1Un contexte particulier qui entraîne la radicalisation du mouvement nationaliste et la montée des violences
A) Une colonie de peuplement composée de départements français
conquête de l’Algérie en 1830 ; partie intégrante du territoire français (3 départements français depuis 1848)
une société profondément inégalitaire opposant des citoyens et des sujets
colonie de peuplement : environ un million de pieds-noirs descendant des colons installés au XIXe siècle ; citoyens français quicontrôlent les meilleures terres agricoles, l’économie, l’administration
150 000 Juifscitoyens français depuis 1870
9 millions d’autochtones majoritairement musulmans, avec une forte croissance démographique ; des sujets français qui ont peu de libertés et peu de droits politiques (code de l’indigénat)
mouvements de résistance au XIXe siècle puis naissance du nationalisme algérien en particulier dans l’entre-deux-guerres
B) La radicalisation du mouvement indépendantiste algérien
radicalisation progressive du mouvement indépendantiste algérien
8 mai 1945 : répression sanglante des violentes émeutes nationalistes de Sétif et Guelma
échec des réformes (statut de 1947) : des Algériens citoyens mais toujours un malaise social et des inégalités politiques
défaite française en Indochine et contexte international favorable à la décolonisation
1er novembre 1954, début de l’insurrection armée (« Toussaint rouge ») : attentats de l’Armée de libération nationale (ALN, branche armée du FLN)
le FLN prend l’avantage sur les autres mouvements indépendantistes et mène la guerre de libération de l’Algérie
août 1955 : soulèvements de paysans, massacres d’Européens et de partisans de l’Algérie française dans le Constantinois ; violente répression avec l'appui de plus en plus d’effectifs de l’armée française
C) Une politique de plus en plus répressive du gouvernement français
1956 : échec de la tentative de négociation du président Guy Mollet car hostilité des pieds-noirs (beaucoup de salariés et fonctionnaires, pas seulement de riches colons)
perte de l’Algérieinconcevable pour le gouvernement, politique de fermeté : envoi de renforts militaires et du contingent pour mettre fin aux « évènements »
effectifs de l’armée française passent de 54 000 à 400 000 avec appelés du contingent
2La politique de « maintien de l’ordre » des autorités françaises devient une guerre de décolonisation
A) Les cruautés se multiplient dans les deux camps
ALN : guérilla dans les campagnes contre l’armée, attentats contre les pieds-noirs et contre les musulmans partisans de l’Algérie française
armée française : opérations militaires, déplacements de villages pour couper le FLN de ses soutiens locaux
1957, « bataille d’Alger » : le général Massu et ses parachutistes « pacifient » la ville dans la violence ; multiplication des arrestations de suspects et recours à la torture
B) Le conflit s’étend jusqu’en métropole
de plus en plus d’appelés du contingent doivent partir en Algérie
assassinats d’indépendantistes rivaux du FLN dans la communauté de travailleurs immigrés algériens à Paris
propagande indépendantiste pour recruter de plus en plus de partisans en France
17 octobre 1961, répression sanglante d’une manifestation des « Français musulmans d'Algérie » à Paris (dizaine de morts, milliers d’arrestations)
C) Une difficile prise en compte de la gravité de la situation par l’opinion publique française
1954-1956 : on ne parle aux Français que « d’évènements » en Algérie
1957-1958 : en France, informations sur la torture en Algérie malgré la censure (rôle de certains intellectuels, de la presse ; livre du communiste Henri Alleg : La question interdit de parution mais diffusé clandestinement)
prise de conscience progressive des Français sur la gravité de la situation :
déchirement en deux camps de l’opinion, de la société
inquiétude face à l’enlisement du conflit
aggravation de la crise politique de la IVe République
3Un processus d’indépendance long et douloureux
A) La crise politique et le rappel de De Gaulle au pouvoir
1958, condamnation de la France par l’ONU et isolement international : le gouvernement ne peut pas faire face au soulèvement de pieds-noirs à Alger et à l’installation d’un Comité de salut public présidé par le général Massu
1er juin 1958, De Gaulle, rappelé au pouvoir par le président Coty, est investi par l’Assemblée nationale : fin de la IVe République
B) De Gaulle fait peu à peu reconnaître l’indépendance de l’Algérie en France
1959, paroxysme de la guerre avec le plan Challe (2 millions de paysans déplacés) : victoire militaire de l’armée française mais opinion publique algérienne acquise à l’indépendance et le FLN a un début de reconnaissance internationale
1959, De Gaulle propose aux Algériens l’autodétermination : perçu comme une trahison par les pieds-noirs et les partisans de l’Algérie française
1960 à 1962 : multiplication des attentats par les activistes pieds-noirs et création de l’OAS (organisation armée secrète)
8 janv. 1961, référendum sur l’autodétermination : dans la métropole, 75 % de oui pour l’autodétermination ; négociations entre le gouvernement et le FLN
avril 1961 : échec d’un putsch de généraux à Alger en faveur de l’Algérie française
18 mars 1962 : signature des accords d’Évian ; la France reconnaît l’indépendance de l’Algérie
C) Des conséquences lourdes dans les deux pays
plus de 25 000 soldats français et plus de 300 000 Algériens tués (estimation la plus fréquente même si ce chiffre fait débat)
fuite de près d’un million de pieds-noirs vers la métropole
en Algérie, massacre de milliers de harkis, soldats supplétifs de l'armée française, entre 1962 et 1963
pour 1,3 million de soldats français, souvent des appelés, et pour tous ceux qui l’ont vécue, nécessité de vivre avec le souvenir de cette « sale guerre »
guerre des mémoires : la France ne reconnaît officiellement la guerre d’Algérie qu’en 1999 ; des mémoires qui s’opposent (harkis, pieds-noirs, etc.)
en Algérie, victoire du FLN qui a éliminé tous ses opposants mais bilan lourd
milliers de morts
économie et État désorganisés
les luttes internes du FLN :
Ben Bella puis le colonel Boumedienne au pouvoir
régime autoritaire à parti unique qui écrit sa propre version de l’histoire de la guerre (« guerre de libération », « Révolution ») en ne parlant pas des autres figures de la lutte anticoloniale