1XVIe et XVIIe siècles - De l’humaniste à l’honnête homme
A) La Renaissance (XVIe siècle) : essais, utopie
l’essai (forme utilisée par Montaigne) : série de réflexions personnelles et subjectives sur des sujets choisis
l’utopie (Rabelais, Thomas More) : les auteurs construisent un univers fictif idéal (l’abbaye de Thélème) dans le but de proposer un regard critique sur leur propre société
s’appuyant sur les textes grecs (Platon), les humanistes célèbrent l’autonomie de l’Homme ; on se passionne pour les questions d’éducation, de pédagogie pour favoriser l’exigence nouvelle de devenir meilleur ; émergence de la notion d’individu
grâce à l’imprimerie, on accède directement aux textes sacrés ; la religion traditionnelle et ses rites semblent dépassés ; les Évangélistes, Erasme ou Rabelais invitent chacun à s’adresser directement à Dieu (dans la même lignée que la doctrine calviniste)
question du pouvoir et de la place de l’Homme dans la cité mise au centre ; on milite pour la paix (Érasme) et la liberté ; Machiavel (Le Prince) montre la nécessité de la force ; La Boétie dénonce la « servitude volontaire » des peuples
découverte du nouveau monde qui confronte les Européens à d’autres sociétés permettant d'ouvrir sur une autre image de l’humanité ; nombreuses discussions sur la conversion au christianisme de ces hommes ; Montaigne :est l’un des rares à les trouver sociables et raisonnables
B) Cerner la nature humaine (XVIIe siècle), discours, pensées, sermons
des discours (Descartes), des pensées (Pascal), des sermons (Bossuet) ; des formes brèves comme les Maximes (La Rochefoucauld)
découverte de l’infini ; travaux de Copernic : la terre n’est plus au centre du monde ; début de la médecine moderne (Harvey) ; Pascal s’interroge sur la place de l’Homme dans ce grand tout
opposition entre naturehumaine et nature animale (Descartes), l’homme se distingue de l’animal car il est capable de parler
problème de la grâce divine : cœur des débats (Jésuites vs Jansénistes mais aussi dogme de la prédestination chez les Calvinistes) : les possibilités de la nature humaine sont mises en question (ex. : Pascal dans Les Pensées présente l’Homme comme misérable sans la présence divine)
idéal du savoir-vivre : l’honnête homme est cultivé, sociable, ouvert aux autres tout en restant lui-même
les essais exposent les nouvelles découvertes et théories (ex. : Montesquieu, De l’esprit des lois)
les contes philosophiques (ex. : Zadig de Voltaire) appellent le lecteur à la découverte et à la réflexion
objectif de la transmission du savoir à un plus grand nombre car c’est la condition d’une vraie liberté ; lutte contre l’ignorance, les préjugés, la superstition
l’Encyclopédie : Diderot réunit autour de lui la plupart des écrivains, des juristes et des savants de son temps pour rassembler les connaissances et les mettre à la disposition de tous
voyages de La Pérouse ou de Bougainville : mieux connaître des sociétés lointaines aux règles très différentes
Diderot remet en cause les valeurs du monde européen (Supplément au voyage de Bougainville) : goût de l’argent, hiérarchies figées, mœurs rigides et il propose un autre modèle de société, ses écrits sous forme de dialogue rendent compte de cette nouvelle façon de voir le monde
prise de distance avec la religion dans une société encore dominée par l'Église (Voltaire se déclare déiste, Diderot athée)
B) Lutter contre les injustices
essais, pamphlets, lettres ciblent les injustices : dénonciation de l’esclavage (Montesquieu, « De l’esclavage des nègres »), des inégalités sociales (Rousseau, Discours sur l’inégalité), de la censure, de l’emprisonnement arbitraire ou de la torture
proposition de Voltaire pour la Justice : mise en place des peines en rapport avec le délit commis (la torture et la peine de mort sont alors infligées pour des « crimes » que l’on juge aujourd’hui sans gravité)
C) À la recherche d’un nouveau contrat social
les utopies et certains contes philosophiques tentent d’élaborer un monde meilleur, la notion de bonheur individuel est importante
condamnation de toutes les formes de fanatisme ; tolérance, respect des opinions et croyances : conditions de la paix (articles de Voltaire « tolérance » et « fanatisme » du Dictionnaire philosophique portatif)
monarchie absolue (un roi qui détient tous les pouvoirs) perçue comme un système injuste ; Montesquieu (De l’esprit des lois) propose une dissociation des trois pouvoirs ; Rousseau appelle à un véritable contrat entre un gouvernement et des citoyens (Le contrat social)
République instaurée après la Révolution de 1789 : héritière de ces idées, de même que la Déclarationdes droits de l’homme et du citoyen ou celle des Droits de la femme et de la citoyenne rédigée par Olympe de Gouges (1791)
3XIXe et XXe et XXIe : sociétés industrielles et post industrielles
A) XIXe siècle : croyance en l’idée de progrès
nombreux essais philosophiques et politiques ; réflexions sur la démocratie, la liberté d’opinion ou l’émancipation des individus et des peuples (essais de Mme de Stael) ; dénonciation des inégalités provoquées par la société industrielle, dans la fiction (romans de Zola) mais aussi dans des essais (Proudhon)
enthousiasme pour la science et le progrès technique ; foi en un avenir meilleur grâce aux progrès techniques (Renan, positivisme d’Auguste Comte)
essor de la critique littéraire (au théâtre, on se presse aux « premières », le débat fait rage comme lors de la première d’Hernani) et de la critique d’art (les comptes-rendus des Salons de Baudelaire sont un éloge poétique du peintre Delacroix : Zola prendra la défense des peintres modernes rejetés par le goût académique de la société bourgeoise)
poésie qui se fait dénonciatrice (Hugo)
on en appelle à l’opinion publique dans la presse qui se développe : Hugo ou Lamartine dans leurs discours à l’assemblée dénoncent la misère, la liberté de la presse, etc. ; Zola, (« J’accuse », lettre ouverte parue dans L’Aurore) défend le capitaine Dreyfus, injustement condamné pour trahison
B) XXe et XXIe siècles : poésie engagée, pensée de l’absurde
remise en question de l’idée de civilisation fondée par la Révolution de 1789 et développée au XIXe siècle à cause des guerres qui ravagent l’Europe (Valéry s’interroge sur la définition de civilisation) ; émergence de la pensée de l’absurde
défense de la liberté en poésie et en théâtre (littérature engagée, essais et pièces de théâtre de Sartre et Camus sous l’Occupation) ; mouvement de la Négritude porté par Césaire et Senghor qui appellent à une prise de conscience pour la lutte contre la colonisation et à la reconnaissance de la dignité et de l’identité des peuples opprimés
revendication nouvelles des femmes et des féministes que l’on retrouve dans l’œuvre de Beauvoir ou plus récemment chez Despentes
modification des formes de l’argumentation par l’omniprésence des médias (nombreux débats radiophoniques, télévisés) ; mondialisation et circulation instantanée de l’information
livre menacé par les autres médias, plusieurs auteurs (Serre, Le Clézio) s’en préoccupent et réaffirment l’importance du livre dans l’accès à la connaissance et dans le débat public