Les outils proposés sont là pour t’aider à analyser un texte, à te poser les bonnes questions et à trouver des pistes pour soumettre une interprétation et commenter un texte le jour du bac. Pour voir un exemple de dissertation, de commentaire ou d’écriture d’invention, clique ici.
ALes différents types d’énoncés
Remarque
Les textes littéraires ont été écrits par des auteurs. Cependant, leur parole ne nous atteint pas directement. Comprendre l’utilisation de la parole pour différencier récit et discours est la première clé de l’analyse d’un texte.
Définition
Énonciation
L’énonciation est l’acte du locuteur quand il produit un énoncé, écrit ou oral. Elle suppose un locuteur (émetteur) qui transmet un message (énoncé) à un destinataire (récepteur) en un lieu et moment précis.
Définition
Situation d’énonciation
Le contexte dans lequel l’énoncé est produit est la situation d’énonciation, dont on peut trouver des indices dans l’énoncé. Ces indices peuvent être par exemple :
indices personnels (pronoms 1re et 2e personne)
indicateurs de temps et de lieu (hier, ici), que seule la connaissance de la situation d’énonciation permet d’interpréter.
Tu peux te poser les questions suivantes : qui parle ? à qui ? où ? quand ?
Remarque
L’étude de la situation d’énonciation te donne des informations sur le lieu et le momentde l’énonciation ainsi que sur l’identité du locuteur.
Définition
Énoncé ancré, énoncé coupé de la situation d’énonciation
Énoncé ancré : présence d’éléments qui renvoient à la situation d’énonciation.
Énoncé coupé : aucun indice qui renvoie à la situation d’énonciation, vise à l’objectivité, volonté de distance.
Caractéristique
Énoncé ancré dans la situation d’énonciation ou discours
Contexte : dialogues (roman, théâtre), le genre épistolaire, articles de presse, etc. ;
fortement lié au moment de l’énonciation ; temps verbaux organisés autour du présent (passé composé, futur) qui correspond au moment de l’énonciation ;
indices personnels : pronoms de 1re et 2e personnes qui désignent ou renvoient à l’émetteur ou au récepteur. Ex. : C’est moi !
déïctiques qui renvoient à la situation d’énonciation et qui ne peuvent être compris que lorsque l’on connaît cette dernière. Ex. : les démonstratifs ce, cette ; les adverbes de lieu ou de temps ici, hier, aujourd’hui, demain, etc. ;
marques de subjectivité : opinion, jugement. Ex. : adverbes (certainement, sans doute, peut-être, etc.), verbes (croire, douter, ignorer, etc.).
Caractéristique
Énoncé coupé de la situation d’énonciation ou récit
Contexte : romans, récits historiques, fiction ;
l’énoncé (le récit) n’est pas en relation avec le présent de l’énonciateur (l’écrivain) ; temps verbaux organisés autour d’un point de repère situé dans le passé ; temps de référence : passé simple ;
indices personnels : 3e personne du singulier. Ex. : elle(s), il(s), leur(s), eux, etc. ;
les repères spatio-temporels organisent les événements par rapport au point de référence : avant (la veille, l’année précédente, etc.), pendant (dans le même temps, ce jour-là, etc.), après (l’année suivante, le lendemain, quelques instants plus tard, etc.) ;
absence de marques de subjectivité.
Exemple
Si on peut comprendre l’énoncé sans avoir connaissance de la situation d’énonciation → énoncé coupé. Ex. : Notre-Dame de Paris est une belle cathédrale. Si on ne peut comprendre l’énoncé qu’avec la situation d’énonciation → énoncé ancré. Ex. : J’adore cette cathédrale. → la situation d’énonciation est nécessaire ici pour comprendre qui est le « je » et quelle cathédrale est désignée.
Remarque
Repérer si l’énoncé est ancré ou coupé de la situation d’énonciation te permet de faire la différence entre discours (ancré) ou récit (coupé) dans un texte. Cette distinction te donne une importante piste d’analyse du texte à étudier et t’évitera des erreurs en écriture d’invention ! Ex. : si tu dois écrire une lettre en écriture d’invention, tu adresses un message à un destinataire, cela relève du discours. Tu vas privilégier le présent, tu parleras en ton nom, à la 1re personne du singulier, tu pourras écrire ce que tu ressens.
Définition
Énoncé performatif
C’est la réalisation d’une action par le fait même de l’énonciation. L’énoncé performatif accomplit une action.
Ex. : Je vous déclare mari et femme. Je te le promets.
BLes niveaux de langue
Définition
Niveaux de langue
Le locuteur adapte son énoncé à son destinataire et à la situation dans laquelle ils échangent. Un discours officiel, une lettre de motivation, une page de roman : à chaque situation correspond un niveau de langue approprié.
Remarque
Le fait de ne pas respecter le niveau de langue attendu est un choix significatif de l’auteur (provocation, volonté de faire rire, etc.), donc à commenter !
Caractéristique
Niveau de langue soutenu
Contexte : échanges formels, codifiés, dans un cadre institutionnel ;
structure de la phrase et syntaxe : phrases bien construites, syntaxe correcte, souvent complexe, strict respect des règles de grammaire.
Exemple
« Puissent les commémorations des deux guerres s'achever par la résurrection du peuple d'ombres que cet homme [Jean Moulin] anima, qu'il symbolise, et qu'il fait entrer ici comme une humble garde solennelle autour de son corps de mort. ». Extrait du discours de Malraux (1964)
Définition
Niveau de langue courant
Contexte : échanges ordinaires ;
pas d’effet particulier recherché ;
vocabulaire : commun, quotidien ;
structure de la phrase : phrases souvent assez courtes, sans grande recherche ;
syntaxe : correcte.
Exemple
« Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. » incipit de L’Etranger, Camus, 1942
Définition
Niveau de langue familier
Contexte : échanges quotidiens, entre personnes familières ;
effet : reflète une relation (de familiarité), une émotion (ex. : la colère), un niveau social (chez Molière, Zola, Queneau) ; suscite parfois le rire ;
vocabulaire : familier, parfois argotique ou grossier ;
structure de la phrase : la syntaxe n’est pas toujours correcte (absence de verbe, pas de première partie de la négation, rupture de construction, etc.).
Exemple
« Zazie, [...] si ça te plaît de voir vraiment les Invalides et le tombeau véritable du vrai Napoléon, je t’y conduirai. - Napoléon mon cul, réplique Zazie. Il m’intéresse pas du tout, cet enflé, avec son chapeau à la con. » Queneau, Zazie dans le métro, 1959