CHAPITRE
Plan
1La poésie médiévale et la Renaissance
A) La chanson de geste
- long poème épique en décasyllabes ou alexandrins relatant des faits héroïques
- les auteurs sont souvent des trouvères ou troubadours (poètes compositeurs et parfois chanteurs) anonymes
- ce sont des artistes, leur fonction est de souder la communauté, d’entretenir la mémoire collective
- le plus célèbre est La chanson de Roland (date incertaine, vers le XIe siècle) qui rapporte la bataille de Roncevaux qui oppose les troupes de Charlemagne à des Basques ralliés aux Sarrasins (778)
B) La poésie courtoise et le lyrisme médiéval
- la poésie courtoise exprime de manière raffinée l’amour parfait (ou fin’amor) qu’un poète ressent pour une dame ; art élitiste
- les poètes sont cultivés, souvent nobles
- écriture très musicale (parfois mise en musique)
- poésie très codifiée, voire formaliste
- comprend des effets de rythme très marqués, voire de répétition : le lai, le rondeau, la ballade, etc.
- le lyrisme s’étend progressivement à d’autres thèmes : la nature, la nostalgie du pays (François Villon, Christine de Pisan, Charles d’Orléans)
C) L’école de Lyon
- développement d’un lyrisme plus personnel (Maurice Scève)
- inspirée de l’Antiquité et des idées de Platon sur l’amour
- influence d’auteurs italiens comme Pétrarque et son Canzoniere
- des femmes de lettres pouvaient en faire partie (Louise Labé, Christine de Pisan, Pernette du Guillet)
D) La Pléiade
- naissance au début du XVIe siècle
- sept membres, parmi lesquels Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay
- volonté d’égaler les auteurs antiques mais en utilisant la langue française, qu’ils voulaient enrichir et rendre plus créative (Défense et illustration de la langue française, 1549)
- thèmes : amour, nostalgie, regret de l’Antiquité, impuissance face au temps qui passe
- formes privilégiées : sonnet, ode
E) L’émergence d’une poésie engagée
- les guerres de religion entre catholiques et protestants poussent les poètes à s’interroger sur leur époque, ou à en dénoncer les violences
- le protestant Agrippa d’Aubigné écrit Les Tragiques
- le catholique Ronsard écrit le Discours sur les misères de ce temps
2Du XVIIe au XVIIIe
A) La poésie baroque
- privilégie le merveilleux, le symbole, l’imaginaire, un sens caché
- évoque l’instabilité du monde, ses illusions au moyen de métaphores, d’hyperboles, d’antithèses, d’oxymores, etc.
- la préciosité et le maniérisme en sont des prolongements
- ce n’est pas un mouvement constitué à l’époque mais unifié plus tard par la critique
- représentants célèbres : Théophile de Viau et Saint-Amant
B) La poésie classique
- porte sur des sujets jugés nobles et grands
- formes très codifiées : sonnets, odes, utilisation d’alexandrins
- de manière plus générale : vers réguliers, rimes soignées, imitation des auteurs antiques, clarté et harmonie de la langue
- Malherbe cherche à faire une poésie épurée et sobre
- La Fontaine, en moraliste, s’inspire d’Ésope pour écrire des fables épinglant les défauts humains
- la poésie véhicule alors un message didactique
C) XVIIIe siècle : le « désert poétique »
- les formes et règles classiques perdurent
- la poésie est un genre délaissé au profit de l’essai, du conte philosophique ou du théâtre (siècle des Lumières)
- André Chénier est un auteur resté célèbre avec des poèmes lyriques comme La jeune Tarentine
3Le XIXe siècle
A) Le Romantisme
- mouvement européen né à la fin du XVIIIe siècle en Angleterre et en Allemagne ; en France, développement dans la première moitié du XIXe siècle (1820-1850 environ)
- grands principes : liberté formelle par rapport aux règles classiques, rejet du rationalisme des Lumières
- thèmes : nature, exaltation des sentiments, mélancolie, goût pour le changement et la révolte, fascination pour l’Antiquité et l’Orient
- principaux poètes : Lamartine, Nerval, Musset, Vigny et surtout Victor Hugo
- différents Romantismes coexistent : certains poètes sont engagés et veulent transformer la société (Hugo), d’autres restent en marge de la société pour créer (Baudelaire, Verlaine)
