1La difficile affirmation républicaine dans les années 1880 et 1890
A) Installer la République
institutions de la IIIe République définies par les lois constitutionnelles républicaines de 1875, réformées en 1884 → régime parlementaire : Chambre des Députés, élue au suffrage universel masculin, contrôle le gouvernement et vote les lois
grandes libertés établies par la loi
liberté de la presse et de sa diffusion et liberté de réunion (1881)
liberté syndicale (1884)
liberté d’organiser des associations et des partis politiques (1901)
laïcité contre l’influence de l’Église catholique
dans l’enseignement : lois Ferry de 1881-1882
rétablissement du divorce (1884)
séparation des Églises et de l’État (1905)
modèle républicain imparfait : lois sociales timides et tardives (début XXe siècle), grèves durement réprimées, femmes exclues du droit de vote
B) Diffuser la culture républicaine
par des symboles et des fêtes
Marseillaise, devient hymne national en 1879
14 juillet : fête nationale à partir de 1880, avec remise aux troupes du drapeau tricolore frappé du sigle RF pour « République française »
construction de mairies avec installation du buste de Marianne (allégorie de la République) et devise républicaine (Liberté, égalité, fraternité) à partir de 1880
statues républicaines. Ex. : place de la Nation, 1899
par l’école gratuite, laïque et obligatoire (jusqu’à 12 ans) depuis les lois Ferry de 1881-1882
laïcité des enseignants, formés dans des écoles normales départementales d’instituteurs : « hussards noirs de la République »
les programmes transmettent les mythes fondateurs (« roman national » en Histoire-Géographie) et les valeurs (cours d’instruction morale et civique) de la République
1 million d’élèves scolarisés entre 1880-1900, dans des mairies-écoles
par le patriotisme
souvenir des provinces perdues d’Alsace-Lorraine à reprendre
puissance nationale par la conquête coloniale au nom du « devoir de civilisation »
service militaire obligatoire
C) Défendre la République contre ses ennemis
contre l’antiparlementarisme et les partisans (monarchistes, bonapartistes, nationalistes) d’un régime autoritaire (affaire Boulanger en 1889-1891)
contre les anarchistes qui veulent renverser par des attentats la « République bourgeoise » (1892-1894)
affaire Dreyfus (officier de confession juive condamné, bien qu’innocent, pour espionnage au profit de l’Allemagne, 1898-1906) opposant :
les antidreyfusards : nationalistes, antiparlementaristes, antisémites, cléricaux
les dreyfusards : intellectuels, républicains, socialistes comme Jaurès, défenseurs des libertés et des droits de l’Homme → réhabilitation de Dreyfus en 1906
2Les combats de la Résistance (contre l’occupant nazi et le régime de Vichy) et la refondation républicaine
A) Le régime de Vichy : une dictature anti-républicaine
régime issu de l’invasion allemande (mai-juin 1940) et de la défaite (armistice du 22 juin)
nouvelle Constitution de l’État français :
le maréchal Pétain, chef de l’État et du gouvernement, cumule les pouvoirs exécutif et législatif
les assemblées sont suspendues : fin de la IIIe République
Révolution nationale : revanche de l’extrême-droite nationaliste et cléricale contre la IIIe République et les acquis de la Révolution :
nouvelle devise (« Travail, Famille, Patrie »)
nouvel hymne (Maréchal, nous voilà)
disparition des libertés fondamentales (expression, presse, association)
interdiction du droit de grève et du droit syndical
restauration des valeurs traditionnelles (école, famille)
répression d’État (Milice)
régime antisémite (statut des Juifs français les excluant de la société, octobre 1940) et xénophobe
collaboration d’État avec les nazis (Montoire, 24 octobre 1940)
participation au génocide (rafle du Vel d’Hiv’, 16 juillet 1942)
B) La Résistance contre l’occupant nazi et Vichy
Résistance intérieure individuelle et spontanée dès l’été 1940, dans tous les milieux sociaux et toutes les opinions politiques (PCF à partir de juin 1941 et l’invasion de l’URSS par Hitler)
