Une suite (un) est une fonction de N dans R. On dit que un est le terme d’indice n de la suite.
Exemple
La série des chiffres impairs 1 ; 3 ; 5 ; 7 ; 9 ; etc. peut être définie à l’aide d’une suite, en posant :
u0=1 ;
u1=3 ;
u2=5 ;
u3=7, etc.
On remarque ici que le terme d’indice n de la suite ainsi construite vérifie : un=2n+1
Remarque
Attention à bien distinguer les notations (un) (qui désigne la suite elle-même, c’est-à-dire une fonction de N dans R) et un (qui est le terme d’indice n de la suite, c’est à dire un nombre).
Une suite traduit mathématiquement l’idée d’une succession de valeurs. On peut par exemple définir la suite dont le terme de rang n est la population totale en France en l’année n. On aurait alors pour certains termes :
Afin de définir la valeur du terme de rang n d’une suite (un), il existe différentes possibilités, dont les deux suivantes :
De façon explicite :
un=f(n) pour tout n.
L’écriture du terme de rang n de la suite ne dépend que de n et de la fonction f ; sa valeur est donnée par l’expression de f(n).
Par récurrence :
un+1=f(un) pour n∈N
u0=a où a est un réel fixé.
Ici la valeur du terme de rang n+1 dépend du terme de rang n et d’une fonction f, mais plus de n. De plus, le premier terme de la suite, u0, est fixé par le réel a.
Exemple
La suite (un) définie par un=n pour tout n est construite de façon explicite, à l’aide de la fonction racine carré. Calculons les premiers termes :
u0=0 ;
u1=1 ;
u2=2 ;
u3=3 ;
u4=4=2, ...
La suite (un) définie par un+1=un+3 pour n∈N et u0=1 est définie par récurrence. Pour obtenir un terme de la suite, on prend le précédent et on ajoute 3. Et sachant que la suite commence à u0=1, on peut calculer ainsi tous les termes :
u0=1 ;
u1=u0+3=1+3=4 ;
u2=u1+3=4+3=7, etc.
Remarque
D’autres modes de génération peuvent apparaître :
Le terme de rang n+1 peut dépendre à la fois de n et de un comme dans la suite définie par un+1=un+n et u0=0.
Dans un problème, il est aussi possible qu’une suite ne soit pas donnée par une formule, mais par une construction géométrique, ou bien par un énoncé (comme dans l’exemple précédent avec la suite donnant l’évolution de la population française en fonction de l’année).
Définition
Représentation graphique d’une suite définie par récurrence
Pour représenter sur un axe une suite (un) définie par récurrence selon un+1=f(un), on peut suivre les étapes suivantes :
tracer la courbe représentative de f et celle de g:x↦x (c’est une droite appelée première bissectrice du repère, car elle coupe en deux l’angle entre l’axe des abscisses et l’axe des ordonnées) dans un même graphique (Oxy) ;
placer le premier terme u0 sur l’axe (Ox) ;
en utilisant la courbe de la fonction f, placer l’image de u0 par f sur l’axe (Oy). On a ainsi trouvé l’emplacement de u1=f(u0) sur l’axe (Oy) ;
Utiliser la courbe de g:x↦x pour repositionner u1 sur l’axe (Ox). Puis recommencer à l'étape 1. avec le terme u1.
BÉtudes de suites
Définition
Suite croissante, suite décroissante et suite monotone
Une suite (un) sera dite :
croissante si pour tout n∈N, un≤un+1 ;
strictement croissante si pour tout n∈N, un<un+1 ;
décroissante si pour tout n∈N, un≥un+1 ;
strictement décroissante si pour tout n∈N, un>un+1 ;
monotone (respectivement strictement monotone) si elle est croissante ou décroissante (respectivement strictement croissante ou strictement décroissante).
Définition
Suite constante
Une suite (un) sera dite constante si pour tout n∈N :
un=un+1
Exemple
La suite définie par un=n pour tout n∈N est strictement croissante car :
un+1=n+1>n=un
La suite définie par récurrence selon un+1=un−1 pour tout n∈N et u0=3 est strictement décroissante car :
un+1=un−1<un pour tout n∈N.
Attention, une suite peut être ni croissante ni décroissante comme le prouve la suite définie par un=(−1)n pour tout n∈N. En effet :
u0=1>−1=u1
u1=−1<1=u2
De même, on constate que si n est pair, alors n+1 est impair et donc :
un=1>−1=un+1
En revanche, si n est impair, alors n+1 est pair et donc :
un=−1<1=un+1
Remarque
Dire qu’une suite croît exprime le fait que les termes de la suite sont toujours plus grands que les précédents. Dire qu’elle décroît traduit que ces termes sont toujours plus petits que les précédents.
