1Les marchés et les acteurs de la globalisation financière
A) Les différents marchés financiers
les marchés financiers constituent un mode de financement externe direct, contrairement au système bancaire qui constitue un mode de financement externe indirect
les marchés financiers permettent aux agents à besoin de financement (ex. : entreprises, États) d’entrer directement en contact avec les agents à capacité de financement (ex. : fonds d’investissement)
4 types de grands compartiments sur les marchés financiers :
marché financier au sens strict (marché des capitaux à long terme) qui comprend :
marché des actions : achat et vente d'actions (= titres de propriété des entreprises) qui se décompose en :
marché primaire sur lequel les actions sont émises par les entreprises
marché secondaire sur lequel des actions anciennement émises peuvent être échangées
marché des obligations : achat et vente d'obligations (= titres de créance dont l’échéance est à long terme) qui se décompose en :
marché primaire sur lequel les obligations sont émises par les États et les entreprises
marché secondaire sur lequel des obligations anciennement émises peuvent être échangées
marché monétaire (marché des capitaux à court et moyen terme) qui comprend :
marché interbancaire : les banques disposant de réserves en monnaie centrale les prêtent à celles qui en manquent
marché des titres de créance négociables : achat et vente de titres de créance émis par l’État, les banques et les grandes entreprises
marché des changes (Foreign exchange market ou Forex) : achat et vente de devises (= monnaies étrangères)
marché des produits dérivés qui comprend :
marché à terme : lieu d'échange de contrats à terme (futures) qui sont des engagements d’acheter ou de vendre à une date fixée un produit à un prix fixé aujourd’hui (ex. : matière première, action, devise)
permet de se prémunir contre des variations de prix
ex. : un fabricant de moteur électrique souhaitant se couvrir contre la hausse éventuelle du prix du cuivre peut acheter, à terme, la quantité de cuivre dont il a besoin à un prix fixé dès maintenant, pour assurer sa production sur un horizon d’un an
marché des options : lieu d' échange d’options, c’est-à-dire de contrats donnant le droit (mais non l’obligation) d’acheter ou de vendre à une date fixée ultérieurement un produit à un prix fixé aujourd’hui
marché des swaps : lieu d'échange de contrats permettant d'échanger des flux financiers
ex. : un swap de taux d’intérêt est un contrat par lequel un agent économique s’engage à échanger auprès d’un autre agent économique les intérêts d’un emprunt à taux fixe contre les intérêts d’un emprunt à taux variable
les swaps les plus connus sont les CDS (credit default swap) qui sont en fait des contrats d’assurance : les vendeurs de CDS s’engagent contre le paiement d’une prime versée à échéance régulière à dédommager les acheteur de CDS de la valeur du capital et des intérêts non perçus sur le titre de créance qui est adossé au CDS, si l’émetteur de ce titre n’est plus en mesure d’honorer ses engagements
B) Les acteurs des marchés financiers
de nombreux acteurs réalisent des transactions sur les marchés de capitaux
du côté des demandeurs de capitaux : des agents à besoin de financement (entreprises, banques et États)
les entreprises peuvent se financer sur les marchés de capitaux en émettant principalement des actions et des obligations
les États peuvent se financer sur les marchés financiers en émettant des bons du Trésor (= titres de créance émis par l’État)
du côté des offreurs de capitaux : des agents à capacité de financement, quelques ménages, des entreprises souhaitant effectuer des placements et en premier lieu des fonds d’investissement qui comprennent notamment :
les investisseurs institutionnels (les « zinzins »), organismes qui collectent et gèrent l’épargne collective de différents agents (ex. : fonds de pension, OPCVM, sociétés d'assurance)
les fonds souverains,détenus par certains États cherchant à placer leurs réserves financières (ex. : ADIA, Abu Dhabi Investment Authority)
les fonds spéculatifs (hedge funds), réputés pour prendre plus de risques que les OPCVM en s’endettant fortement pour pouvoir acheter des titres financiers (utilisation des techniques d'effet de levier) (ex. : fonds spéculatif Quantum de Georges Soros)
des sociétés privées sont chargées d’organiser le fonctionnement du marché (ex. : Euronext pour la Bourse de Paris)
des autorités de contrôle (ex. : AMF) et des agences de notation (ex. : Standard and Poor’s) interviennent aussi sur les marchés financiers
2L’interdépendance des marchés et la forte sensibilité à l’information caractérisent la globalisation financière
A) Des marchés interdépendants
l’interdépendance des marchés financiers est une des caractéristiques de la globalisation financière
exempled’une interdépendance entre le marché des titres de créance et le marché des changes :
si les taux d’intérêt baissent aux États-Unis, suite à une intervention de la Fed (la Banque centrale américaine) sur le marché monétaire, les fonds d’investissement américains chercheront à placer leurs capitaux sur d’autres places financières offrant des taux d’intérêt plus élevés
pour effectuer cette opération, ils vendront les titres financiers en dollars dont ils disposent et demanderont la conversion de leurs dollars en euros sur le marché des changes : ainsi l’accroissement de la demande d’euros et l’accroissement de l’offre de dollars fera baisser le dollar par rapport à l’euro.