B) Le poème en prose
- inventé par Aloysius Bertrand (poète romantique) avec Gaspard de la nuit (1842)
- sera repris par des auteurs comme Baudelaire dans Les Petits poèmes en prose (1869) ou Rimbaud dans Les Illuminations (écrites en 1872-1875)
- considéré comme un des apports majeurs de la modernité poétique
C) Le Parnasse
- naissance dans la deuxième moitié du XIXe siècle contre le Romantisme
- prône « l’art pour l’art », contrairement à la poésie engagée de certains romantiques
- recherche d’une forme parfaite (retour en force du sonnet)
- refus du lyrisme au profit de l’impersonnalité
- quelques auteurs : Banville, Gautier, Heredia, Leconte de Lisle et certains poèmes de Verlaine ou Baudelaire
D) Le symbolisme
- deuxième moitié du XIXe siècle, en réaction contre le réalisme descriptif et le positivisme scientifique
- conception spirituelle du monde, dont le poète est seul à pouvoir percer les mystères
- théorisé par un article de Jean Moréas dans Le Figaro, Manifeste du symbolisme (1886)
- privilégie le sensible, l’harmonie musicale, le caché, le symbole à déchiffrer (Baudelaire, Verlaine)
- Mallarmé entraîne ce mouvement vers l’hermétisme (poèmes extrêmement difficiles à comprendre)
4Le XXe : modernité et jeux avec le langage
A) Un lyrisme concret
- Guillaume Apollinaire et Blaise Cendrars ancrent leur poésie dans le monde moderne et le réel
- le poète s’ouvre à la nouveauté
- thèmes : la ville, le voyage, l’amour
- recherche d’un lyrisme objectif, concret, voire prosaïque
- développement de la prose et du vers libre comme moyens d’expression poétique
B) Le surréalisme
- théorisé par André Breton dans Le Manifeste du surréalisme (1924). Eluard, Aragon, Desnos, Prévert ou René Char ont été surréalistes
- certains surréalistes étaient engagés politiquement, généralement proches du Parti Communiste (Aragon, Eluard, Breton)
- proclame la haine du mot « donc » (explications rationnelles, justifications) et la valorisation du mot « comme » (analogies, images poétiques arbitraires)
- exploration de mécanismes psychiques mystérieux : intérêt pour le rêve, l’inconscient, les créations des enfants, des fous
- techniques : écriture automatique, cadavres exquis, collages divers
- l’acte de création devient parfois collectif, ou inconscient, ce qui transforme la définition de l’artiste
C) L’OuLiPo
- groupe d’écrivains fondé vers 1960 autour de Raymond Queneau, Georges Perec
- signifie « Ouvroir de Littérature Potentielle » et a permis à Queneau d’écrire Mille milliards de poèmes (1961)
- écriture ludique, parfois avec contrainte, jeu avec le langage : lipogrammes (écriture d’un roman entier par Perec, La disparition, sans la lettre « e »), méthode « s + 7 » (on remplace chaque substantif d’un poème connu par celui qui se trouve 7 places plus loin dans le dictionnaire)
- existe toujours : les membres, élus à vie, se réunissent une fois par mois
D) La poésie du quotidien
- années 1940-1950 : thèmes et formes poétiques simples (prose), cherchant à réinventer la langue de tous les jours
- Francis Ponge, avec Le parti pris des choses (1942), décrit des éléments ordinaires : cageot, escargot, huître, etc. Il tente d’exprimer leurs caractéristiques objectives à travers des poèmes aux sonorités travaillées
- Jacques Prévert, avec Paroles (1950), emploie un style oral et des images proches du surréalisme ; thèmes : la vie quotidienne, le travail, la ville, l’amour, etc.
E) La poésie contemporaine
- grande diversité formelle : certains auteurs reviennent au vers, d’autres explorent la prose
- confiance dans le pouvoir des mots pour dire le monde
- réflexion sur le langage comme outil d’expression et de communication
- thèmes : rapport à la nature, au monde, aux autres, sentiments personnels
- déclin de la poésie engagée
- grands auteurs : Yves Bonnefoy, Philippe Jaccottet, Eugène Guillevic
- poésie présente dans des genres plus populaires : slam, chanson
Utilisation des cookies
Lors de votre navigation sur ce site, des cookies nécessaires au bon fonctionnement et exemptés de consentement sont déposés.