1L’affirmation d’une société industrielle de 1850 aux années 1970
A) La croissance de la population active
évolution de la population active
forte croissance du milieu du XIXe siècle (16,5 millions) au début du XXe siècle (20 millions), en lien avec l’industrialisation
stabilisation jusqu’aux années 1970 (22 millions en 1975) à cause du déficit des naissances dû aux guerres et à la crise économique des années 1930
chômage modéré sur la période, sauf dans les périodes de crise
B) Recul de la paysannerie et développement de la classe ouvrière
recul modéré du nombre d’actifs agricoles de 1850 (env. 55 % de la population active) à 1914, puis accélération jusqu’aux années 1960 (1975 : env. 10 %), à cause de la modernisation/mécanisation : fort exode rural (surtout après 1945)
essor du monde ouvrier : env. 1/4 de la population active en 1850, 38 % env. en 1975. Monde ouvrier très hétérogène. Avec le développement de la grande industrie et de l’organisation scientifique du travail (OST : taylorisme, fordisme), essor des ouvriers spécialisés (OS, sans qualification) et recours à l’immigration
formation d’une classe ouvrière, avec ses syndicats (CGT surtout), ses partis (Parti communiste), sa culture, ses territoires (Nord de la France, banlieues des grandes villes), ses manifestations (grandes grèves du Front Populaire en 1936, de 1947 et 1968)
C) L’essor du secteur tertiaire
forte croissance entre 1850 (env. 20 % de la population active) et 1975 (env. 52 %) et féminisation
urbanisation (population urbaine = 24 % des Français en 1846, 73 % en 1975) : nouveaux métiers dans le tertiaire (employés de bureaux, commerces, professions libérales, cadres et professions intermédiaires) : essor des classes moyennes
développement de la fonction publique (éducation, santé) avec la création d’un État-providence après 1945
2L’affirmation d’une société post-industrielle depuis le milieu des années 1970
A) Crise, chômage et précarisation du travail
population active : 28 millions en 2015 grâce à l’arrivée des baby-boomers sur le marché du travail, à l’immigration et à l’essor du salariat féminin
crise économique et croissance ralentie :
explosion du chômage (4 % de la population active en 1975, environ 10 % aujourd’hui) qui devient structurel. L’État cherche des solutions (35h, flexibilité) et multiplie les politiques d’accompagnement (RMI, CMU, etc.)
essor des emplois précaires (CDD, contrats aidés, stagiaires, intérim), ralentissement de la croissance du pouvoir d’achat et accroissement des inégalités sociales, de la pauvreté et de l’exclusion (1985 : création des Restos du Cœur par Coluche)
B) Fin des paysans, fin des ouvriers ?
modernisation de l’agriculture dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC) européenne : effondrement du secteur primaire (3 % en 2015)
recul du secteur secondaire à cause de la crise (20 % en 2015), des restructurations industrielles et d’une certaine désindustrialisation dans le cadre de la mondialisation : recul ou disparition de certains métiers, apparition de métiers plus qualifiés
C) Une tertiarisation accrue de l’économie
société post-industrielle : le tertiaire représente aujourd’hui 77 % des actifs et crée plus de 90 % des emplois
explosion des emplois de bureau et de services, avec une forte féminisation et une baisse des qualifications ; poursuite de l’augmentation du nombre de fonctionnaires, de cadres et de professions intermédiaires et supérieures grâce à l’éducation de masse
hausse du nombre des travailleurs indépendants au début du XXIe siècle surtout dans les services (réparation, assistance informatique)
3L’immigration et la société française au XXe siècle
A) Une immigration européenne jusqu’à la Seconde Guerre mondiale
manque de main d’œuvre à cause d’une faible natalité puis de la Première Guerre mondiale : 2,7 millions d’étrangers en 1931 = 7 % de la population ; législation très favorable
immigration européenne (Italie, Belgique, Pologne, Espagne), installée dans les régions industrielles et le Sud, qui finit par s’intégrer
1931, crise économique : montée de la xénophobie ; l’État limite l’immigration. Vichy mène une politique xénophobe d’exclusion (emplois interdits, pertes de la nationalité française, antisémitisme d’État)
B) Une immigration massive pendant les Trente Glorieuses
gros besoins en main d’œuvre à cause de la reconstruction et de la croissance économique : forte immigration du Sud de l’Europe et du Maghreb prise en charge par l’État (Office national d’immigration, 1945) et les entreprises privées : 6,5 % de la population
origines renouvelées : Maghrébins et des travailleurs d’Afrique subsaharienne à partir des années 1960 (décolonisation), majoritairement dans l’industrie, le bâtiment, mais aussi les services et l’agriculture dans le Sud
conditions de travail et de vie difficiles : salaires bas, travaux pénibles, logements dans des foyers et des bidonvilles ; les populations maghrébines sont moins bien intégrées
C) Une immigration remise en question depuis 1975
crise et chômage : l’État met un frein à l’immigration sauf pour le regroupement familial ; alternance de politiques d’assouplissement (régularisation, immigration choisie) et de fermeté (reconduite aux frontières, durcissement des conditions d’obtention des visas et de l’asile politique)
internationalisation des flux d’immigration (Europe de l’Est, Asie) et développement de l’immigration clandestine à la faveur de la quasi-fermeture des frontières européennes
immigration = enjeu politique depuis les années 1980 (SOS Racisme, 1984) et la montée du Front national
essor des actes racistes et de l’islamophobie depuis les années 2000
une partie des enfants et petits enfants d'immigrés ont des difficultés d'intégration ; débat en France sur conditions de présence + intégration (émeutes dans les ghettos de banlieues en 2005) qui progresse pourtant (mariages mixtes)