1La Première Guerre mondiale : l’expérience combattante dans une guerre totale (1914-1918)
A) Une « guerre totale »
mobilisation de masse (conscription) : environ 70 millions d’Occidentaux + troupes coloniales (2 millions) en 1914-1918
mobilisation des économies transformées en économies de guerre avec l'intervention accrue des États :
production d’armements
ravitaillement du front et rationnement des civils
financement par des emprunts d’État et par la création monétaire
mobilisation des civils dans les usines d’armement (soldats rappelés, femmes, travailleurs des colonies)
mobilisation des esprits :
censure de l’information et des lettres des soldats, propagande en direction des populations pour construire et renforcer le consensus national (Union sacrée) : culture de guerre
mobilisation des scientifiques pour moderniser les armes de guerre
mort et souffrances de masse :
pertes massives : 10 millions de morts, 20 millions de blessés (dont les « gueules cassées »), des veuves (3 millions) et des orphelins (6 millions)
destructions de masse, terres inutilisables en Europe de l’Ouest surtout (Nord de la France, Belgique)
déficit des naissances et sociétés traumatisées
B) L’expérience combattante
violence inédite des combats à cause des armes nouvelles (artillerie moderne, mitrailleuse, gaz de combat, tanks et aviation) : grande puissance de feu et de destruction, mort omniprésente
900 morts français et plus de 1300 morts allemands/jour en moyenne
près de 300 000 morts pendant la bataille de Verdun en 1916
conditions de vie très difficiles des soldats (« poilus » en France) dans les tranchées pendant la guerre de position (fin 1914-fin 1917) :
sentiment de déshumanisation des soldats (« chair à canon ») et mutineries en 1917
processus de brutalisation des combattants par l’atrocité des combats, la vision quotidienne des morts et des blessés, les conditions de vie
soldats tiennent par le consentement (nationalisme au début de la guerre), la solidarité du front et la contrainte (propagande déshumanisant l’ennemi, répression des mutineries)
C) Les civils dans la guerre totale
effacement de la séparation traditionnelle combattants-civils : civils deviennent des cibles économiques et militaires :
rationnement
blocus de l’Allemagne
bombardements des villes. Ex. : Reims
violences contre les civils : travail forcé, déportations, viols
génocide arménien en 1915-1916 dans l’Empire ottoman : élites éliminées, massacres, déportations et marches forcées ; plus d’1 million de victimes, diaspora des survivants
2La Seconde Guerre mondiale : guerre d’anéantissement et génocide des Juifs et des Tsiganes
A) Une guerre d’anéantissement
guerre idéologique entre deux camps antagonistes :
camp des dictatures et des régimes totalitaires (Allemagne nazie, Italie fasciste, Japon) s’appuyant sur une conception raciale de la guerre et la volonté d’imposer un ordre nouveau par la conquête
camp des Alliés (États-Unis et Royaume-Uni démocratiques, URSS totalitaire) et des mouvements de résistance défendant les valeurs de libertés, de démocratie et de droits de l’Homme (à nuancer fortement pour l’URSS) : guerre juste et anéantissement de l’ennemi indispensable
importance dans les deux camps de la propagande et de la guerre psychologique par les techniques modernes de l’information (radio, cinéma)
mobilisation d’énormes moyens pour anéantir :
mise en place d’économies de guerre (ex. : Victory Program aux États-Unis, 1942) ; pillage et asservissement des espaces conquis, recours à la main d’œuvre forcée, aux prisonniers de guerre et aux déportés pour l’Axe
mobilisation des sciences pour créer des armes plus destructrices (chars, mines, bombardiers, fusées V1 et V2, avions à réaction, arme nucléaire, etc.)