Les suites strictement croissantes sont a fortiori croissantes, mais la réciproque est fausse. On peut par exemple définir la suite (un) par u0=0, u1=1, u2=2, et un=3 pour tout n≥3 : cette suite est croissante mais pas strictement, car par exemple u3=u4. De même, les suites strictement décroissantes sont décroissantes.
Propriété
Variations d’une suite définie par une relation du type un=f(n)
Soit (un) une suite définie selon : un=f(n) pour tout n∈N, où f est une fonction définie sur R+. Alors :
si f est croissante (respectivement strictement croissante) alors (un) est croissante (respectivement strictement croissante).
si f est décroissante (respectivement strictement décroissante) alors (un) est décroissante (respectivement strictement décroissante).
Propriété
Variations d’une suite définie par récurrence
Soit (un) une suite définie par récurrence selon : un+1=f(un) pour tout n∈N.
Si f croît alors :
si u0≤u1, (un) est croissante ;
si u0≥u1, (un) est décroissante.
Si f décroît, alors en général (un) n’est ni croissante ni décroissante, même si c’est un cas possible.
Exemple
La suite définie selon un=−n2 pour tout n∈N est décroissante car la fonction f:x↦−x2 décroît R+.
La suite définie par récurrence selon un+1=5un−2 pour tout n∈N et u0=4 est croissante car :
la fonction f:x↦5x−2 est croissante (car affine de coefficient directeur positif) ;
et de plus u0=4<18=u1.
Remarque
Ces propriétés permettent d’étudier le sens de variations de certaines suites en se rapportant à celui des fonctions qui les définissent. Il est donc important de savoir aussi étudier les fonctions !
Ne pas confondre les deux propriétés précédentes qui ont des résultats différents selon que (un) est du type un=f(n) ou un+1=f(un). En effet prenons l’exemple de la suite définie par u0=0, un+1=un−1 pour tout entier n. Le calcul des premiers termes donne : u1=−1, u2=−2, u3=−3 etc. De sorte que la suite n’est pas croissante (en fait, elle est décroissante). Or la fonction qui définie la suite est f(x)=x−1, qui est croissante. Cela s’explique par le fait que u0≥u1.
Définition
Suites minorées, majorées et bornées
Une suite (un) est dite :
minorée s’il existe m∈R tel que pour tout n∈N :
m≤un ;
un tel m est appelé minorant de la suite ;
majorée s’il existe M∈R tel que pour tout n∈N :
un≤M ;
un tel M est appelé majorant de la suite ;
bornée si elle est à la fois minorée et majorée.
Exemple
La suite un=n+11 est majorée car pour n∈N, n+1≥1 donc un≤1. Elle est aussi minorée : comme elle est positive on a un≥0, donc 0 est un minorant de la suite. Ainsi (un) est à la fois minorée et majorée donc elle est bornée.
Remarque
Pour une suite, être majorée revient à dire que ses termes ne dépasseront jamais une certaine valeur. Par exemple, une suite définissant la proportion d’élèves scolarisés au lycée en France par rapport à la population totale au cours des années est majorée, car elle ne pourra jamais dépasser 100 %.
CNotion de limite
Définition
Limite d’une suite
Sans donner de définition précise, la limite l d’une suite (un) peut se voir comme une valeur réelle pour laquelle la distance (valeur absolue de la différence) entre l et les termes un de la suite devient arbitrairement petite, à mesure que n est grand. On note :
limn→+∞un=l
Remarque
Une suite peut ne pas avoir de limite.
Exemple
La suite un=2n1 a pour limite 0 : quand n devient « très grand » 2n aussi et donc son inverse un=2n1 devient « très petit », c’est-à-dire proche de 0.
La suite constante un=1 a pour limite 1 : car comme tous les termes valent 1,a fortiori ils sont proches de 1 quand n est grand.
La suite un=n2 n’admet pas de limite : quand n est grand, n2 est encore plus grand, et donc on ne se rapproche pas d’une valeur particulière. Cependant, dans le cas de cette suite, comme n2 prend des valeurs arbitrairement grandes à mesure que n est grand, on dit que (un) a pour limite +∞.
Remarque
La définition précédente donne seulement une idée de ce qu’est une limite. Cependant, la définition précise de limite n’est pas à connaître.