1Quelles sont les grandes évolutions démographiques séculaires ?
A) Une très forte croissance de la population mondiale depuis deux siècles
avant le XVIIIe siècle : la population mondiale stagnait ou augmentait à un rythme extrêmement lent (cf schéma)
des années 1800 à aujourd’hui : la population mondiale connaît un rythme d’accroissement exponentiel (cf schéma) ; en l'espace d'une vie (1930-2011), la population mondiale a augmenté plus de 2 fois plus que durant les 10 000 générations précédentes
croissance démographique d’un pays = solde naturel + solde migratoire
à l’échelle mondiale, la croissance démographique ne dépend que du solde naturel puisque les soldes migratoires positifs de certains pays sont compensés par les soldes migratoires négatifs d’autres pays
une forte croissance de la population mondiale peut favoriser des mouvements migratoires entre certaines régions du monde (ex. : de l’Afrique vers l’Europe)
l’accroissement naturel est élevé durant la transition démographique : le taux de mortalité baisse alors que le taux de natalité demeure élevé (cf schéma)
la baisse du taux de mortalité s’explique par :
les progrès de l’agriculture (élimine disettes et famines)
les progrès de la médecine (ex. : les vaccins) et de l’hygiène (élimine les épidémies)
la baisse du taux de natalité s’explique par des facteurs spécifiques au développement :
baisse de la mortalitéinfantile (incite à faire moins d’enfants)
développement du système éducatif (les enfants ne sont plus une source de revenus mais une source de dépenses)
développement des systèmes de retraite (réduit la nécessité des entraides des enfants envers les parents âgés)
la transition démographique, en passe d’être terminée dans les pays émergents, devrait s’achever dans les pays en développement aux alentours du milieu du XXIe siècle (population mondiale estimée à 9 milliards d’habitants)
B) Des évolutions contrastées en Europe
transition démographique en Europe : début du XIXe siècle (Angleterre) - milieu du XXe siècle
au XIXe siècle :
forte croissance démographique souvent accompagnée de mouvements migratoires importants (ex. : le Royaume-Uni a installé une population anglaise importante dans ses colonies)
exception française : transition démographique sur une courte période, notamment en raison de l’instauration de l’héritage à parts égales qui incite les ménages à réduire le nombre d’enfants pour ne pas morceler les héritages et éviter l’éparpillement des terres
au XXe siècle
après la Seconde Guerre mondiale : fin de la transition démographique
à partir des années 90 : la croissance démographique européenne devient négative malgré un solde migratoire positif
conséquence : vieillissement de la population, mesurable avec le recul de l'âge médian (= âge en dessous duquel et au-dessus duquel se trouve la moitié de la population)
ex. : en France, recul de l’âge médian : de 37,4 ans en 2004 à 40,0 ans en 2015
exception française au XXe siècle :
le Baby-boom (1945-1975) a été plus fort que dans le reste de l’Europe
la dénatalité est moins marquée que dans le reste de l’Europe : l’indicateur conjoncturel de fécondité (= nombre moyen d'enfants par femme en âge de procréer) en 2014 est de 2,01, proche du seuil de remplacement des générations (2,1 enfants par femme)
la pyramide des âges française a davantage une forme de cylindre que de toupie (forme qui apparait quand letaux de natalité baisse fortement, ex. : l'Espagne)
la croissance démographique française actuelle s’explique prioritairement par le solde naturel : croissance démographique française 2014 (290 000 habitants) = solde naturel (257 000) + solde migratoire (33 000)
conséquence : la population française pourrait dépasser la population allemande aux alentours de 2050 (la France deviendrait le pays le plus peuplé de l’Union européenne)
2Quel est l’impact des évolutions démographiques sur l’épargne et sur la croissance économique ?
A) Démographie et épargne
selon l’hypothèse du cycle de vie de Franco Modigliani, les individus adoptent un comportement d’épargne leur permettant de maintenir un niveau de consommation relativement constant tout au long de leur existence (cf schéma)
durant la jeunesse, les individus s’endettent (épargne négative car consommation supérieure au revenu)
durant la période d’activité, les individus se désendettent puis constituent un patrimoine (épargne positive car revenu supérieur à la consommation)
durant la retraite, les individus puisent dans leur patrimoine (épargne négative car consommation supérieure au revenu)
si la population est constituée de générations se succédant et ayant des tailles et des comportements d’épargne et de désépargne identiques, les flux d’épargne et de désépargne se compensent et aboutissent ainsi à un taux d’épargne global nul
un taux d’épargne global positif pourra apparaître si la croissance démographique est forte, dans ce cas, le poids relatif des actifs (qui épargnent) par rapport aux retraités (qui désépargnent) augmentera
la théorie du cycle de vie aboutit aux conclusions suivantes :
une croissance démographique, par la plus forte proportion d’actifs qui en résulte, entraîne une hausse de l’épargne dans le pays alors qu’une contraction démographique, par la plus forte proportion de retraités qui en résulte, entraîne une baisse de l’épargne dans le pays
un vieillissement modéré de la population (= hausse de la proportion des actifs de 40 à 59 ans) entraîne une hausse du taux d’épargne
un vieillissement accentué de la population (= hausse de la proportion des retraités dans la population) entraîne une baisse du taux d’épargne
la portée prédictive de la théorie du cycle de vie peut être renforcée par certaines évolutions :
l’augmentation de l’espérance de vie qui incite les actifs à épargner davantage en prévision d’une période de retraite plus longue
la crainte d’une fragilisation des systèmes de retraite qui incite également les actifs à accroître le montant de leur patrimoine
certains phénomènes remettent en cause cette théorie :
les retraités peuvent continuer à épargner de façon à léguer un patrimoine à leur descendance : altruisme générationnel
l’arrivée à la retraite de générations ayant une plus forte aversion au risque peut entraîner une hausse de l’épargne de précaution
B) Démographie et croissance
soit PIB = Produit intérieur brut du pays ; C = Consommation finale des ménages et des administrations publiques ; R = Revenu ; E = Épargne ; I = Investissement
en raisonnant en économie fermée, (en négligeant les exportations et les importations) l’équilibre emplois - ressources peut s’écrire sous la forme PIB = C+I (1)
la production d’un pays (ses ressources) peut être employée à réaliser :
soit des biens de consommation finale (consommés essentiellement par les ménages) (C)
soit des biens de production (acquis par les entreprises lorsqu’elles investissent) (I)
comme d’une part, la production se traduit par une distribution de revenus pour un montant identique, on a l’égalité PIB = R (2)
comme d’autre part, le revenu est soit consommé soit épargné, on a l’égalité R = C+E (3)
on déduit des équations (1), (2) et (3) que C+E = C+I → E = I → hausse de E = hausse de I
pour les économistes de la synthèse néoclassique, la hausse de l’épargne entraîne la hausse de l’investissement qui permet donc la hausse de la production, c’est-à-dire la croissance économique
le point de vue selon lequel la hausse de l’épargne entraîne la hausse de l’investissement ne fait pas l’unanimité chez les économistes
si personne ne remet en cause l’égalité comptable E = I, les économistes keynésiens et post keynésiens pensent que ce n’est pas la hausse de l’épargne qui entraîne la hausse de l’investissement mais au contraire que c’est la hausse de l’investissement (par le biais de la hausse de la production et des revenus qu’elle engendre) qui entraîne la hausse de l’épargne
dans cette optique, stimuler la consommation (et donc baisser l’épargne) permet de relever l’incitation à investir,ce qui peut être un meilleur moyen de stimuler la croissance