B) Des marchés très sensibles à l’information
la valeur des titres financiers dépend des revenus futurs que l’on espère en obtenir, mais ces revenus futurs sont très imparfaitement estimés (ex. : nul ne connaît le montant exact des dividendes qui seront versés dans une ou plusieurs années à un actionnaire)
la qualité de l’information joue donc un rôle clé dans le fonctionnement des marchés de capitaux pour essayer d’anticiper les revenus futurs des titres financiers, et parvenir à estimer au mieux leur valeur « fondamentale »
le rôle joué par l'information dans le système financier offre, théoriquement, au système bancaire un avantage par rapport aux marchés financiers car, en entretnant des relations longues avec leur clientèle, les banques sont en position d’obtenir de celle-ci une information approfondie sur leur solvabilité
pour tenter de réduire les asymétries d’information entre agents à besoin de financement et agents à capacité de financement, des agences de notation (productrices d’information) interviennent sur les marchés financiers :
les 3 grandes agences de notation internationales (Standard & Poor's, Moody's et Fitch Ratings) attribuent des notes aux États, aux entreprises ou aux produits dérivés émis par certaines banques d’investissement
elles ont été très critiquées suite à la crise financière de 2008 : les notes attribuées à un certain nombre de titres financiers, émis par des banques d’investissement, étaient surévaluées (conflit d’intérêts lié au fait que les agences étaient payées par les émetteurs de titres financiers qu’elles étaient chargées de noter) ; de nombreuses banques et fonds d’investissement se sont portés acquéreurs de ces titres et ont par la suite subi d’importantes pertes
le contrôle de la qualité de l’information est donc nécessaire sur les marchés financiers : en France, cette mission est assurée par l’Autorité des marchés financiers (AMF) qui sanctionne en cas de diffusion d’informations inexactes pour influencer les cours boursiers
3Le développement récent de la globalisation financière
A) Les raisons de la globalisation financière
processus qui s’est fortement développé durant les années 80
l’essor de la globalisation financière peut s’expliquer par :
le développement des échanges commerciaux : peut entraîner un accroissement des déficits commerciaux rendant nécessaire l’appel à une épargne extérieure de façon à obtenir les devises nécessaires aux règlements de ces déficits
les évolutions démographiques divergentes entre différentes zones économiques entraînent des comportements d’épargne différents, entraînant des besoins et des capacités de financement plus facile à mettre en contact au niveau mondial si l’épargne peut librement circuler entre les pays
le développement des marchés dérivés qui s’accélère après l’effondrement du système de taux de change fixe mis en place par les accords de Bretton Woods (1944-1971) : la plus forte volatilité des taux de change et des taux d’intérêt à partir des années 70 a eu pour effet le développement de ces marchés sur lesquels les agents économiques peuvent se protéger (ex. : contre les variations des cours des devises)
B) La mise en oeuvre de la globalisation financière : les « 3D »
triple mouvement de déréglementation, décloisonnement, désintermédiation qui s’est produit dans de nombreux pays occidentaux durant les années 80
décloisonnement : processus aboutissant à supprimer les spécialisations bancaires et les barrières entre les compartiments des marchés de capitaux (ex. : éclatement des compartiments banques de dépôt et d’investissement)
déréglementation : processus aboutissant à assouplir les règles encadrant les transactions financières (ex. : suppression du contrôle des changes ; suppression de l'encadrement du crédit)
désintermédiation : processus aboutissant à diminuer la part des crédits bancaires dans le financement des agents économiques qui couvrent ainsi de plus en plus leur besoin de financement en s’adressant directement aux marchés financiers (ex. : émission d’actions ou d’obligations ; accès au financement pour les entreprises sur les marchés des capitaux à court et à long terme)
mouvement qui doit être nuancé : l’intermédiation traditionnelle (les banques octroient des crédits dont le volume est fonction de la collecte des dépôts effectués = intermédiation de bilan) a fortement diminué et une nouvelle intermédiation effectuée par les banques s’est développée : l’intermédiation de marché
l’intermédiation de marché consiste pour les banques à acheter directement des titres financiers sur les marchés financiers, notamment grâce à des ressources financières obtenues en émettant des obligations ou des actions sur ces mêmes marchés financiers
les « 3D » sont le résultat d’une action délibérée des pouvoirs publics
ex. : loi bancaire de 1984 qui dérégule et décloisonne le système bancaire français
la globalisation financière, permise par les « 3D », a bénéficié essentiellement aux États et grandes entreprises qui peuvent accéder, plus facilement, à un volume d’épargne plus important :
ex. : pour les États, de vendre des bons du Trésor à des épargnants nationaux et à des épargnants étrangers
ex. : pour les grandes entreprises, de vendre des obligations à des épargnants nationaux et étrangers ainsi que d’accéder au financement à court terme sur les marchés de capitaux
pour les ménages cherchant à emprunter des fonds, la globalisation financière n’a pas entraîné d’avantage particulier : les ménages ne peuvent pas se financer sur les marchés de capitaux et leur financement continue à s’effectuer par l’intermédiaire du système bancaire