selon Aristote, le théâtre occidental est apparu au VIe siècle avant J.-C.
la forme d’origine s’appelle « les dithyrambes », sorte d’éloges dansés et chantés par un chœur à la gloire de Dionysos (dieu des arts, de la fête et du vin)
l’origine du théâtre est religieuse et comporte souvent des sujets mythologiques
la première tragédie dont nous disposons : Les Perses, écrite par Eschyle en 472 av. J.-C.
autres auteurs : Eschyle, Sophocle et Euripide pour les tragédies ; Aristophane (auteur grec), Plaute et Térence (auteurs romains) pour les comédies
les tragédies antiques respectent le principe de la catharsis (Aristote) : purifier les passions des citoyens en les représentant sur scène
B) La fonction civique du théâtre dans l’Antiquité
les représentations se déroulent tout d’abord pendant lesDionysies (7 jours de fêtes)
des citoyens tirés au sort composent le jury du concours qui récompense le meilleur poète
assister à ces représentations est un acte civique et obligatoire pendant les fêtes religieuses
comme la démocratie, le théâtre est fondé sur la discussion etle débat d’idées
à Athènes, il existe des allocations spécifiques pour permettre aux citoyens les plus pauvres d’y participer
C) Le lieu des spectacles
les premières représentations théâtrales grecques : près des temples, sur l’Agora ou sur la place publique
puis, des lieux spécifiques émergent, souvent construits à flanc de colline : des théâtres semi-circulaires comportant des gradins et permettant une bonne circulation du son (amphithéâtre)
les places étaient attribuées en fonction de la classe sociale : les premiers rangs étaient réservés aux citoyens importants
D) Les acteurs et leurs accessoires
tous les acteurs portent un masque (en bois, en cire ou en cuir)
le masque permet d’identifier les personnages et le genre théâtral (tragédie, comédie, drame satyrique)
seuls les hommes montaient sur scène
ils portaient des vêtements et chaussures différents de ceux de la vie quotidienne : les tout premiers costumes
E) Le théâtre au Moyen-Âge et au XVIe siècle
les mystères (pièces religieuses) se développent
mais aussi la farce, pièce comique aux procédés grossiers (chutes, coups) où les préoccupations des personnages sont seulement matérielles (argent, nourriture, alcool)
la commedia dell’arte italienne se répand en Europe au XVIe siècle : comporte une grande partie d’improvisation ; les personnages sont stéréotypés et le comique est parfois proche de la farce (coups de bâton, acrobaties) : inspirent des auteurs comme Molière
Transition : au Moyen-âge et à la Renaissance, le Théâtre est essentiellement religieux, même si la comédie connaît un grand succès (farce). Le XVIIe siècle voit le renouveau du théâtre français.
2XVIIe siècle, l’âge d’or du théâtre français
A) Le théâtre baroque
le mot « baroque » vient de l‘italien « barroco », qui signifie « perle imparfaite, irrégulière »
se développe aux XVIe et XVIIe siècles en Europe
idée selon laquelle le monde est un vaste théâtre, et les apparences ne sont qu’illusion : beaucoup de travestissements, de changements de décors, voire de machines dans les spectacles
thèmes : vanité du monde, brièveté de la vie. Figures de style fréquentes : métaphores, hyperboles
les intrigues diverses et les mises en abyme sont souvent représentées
auteurs : Calderon de la Barca, Corneille, certaines pièces de Molière
B) Le théâtre classique
le théâtre classique naît vers 1630 et est théorisé par des auteurs comme l’abbé d’Aubignac, dans La pratique du théâtre (1657)et Boileau dans L’Art poétique (1674)
tragédie classique : écrite en vers (souvent des alexandrins), comporte cinq actes ; personnages de rang noble, souvent des personnages mythologiques ou bibliques, confrontés à un dilemme
comédie : sujets plus légers, quotidiens et comporte des personnages ordinaires, dénouement heureux ; la comédie-ballet comprend des parties dansées
l'Académie française (créée par le cardinal de Richelieu) veille à l'application des règles classiques
le style classique restera plus ou moins en vogue jusqu’à ce qu’il soit détrôné par le théâtre romantique (XIXe siècle)
C) La règle des trois unités
caractéristique du classicisme
unité de lieu : l’action se déroule dans un seul endroit
unité de temps : les actions se produisent en une seule journée
unité d’action : l’intrigue principale ne doit pas être perturbée par des intrigues secondaires
D) Les règles de bienséance et de vraisemblance
caractéristiques du classicisme
règle de bienséance : consiste à ne pas choquer le spectateur
les scènes de violence, ou d’amour, ne sont donc pas représentées
une technique consiste à les faire raconter sur scène par un témoin à des personnages qui n’étaient pas présents
règle de vraisemblance : consiste à représenter un univers proche de la réalité, mais pas réel
E) Les conditions matérielles des représentations
les troupes étaient tout d’abord itinérantes et jouaient en plein air
en 1629, Richelieu fait construire dans son Palais cardinal une salle réservée au théâtre qui deviendra, à sa mort, le théâtre du Palais Royal où s’installera Molière
de nombreuses salles se construisent ensuite
les spectacles étaient éclairés à la bougie, et les entractes servaient à les changer pour que le public ne soit pas asphyxié
des machines, des trappes et des poulies permettent des effets stupéfiants
Transition : les règles classiques ont durablement marqué le théâtre français, même si des formes plus libres apparaissent au XVIIIe siècle.