s’organise rapidement en mouvements et réseaux dont l’action est clandestine : tracts et journaux clandestins, renseignement et sabotages, filières d’évasion, maquis (crainte du STO) à partir de 1943
la Résistance intérieure reste minoritaire (2 à 3 % des Français)
Résistance extérieure = France libre
née de l’appel à la résistance du général de Gaulle (Londres, BBC, 18 juin 1940)
armée (Forces françaises libres, FFL) à partir des colonies françaises (Afrique noire puis Afrique du Nord et Antilles) : combats aux côtés des Alliés contre les nazis
unification des deux Résistances par l’envoyé de de Gaulle, Jean Moulin, en mai 1943 :
création du Conseil national de la Résistance (CNR) et création des Forces françaises de l’intérieur (FFI)
en juin 1943, de Gaulle fonde le Conseil français de libération nationale qui devient le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF, juin 1944)
FFL et FFI participent à la libération de la France et à la guerre
C) Refonder la République
nouvelle Constitution (1946)
préambule reprend le programme du CNR (1944) élaboré en vue de la Libération
démocratie politique, économique et sociale : droit au travail et au repos, droit syndical, sécurité de l’emploi, droit à l’instruction
solidarité et État-providence : Sécurité sociale
nationalisations et planification
régime parlementaire avec pouvoir législatif dominant : Assemblée nationale investit le président du Conseil et peut renverser le gouvernement
politique de réconciliation nationale et de rassemblement (mise en place d’une mémoire officielle glorifiant la France résistante : mythe résistancialiste) menée par de Gaulle qui se retire en 1946 (partisan d’un exécutif fort)
3Une nouvelle République (1958-1962)
A) La fin de la IVe République
13 mai 1958 : début de l’insurrection à Alger des partisans de l’Algérie française et d’une partie de l’armée qui réclament le retour au pouvoir du général de Gaulle
De Gaulle chargé fin mai par le président René Coty de former un gouvernement, avec les pleins pouvoirs pour rétablir l’ordre et préparer une nouvelle Constitution
B) Une nouvelle République
nouvelle Constitution, compromis entre la volonté de de Gaulle d’un exécutif fort (discours de Bayeux, 1946) et celle de ministres attachés au régime parlementaire ; adoptée par référendum (80 % de oui)
nov. 1958, élections législatives : majorité parlementaire confortable, appuyée sur un parti (Union pour la nouvelle République) s’identifiant à de Gaulle, qui devient le 1er président de la Ve République en décembre 1958
C) Un régime semi-présidentiel
Président « clé de voute » des institutions
élu pour 7 ans par un collège de 80 000 notables, garant de la Constitution, de l’indépendance nationale et de l’intégrité du territoire
doté de larges pouvoirs : recours au référendum, droit de dissolution de l’Assemblée nationale, peut prendre les pleins pouvoirs en cas de crise
promulgue les lois, nomme le Premier ministre et les ministres
le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation, peut gouverner par ordonnance et faire voter une loi sans débat (article 49-3), est responsable devant le Parlement
Parlement bicaméral
Assemblée nationale (députés élus au suffrage universel direct pour 5 ans) et Sénat (élus pour 9 ans au suffrage universel indirect) votent les lois et le budget
Assemblée nationale peut renverser le gouvernement (motion de censure ou refus de la confiance)
Conseil constitutionnel veille à la régularité des élections et à la constitutionnalité des lois
1962 : 2e naissance de la Ve République
de Gaulle échappe à un attentat de l’OAS (partisans de l’Algérie française) : pour renforcer la position du chef de l’État, il propose l’élection du Président de la République au suffrage universel direct (légitimité populaire)
réforme approuvée en oct. 1962 par référendum (62 % de oui) malgré l’opposition d’une grande partie de la classe politique qui y voit un risque de dérive autoritaire
cela favorise une pratique présidentielle des institutions