
cependant, même si le rendement du diplôme a diminué d’une génération à l’autre, l’investissement scolaire n’est pas vain car les diplômes protègent relativement contre le risque de chômage
C) Homogamie et reproduction sociale
l'homogamie est le fait de choisir un conjoint du même milieu social que le sien
l’homogamie participe à la reproduction sociale : elle réduit le mélange des catégories sociales et maintient les barrières symboliques qui existent entre elles
cette homogamie est particulièrement forte pour la grande bourgeoisie, soucieuse de transmettre et de préserver son capital économique, culturel, social et symbolique