guerre d’anéantissement contre les militaires et les civils :
plus de 50 millions de morts : 35 millions en Europe (dont 20 millions en URSS, civils majoritairement), plus de 15 millions en Afrique et surtout Asie
prisonniers de guerre particulièrement visés dans l’Est de l’Europe et en Asie
populations civiles ciblées partout :
génocide des Juifs et des Tsiganes
Ex. : Nankin par le Japon en 1937, Oradour-sur-Glane par les nazis en 1944
bombardements massifs de terreur. Ex. : bombardements allemands des villes anglaises à partir de 1940, bombardements alliés de Dresde (35 000 morts), Hiroshima (70 000 morts) et Nagasaki (80 000 morts) en 1945
la politique d’extermination nazie a fait au total 10 millions de morts en Europe (prisonniers de guerre, malades mentaux, déportés, Juifs et Tsiganes)
B) Le génocide des Juifs et des Tsiganes
une politique antisémite et raciste (1933-1941) :
exclusions des Juifs de certains métiers et des lieux publics
lois de Nuremberg (1935)
recensement et port de l’étoile jaune
Ex. : Varsovie, 100 000 morts de 1940 à 1943
début de l’extermination par les Einsatzgruppen lors de l’invasion de l’URSS en juin 1941 (plus d’1 million de morts en 1941-1943 : « Shoah par balles ») et mise en place des premiers centres d’extermination fin 1941 en Pologne (gazages dans des camions)
extermination organisée par Himmler et officialisée lors de la conférence de Wannsee (janv. 1942) : le SS Heydrich définit les modalités administratives et pratiques de la « Solution finale »
deux types de camps :
camps de concentration (1933, Dachau) : camps de travail où la mort est fréquente
camps d’extermination (6 en Pologne : Auschwitz-Birkenau, Belzec, Chelmno, Majdanek, Sobibor, Treblinka) où les Juifs et les Tsiganes sont déportés de toute l’Europe en wagons à bestiaux, triés (ceux qui pouvaient travailler sont gardés comme main d’œuvre dans les camps de concentration) et exterminés industriellement dans des chambres à gaz puis incinérés dans des fours crématoires ou jetés des fosses communes
bilan global effroyable :
entre 5 et 8 millions de Juifs européens exterminés (la moitié de la population juive européenne en 1939)
entre 200 et 500 000 Tsiganes (⅓ de la population)
certains des responsables de ces crimes contre l’humanité (génocide) ont été jugés lors du procès de Nuremberg (nov. 1945-oct. 1946)
en France, la collaboration d’État a abouti à l’extermination de 28 % de la population juive de 1939
3Espoirs de paix
A) La Société des Nations (SDN), 1919-1946
SDN est née de la déclaration des 14 points du Président des États-Unis Wilson (1918) : garantir le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et la paix mondiale par le désarmement et la sécurité collective
SDN est prévue par le traité de Versailles (1919) et fondée à Genève en 1920 par 32 pays vainqueurs de la Première Guerre mondiale :
maintien de la paix par l’arbitrage et les sanctions économiques
administration de territoires sous mandat ou contestés (Sarre, Dantzig)
SDN favorise l’essor d’un pacifisme juridique :
accords de Locarno, 1925
pacte Briand-Kellog, 1928
SDN vite impuissante :
États-Unis restent en dehors (traité de Versailles non ratifié par le Congrès)
manque de moyens d’action (pas de force armée, résolutions appliquées ou non) par les grandes puissances
montée des nationalismes : SDN ne peut empêcher les coups de force des dictatures qui la quittent (Japon et Allemagne en 1933, Italie en 1937), ni la Seconde Guerre mondiale
dissolution en 1946
B) L’Organisation des Nations Unies (ONU) et la volonté d’un nouvel ordre mondial
ONU est née de l’échec de la SDN et de projets d’instauration d’un nouvel ordre mondial fondé sur la sécurité et la paix, élaborés pendant la guerre :
Charte de l’Atlantique (États-Unis et Royaume-Uni, 1941)
conférences entre Alliés : Téhéran (1943), Dumbarton Oaks (1944) et Yalta (février 1945)
26 juin 1945, San Francisco : 50 États signent la Charte des Nations Unies qui fonde l’ONU (siège à New York) :
maintien de la paix et de la sécurité internationale
égalité et droit des peuples à disposer d’eux-mêmes
coopération internationale
respect des droits de l’Homme
ONU est constitué :
d'une Assemblée générale
d'un Conseil de sécurité (11 membres dont 5 permanents avec droit de veto : États-Unis, URSS, Royaume-Uni, France, Chine)
d'un Secrétariat général
d'une Cour internationale de justice
des institutions spécialisées. Ex. : l’UNICEF ou l’UNESCO
ONU peut mener des actions militaires pour maintenir la paix (Corée, 1950-1953) et a une force armée d’interposition depuis la crise de Suez (1956) : les Casques Bleu
ONU a vite été paralysée par la guerre froide (utilisation du droit de véto par les États-Unis et l’URSS) et n’a pu faire appliquer ses décisions sur la question israélo-palestinienne (plan de partage de 1947)