1La répartition sociale des choix culturels et des pratiques de loisirs
A) Culture et pratiques culturelles
toute pratique est culturelle quand elle fait intervenir la culture des individus : ensemble des connaissances, des savoir-faire, des traditions, des coutumes, propres à un groupe humain
l’expression « pratiques culturelles » désigne : « lecture, fréquentations des équipements culturels (théâtres, musées, salles de cinéma, salles de concerts, etc.), usage des médias audiovisuels, mais aussi les pratiques culturelles amateurs » selon P. Coulangeon
lenumérique bouleverse ces modes de transmission car il facilite et amplifie la production et l’accès aux biens culturels :
les coûts de reproduction de fichiers sont quasi-nuls pour les producteurs de biens culturels
la diffusion de fichiers favorise l’instantanéité et remet en cause les droits d’auteur
B) L’émergence d’une culture de masse
la culture de masse est le résultat de l’industrialisation de la culture (cinéma, série télévisée, musique, parcs de loisirs, etc.) : grand succès à partir des années 60
diffusée par les médias de masse (presse écrite, radio, télévision, internet, etc.)
la culture de masse perturbe la distinction entre culture savante (consommation de savoirs dit « supérieurs ») et culture populaire (consommation de loisirs et spectacles appréciés par le plus grand nombre)
le développement de la culture de masse a été perçu par certains comme un processus soit d’aliénation, soit d’uniformisation
Transition : la culture de masse n’entraîne pas nécessairement une uniformisation culturelle. Tous les individus n’ont pas les mêmes pratiques culturelles. Celles-ci varient en fonction de plusieurs facteurs. De plus, elles agissent comme un signal : effet de signe.
2Des pratiques culturelles différenciées et hiérarchisées
A) Des facteurs sociaux déterminants ?
les pratiques culturelles sont différentes selon les individus et les groupes sociaux auxquels ils appartiennent
l’accès aux loisirs et aux biens culturels dépend du lieu de résidence : les villes ont des équipements et des politiques culturelles différentes
ex. : plus la ville est grande, plus les équipements sont diversifiés
en fonction de leur socialisation familiale et de leur groupe socio-professionnel, les individus peuvent être amenés à adopter des comportements distinctifs
ex. : les cadres sont, en proportion, plus nombreux (70 %) à être allés au moins une fois au cours des 12 derniers mois au musée que les agriculteurs (25 %) ou les artisans, commerçants (32 %)
l’âge et le sexe jouent aussi un rôle dans les pratiques culturelles
ex. : les filles fréquentent plus les bibliothèques que les garçons
tous ces facteurs sociaux peuvent se renforcer et donner lieu à la construction d’uneculture légitime
B) Les nouveaux codes de la distinction
la légitimité de certaines pratiques culturelles est au centre d’une lutte pour la distinction sociale :
dans une logique de rapport de domination, on opposera la culture dominante (modèles culturels valorisés par la classe bourgeoise) à la culture dominée (modèles culturels valorisés par la classe ouvrière)
dans une logique de la légitimité culturelle (Cf. P. Bourdieu), l’arbitraire culturel construira une opposition entre la culture légitime et la culture illégitime
ce processus de légitimation de la culture bourgeoise décrit les stratégies de distinction
de nouveaux codes de la « distinction en petit » apparaissent :
ce n’est plus le rapport de domination à autrui qui est valorisé mais le rapport de domination à soi
on assiste à une montée de la variabilité des goûts des membres des classes supérieures (omnivorousness) ; c’est au contraire parmi les membres de la classe populaire que se manifestent les pratiques culturelles les plus exclusives (univorousness)
les frontières reposent plus sur les comportements que sur les contenus culturels, ex. : on peut écouter du rap et de l’opéra
Bilan : la culture de masse participe à la massification de la culture mais pas nécessairement à sa démocratisation. La consommation de biens et services culturels reste un marqueur social dominant de nos sociétés.