3XVIIIe et XIXe siècles
A) Le théâtre des Lumières
2e moitié du XVIIIe siècle, des auteurs comme Diderot, Beaumarchais, Marivaux et Goldoni utilisent le théâtre pour questionner la société dans laquelle ils vivent
drame bourgeois : mêle tons sérieux et léger, met en scène des personnages issus de la bourgeoisie, recherche du naturel, même au détriment de la vraisemblance
traite de thèmes de la vie quotidienne, comme la différence entre classes sociales ou les mariages arrangés
prend ses distances avec les règles classiques (bienséance, trois unités)
selon Diderot, un comédien a le droit de se taire, et même de tourner le dos au public
B) Le théâtre de divertissement
l’opéra-comique (sorte de comédie-ballet) et le théâtre de boulevard (divertissement populaire et comique) connaissent beaucoup de succès
fin XVIIIe et surtout au XIXe, évolution vers le vaudeville (Feydeau, Labiche), genre dramatique léger sans morale ni psychologie, plein de rebondissements et contenant parfois des chansons
C) Les conditions de la représentation
au XVIIIe, le décor consiste souvent en une toile peinte accrochée en fond de scène
au XIXe, des objets font leur apparition et donnent un aspect plus réaliste au décor
c’est là aussi que naît la mise en scène (Louis Becq de Fouquières dans l’Art de la mise en scène, 1884)
D) Le théâtre romantique
en 1827, Victor Hugo proclame la naissance du drame romantique (préface de sa pièce Cromwell)
la forme théâtre « la plus belle et la plus actuelle » serait le drame : réunit grandiose et grotesque, comique et tragique
liberté à l’égard des règles du théâtre classique (trois unités) qui rendent les pièces peu vraisemblables ; recherche de liberté de tout dire sur scène
autres auteurs de drames romantiques : Alfred de Vigny, Alfred de Musset
E) Le « théâtre dans un fauteuil »
Alfred de Musset, auteur romantique, connaît un échec avec sa pièce, La nuit vénitienne, en 1830
il invente alors « le théâtre dans un fauteuil », titre qu’il donne à l’un de ses recueils : dorénavant, ses pièces seront destinées à être lues, et non jouées
Transition : le théâtre du XIXe se libère des règles classiques. Au XXe siècle, le théâtre va vers encore plus de liberté et fait éclater les cadres.
4XXe siècle : l’exploration de nouveaux moyens d’expression théâtrale
A) Le théâtre de la cruauté
le concept a été imaginé par Antonin Artaud en 1931
c’est une forme de théâtre expérimental qui se passe des paroles et de la psychologie au profit de sons, gestes, bruits primitifs censés représenter l’étrangeté de l’inconscient
B) Le théâtre de l’absurde
après la Seconde Guerre mondiale, les destructions engendrées créent un sentiment d’absurdité de la condition humaine chez beaucoup d’artistes ; le langage, qui a servi à la propagande, et les valeurs humanistes sont en crise
des auteurs comme Eugène Ionesco (La Cantatrice chauve, Rhinocéros) ou Beckett (Fin de partie, En attendant Godot) écrivent des pièces sans réelle intrigue, où les personnages semblent errer sans but
l’espace et le lieu sont généralement indéterminés, tout comme l’identité des personnages, parfois réduits à une simplefonction (la jeune fille, le malade, etc.)
des thèmes comme la solitude, l’angoisse de la mort, l’impossibilité de communiquer, l’interrogation sur le sens de la vie dominent
C) Vers de nouvelles formes théâtrales : le théâtre contemporain
éclatement des formes et des codes des siècles précédents : les pièces contiennent souvent de la chanson, de la danse, de la vidéo, etc.
l’espace scénique peut être organisé de façons différentes : public face à la scène, ou disposé de chaque côté, voire autour (comme un ring), etc.
tout « fait théâtre » : des écrits journalistiques, des témoignages, discours politiques, etc.
certains metteurs en scène (Antoine Vitez, Daniel Mesguisch) reprennent des textes classiques en faisant référence à un contexte plus moderne
les modes de création théâtrale se diversifient : certains auteurs écrivent « au plateau », à partir d’improvisations de leurs comédiens (Joël Pommerat)
Bilan : né dans l’Antiquité à l’occasion de cérémonies religieuses, le théâtre a évolué vers des formes codifiées avec le classicisme au XVIIe siècle, avant de s’en libérer au XIXe et XXe siècle. Aujourd’hui, il incorpore d’autres arts et explore des espaces scéniques variés.