A) Un processus d’incorporation des normes et des valeurs
la socialisation : processus d’intériorisation des normes et des valeurs d’un groupe ou d’une société qui permet à chacun de s’y intégrer
lesnormes (ex. : se saluer, remercier, être à l’heure, etc.) sont des règles de comportements découlant desvaleurs (ex. : politesse, honnêteté, respect d’autrui, etc.) en vigueur dans le ou les groupes auxquels appartient l’individu
2 mécanismes d’incorporation :
l’imprégnation (transmission implicite) essentiellement par imitation et interaction
l’inculcation (transmission explicite)
ex. : « mets ta main devant ta bouche quand tu bailles »
le respect ou non de ces normes entraîne dessanctions positives ou négatives (acquiescement/réprobation), formelles ou informelles, de la part des individus ou des groupes auxquels l’individu appartient
plusieursinstances (des organisations sociales) participent à la transmission des normes et des valeurs :
la famille et l’école
le groupe de pairs, c’est-à-dire les personnes qui occupent la même position que l’individu
ex. : amis, association, club, etc.
le travail
dans une certaine mesure, les médias
B) Le rôle de la famille
la famille est une institution, elle exerce une contrainte sociale sur les individus
elle définit ce qui est socialement valorisé (ex. : le rôle de chacun), légitime, accepté (ex. : dans les années 60, il était préférable de se marier avant de vivre ensemble et d’avoir des enfants), dans un domaine de la vie sociale
elle est une organisation avec desrôles pour chacun des membres
ex. : être père, être fille, être neveu
à travers le temps :
les formes de la famille ont changé : divorce, remariage (modes de l’alliance) ; famille monoparentale, famille recomposée (filiation)
les relations entre les membres d’une famille ont évolué
ex. : ce n’est qu’au XVIIe siècle que naît le sentiment de l’enfance ; déclaration des droits de l’enfant en 1953 ; Conseil de l’Europe qui depuis 2008, recommande d’interdire les châtiments corporels contre les enfants
la famille participe à lareproduction sociale (phénomène d’immobilisme social intergénérationnel qui se traduit par le maintien des inégalités et des rapports sociaux) par la transmission d’un :
capital économique (ensemble des revenus que possède un individu)
ex. : héritage
capital social (ensemble des relations personnelles qu’un individu peut mobiliser)
ex. : dans le cas d’une recherche de stage ou d’un emploi
capital culturel (ensemble des ressources culturelles : incorporée - le langage, objectivée - la possession d’objets culturels, institutionnalisée - la possession d’un diplôme scolaire)
l’homogamie est le résultat de cette forte emprise de la famille sur la trajectoire individuelle
C) Le rôle de l’école
l’éducation par la scolarisation dès le XVIIe siècle, avec plus tard, l’école obligatoire instituée par les lois Ferry (1882) font de cette institution un relais de l’État (construction d’une histoire nationale)
elle participe aussi à la construction de la vie en société pour les jeunes individus
ex. : jouer-étudier ensemble, actes citoyens
l’école assure la certification selon des critères qui lui sont propres : égalité des chances
elle contribue à l’acquisition d’une des formes du capital culturel (institutionnalisée) qui peut renforcer les autres formes (incorporée et objectivée) transmises par la famille
Transition : les instances de socialisation sont nombreuses. Leurs importance varient au cours de la vie d’un individu. Elles peuvent être complémentaires comme parfois s’opposer. De plus, elles ne sont pas homogènes. Si l’école prend de plus en plus d’importance, la famille reste dominante dans la transmission des normes.
2Le processus de socialisation est différencié
A) Selon l’âge
on distingue la socialisation primaire et la socialisation secondaire :
la socialisation primaire : a lieu durantl’enfance, s’effectue dans le cadre de la famille et l’école pour l’essentiel
la socialisation secondaire : prolongement temporel de la première socialisation, l’individu est plus autonome
on distingue les effets d’âge des effets de génération
ex. : si les jeunes maîtrisent actuellement mieux les outils informatiques (effet d’âge), au fil du temps on constate qu’ils auront une meilleure maîtrise (effet d’âge et effet de génération superposés)
la multiplication des instances de socialisation avec l’âge fait que l’individu peut appartenir à plusieurs groupes sociaux
ex. : appartenir à un groupe d’amis, à sa famille, à un club sportif, etc.
B) Selon le genre
les différences « naturelles », telle que la construction sociale du sexe, sont « colorées » par les groupes sociaux auxquels appartient l’individu : les activités des garçons et des filles sont valorisées différemment par les instances de socialisation
ex. : les cadeaux, les habits diffèrent
par la suite, les individus auront des comportements différents : partage différencié des tâches domestiques, attentes différentes selon le genre
ex. : « être un homme »
C) Selon le milieu social
les normes et valeurs sont différentes selon le milieu social d’appartenance
ex. : rallye dansant ou rallye mondain
la réussite scolaire et les choix d’orientation diffèrent selon l’origine sociale des élèves : les attentes des parents sont construites en partie en fonction de leur place dans l’espace social
Bilan : devenir un individu et trouver sa place dans l’espace social est guidé par les instances de socialisation. Chaque individu est au cours d’un processus continu de construction. L’importance accordée à la socialisation est au cœur du débat sur la liberté individuelle.