le vote est la forme de participation politique la plus conventionnelle ; il donne à la démocratie sa légitimité première
fonctions du vote :
désigner des représentants
exprimer des préférences partisanes
sanctionner une politique
rituel électoral : encadre le vote par des normes et des règles précises :
calendrier régulier fixé par la loi
dispositif électoral (ex. : pratique de l’isoloir, modalités de choix et de dépôt des bulletins dans une urne protégée, secret du vote)
bureau de vote (ex. : mairie, école) composé de manière pluraliste pour la tenue et le dépouillement du scrutin
fonctions socialisatrices de l’acte électoral :
manifeste un intérêt pour la chose publique
signe d’intégration et d'appartenance à une communauté politique
voter, un acte symbolique :
accomplir son devoir civique
exprimer ses valeurs
rechercher l’intérêt collectif plutôt que son intérêt personnel
dans certains pays (la France n'est pas concernée) le fait de ne pas voter peut être sanctionné par une amende ou même par l’exclusion des listes électorales. Ex. : Belgique
B) La protestation, une forme de participation politique
progression des formes d’action protestataire qualifiées de non conventionnelles, par rapport à l’acte électoral et à la mobilisation partisane
forme de participation politique qui permet aux citoyens de :
reprendre la parole déléguée à leurs représentants lors des élections
exprimer publiquement leur mécontentement
défendre des droits
chercher à pesersur les décisions des pouvoirs publics
mobilisations collectives :
revendicatives (contestation des choix politiques)
directes (confrontation entre les citoyens et les autorités)
autonomes (par rapport aux forces politiques institutionnelles)
expressives (pétitions et manifestations)
mobilisations protestataires qui peuvent viser l’ordre social tout entier et exprimer une volonté de rupture avec le régime politique ou les normes culturelles
C) Les analyses de la protestation
protestation classique
volonté d’atteindre un objectif particulier : rejet d’une réforme, défense de droits mis en cause par un projet de loi ou d’aménagement
manifestations typiques de certaines catégories socio-professionnelles (agriculteurs, fonctionnaires, etc.) ou de collectifs de citoyens alertés par un projet public (construction d’un barrage) ou privé (ferme géante)
mécontentement qui peut résulter d’une frustration relative
écart entre les attentes jugées légitimes et les perceptions négatives de la réalité vécue par les citoyens
les organisations politiques et syndicales favorisent l’émergence de ces représentations
protestation qui peut aussi revêtir un caractère culturel ou identitaire
mouvements qui mettent en cause les orientations culturelles de la société (nouveaux mouvements sociaux) :
défense de l’égalité des sexes
activisme écologiste
affirmation des droits des minorités
Transition : les modes de protestation politique évoluent au gré des transformations économiques, sociales et culturelles.
2Les répertoires de l’action politique
A) Les modèles de protestation
Charles Tilly a mis en évidence 3 types de répertoires de l’action collective :
le modèle communal - patronné(1650-1850)
éloigné du pouvoir central
protestation au niveau local (commune)
proximité des cibles de la contestation (paroisse)
appui sur les ressources locales (appui des notables, fêtes villageoises)
le modèle national-autonome (1850-1980)
groupements organisés au plan national (syndicats, partis, associations)
visent explicitement les représentations du pouvoir
thèmes à valeur nationale (grandes grèves, manifestations parisiennes)
le modèle local-national/national-international(depuis 1980)
mouvements altermondialistes contre la mondialisation libérale
sommets mondiaux : Davos, G8, OMC
actions à portée universelle (du local au global, transnational et solidariste)
expertise de militants (associations, ONG, médias alternatifs)
refus de la tutelle des institutions politiques (désobéissance civile)
B) La nature de la protestation
différentes formes au plan institutionnel :
conventionnelle :
vote protestataire
vote blanc ou vote nul
abstention
alternative :
appel à la signature de pétitions
mouvement de grève
désobéissance civile
recours à la violence
manifestation :
acte symbolique de l’action protestataire
considérée comme conventionnelle ou non (légale ou illégale ; portée ou non par des organisations institutionnalisées ; en cortège ou en sit-in ; pacifique ou violente)
différentes formes au plan organisationnel :
centralisée :
pyramidale
s’appuyant sur de organisations nationales, partis, syndicats ou groupes d’intérêts
décentralisée :
en réseau (réticulaire)
s’appuyant sur des associations, des regroupements de citoyens ou d’activistes
C) Les répertoires de l’action politique et la démocratie
pacification des mœurs politiques (Norbert Elias)
émergence de l’État parlementaire
avènement de l’État de droit et développement de la compétition politique
participation des citoyens à la vie politique
professionnalisation de la vie politique (Max Weber)
éloignement du citoyen vis-à-vis de ses représentants
réticence à l’action politique conventionnelle
implication dans une participation politiquede proximité :
adhésion à des associations
pratique de la démocratie participative
recours à l’action protestataire
transformation de l’engagement citoyen
développement de l’individualisme :
élévation du niveau culturel
transformations des conditions de vie
multiplication des rôles sociaux
autonomie de l’individu par rapport aux institutions sociales et politiques :
prise de distance avec l’action politique conventionnelle
implication irrégulière et contingente dans l’action politique
Bilan : les répertoires de l’action politique accompagnent les mutations des systèmes démocratiques.