les inégalités sont des différences qui se traduisent en termes d’avantages et de désavantages
elles reposent sur des formes de hiérarchisations sociales
les inégalités sont de plusieurs types
économiques : revenu, patrimoine
sociales : accès aux soins, accès au logement, réussite scolaire, etc.
culturelles : pratiques de lecture, visite des musées et des monuments, etc.
les inégalités économiques donnent naissance à d’autres types d’inégalités
les inégalités sont souvent cumulatives : elles ont tendance à se renforcer les unes les autres, ce qui alimente la polarisation de l’espace social
elles ont tendance à se reproduire d’une génération à l’autre (reproduction sociale)
B) Mesure des inégalités
la mesure des inégalités n’est jamais neutre : quelles populations comparer ? Quelles inégalités mesurer et comment les mesurer ?
les indicateurs de répartition :
le rapport interdécile D9/D1 : indicateur de dispersion le plus souvent utilisé, mesure le rapport entre le revenu minimum des 10 % de la population la plus riche et le revenu maximum des 10 % de la population la plus pauvre
l'indice de Gini : indicateur synthétique prenant en compte l’ensemble de la distribution
C) Une rupture importante dans la dynamique des inégalités
on observe un mouvement de réduction des inégalités économiques au cours du XXe siècle
cependant, à partir du milieu des années 1980, essoufflement du processus de réduction des inégalités économiques en France : le rapport interdécile du revenu disponible des ménages décroît moins vite qu’avant
depuis 2004, accentuation des inégalités de niveau de vie du fait de la hausse des revenus les plus élevés et de la paupérisation croissante
cette rupture s’observe dans la quasi-totalité des pays de l’OCDE, même si elle se manifeste à des degrés et des rythmes différents
2Analyser la structure sociale à partir de la notion de classe : les théories de classes sociales
A) Une polarisation de la société en deux classes antagonistes (Karl Marx)
centralité de la dimension économique : les individus appartiennent à une classe en fonction de leur place dans le mode de production
approche réaliste : les classes sociales existent dans la réalité, le sociologue ne fait que les constater
passage de la classe en soi à la classe pour soi : la conscience de classe n’est pas immédiate, elle se forge dans la lutte des classes
antagonisme fort : la lutte des classes crée la dynamique de la société
dans le mode de production capitaliste, polarisation en deux grandes classes sociales, la bourgeoisie et le prolétariat, du fait de la disparition de la petite bourgeoisie et de la paysannerie, absorbées par le prolétariat qui ne cesse de se paupériser
les limites de la théorie marxiste pour analyser la société contemporaine :
réduction du champ social au seul champ économique
question des classes moyennes
effritement de la classe ouvrière
B) Une approche multidimentionnelle de la stratification sociale (Max Weber)
différentes dimensions de la stratification sociale :
les classes (ordre économique) : ensembles d’individus ayant les mêmes chances d’accéder aux biens et services du marché
les groupes statutaires (ordre social) : ensembles d’individus ayant le même degré de prestige social associé à leur statut, lequel dépend de leur style de vie, de leur naissance, de leur instruction et de leur profession
les partis (ordre politique)
ces trois dimensions sont souvent connectées mais ne se recoupent pas nécessairement. Ex. : une profession peut être lucrative mais peu valorisée et vice-versa
approche nominaliste des classes sociales : la classe sociale est un outil pour le sociologue, lui permettant de décrire et de comprendre le réel, mais n’a pas forcément d’existence réelle
C) La théorie de l’espace social (Pierre Bourdieu)
une approche constructiviste qui dépasse l’opposition entre réalisme et nominalisme : il n’y a d’objets perçus que par acte de construction
question que doit se poser le sociologue : comment un groupe parvient-il à exister en tant que classe ?
en effet, une classe ne parvient à l’existence sociale qu’à l’issue d’un travail collectif de construction à la fois théorique et pratique
toutefois, il existe bien entre les agents sociaux des relations objectives qui dépendent du volume mais aussi de la structure des capitaux possédés :
capital économique : revenus et patrimoine
capital culturel : un diplôme universitaire, un intérêt pour l’art, etc.
capital social : réseau de relations
capital symbolique : reconnaissance, légitimité, consécration
ces relations définissent l’espace social
D) La fin des classes sociales ?
la moyennisation (Henri Mendras) : émiettement des classes sociales du fait de l’élévation générale du niveau de vie (baisse des inégalités économiques) et de la diffusion de modes de vie communs
cependant, la structure budgétaire des cadres et des ouvriers reste très différente et ne conforte par l’idée d’une homogénéisation des modes de vie (Louis Chauvel)
processus de fragmentation des classes du fait des transformations économiques et sociales de la société ; dépérissement des identités collectives
paradoxe : les classes populaires sont plus marquées mais moins conscientes de leurs spécificités (Louis Chauvel)
3Les PCS, un outil institutionnel d’objectivation de la réalité sociale
A) L’activité professionnelle comme indicateur de la position sociale
les professions et catégories socio-professionnelles (PCS) sont une classification multidimensionnelle et hiérarchisée, établie par l'INSEE, pour classer les métiers
les différentes professions sont regroupées en différentes catégories :
agriculteurs exploitants
artisans, commerçants, chefs d’entreprise
cadres et professions intellectuelles supérieures
professions intermédiaires
employés
ouvriers
B) Les transformations de la composition socioprofessionnelle
les catégories en déclin numérique :
agriculteurs exploitants
ouvriers (même s’ils restent, en effectifs, la 2e catégorie des PCS)
les catégories dont la croissance est soutenue :
les cadres,du fait de la tertiarisation des emplois et de l’augmentation des qualifications requises sur le marché du travail
les employés sont devenus dans les années 1990 la 1ère catégorie des PCS en effectif
les professions intermédiaires
C) Un outil pertinent pour analyser la structure sociale ?
les statisticiens ont pris en compte, lors de la constitution de cette nomenclature, des représentations sociales des agents
cependant, les PCS comportent aussi des limites :
le statut social ne dépend pas uniquement de la profession exercée
il est difficile d’identifier les classes sociales à partir des PCS
les métiers et les qualifications changent
difficulté à actualiser les transformations de la position sociale
certaines catégories sont très hétérogènes, les employés par exemple
le projet ESeC (European Socio-economic Classification) d’harmonisation de la classification des professions au niveau européen pose la question de l’avenir de la nomenclature française