1Nourrir les hommes : un défi partiellement relevé
A) Une population mondiale globalement mieux nourrie
production agricole plus rapide que la croissance démographique : la population augmente de 1,2 %, et la production agricole de 2,6 %
recul de la sous-nutrition grâce à la hausse des rendements et de la productivité agricole (mécanisation, engrais, etc.) :
50 % de sous-nutris en 1947, 12 % en 2013
ration alimentaire suffisante = 2500 kcal/j/hab et disponibilité alimentaire moy/hab dans le monde = 2800 kcal/j/hab
potentialités agricoles encore importantes : nombreuses terres disponibles (90 % en Afrique et Am. latine) et capacités d’augmentation de la productivité agricole
nourrir 9 ou 10 milliards de personnes en 2050 serait donc possible
B) L’insécurité alimentaire dans le monde
l’insécurité en quantité : la sous-nutrition
800 millions de personnes sous-alimentées en 2015, dont 98 % dans les pays du Sud
Asie la plus touchée en valeur absolue (530 millions), Afrique subsaharienne en valeur relative (25 %)
les pays émergents ne sont pas épargnés, malgré la révolution verte en Inde et Chine
16 millions de sous-alimentés dans les pays du Nord
l’insécurité en qualité : la malnutrition
insuffisance pondérale liée à des carences en régression mais touche encore les enfants dans les PMA (carences en fer, iode, vitamine A, vitamine D)
surcharge pondérale en forte progression : ⅓ de l’humanité en surpoids ou obèse
moins de famines mais davantage de crises alimentaires :
recul des famines depuis les années 1950 mais il reste des famines « stratégiques »
pays très pauvres pas encore entrés dans la première phase
pays où pauvreté commence à reculer entrés dans 1ère phase
pays émergents entrés dans 2ème phase
pays « développés » : transition terminée
Transition : nourrir 9 milliards de personnes en 2050 est possible : cela nécessite de relever de nombreux défis économiques et sociaux pour réduire les inégalités face à l’alimentation et assurer la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale.
2Assurer la sécurité alimentaire
A) La domination de l’agriculture productiviste
agriculture productiviste fortement développée dans les pays du Nord et de plus en plus dans les pays émergents
une production massive et économiquement compétitive : forts rendements et forte productivité, agriculture commerciale
des méthodes de production efficaces :
spécialisation des productions
mécanisation
usage de pesticides et d’engrais
recours à l’irrigation, etc.
une agriculture au cœur du complexe agro-alimentaire : agriculture intégrée dans de puissantes filières agro-alimentaires. Ex. : agro-business aux États-Unis
des agricultures et élevages intensifs (ex. : feedlots aux États-Unis) et des agricultures et élevages extensifs (ranching aux Etats-Unis)
B) Une forte intégration à la mondialisation
des échanges mondialisés et déséquilibrés
production et commercialisation des denrées agricoles de plus en plus mondialisées
domination de quelques pays (États-Unis, Union Européenne, Brésil, Inde, Chine) et quelques grandes firmes agroalimentaires (Nestlé, Pepsico, Mondelez International, etc.)
dépendance de plus en plus forte des agriculteurs par rapport :
aux cours mondiaux : bourse de Chicago, bourse de Londres
aux décisions de l’Organisation mondiale de commerce, de l’Union européenne
aux firmes transnationales pour l’accès aux semences, notamment les OGM ; Ex. : firme Monsanto
une progressive uniformisation des pratiques alimentaires
C) Les limites de l’agriculture vivrière dans les pays en développement
agriculture vivrière = forme d’agriculture dont l’essentiel de la production est consommée par l’agriculteur et sa famille
2 milliards d’habitants pratiquent l’agriculture vivrière à faibles rendements dans les PED
elle ne permet pas de satisfaire les besoins d’une population en croissance démographique rapide, malgré les améliorations
l’agriculture vivrière souffre d’un déficit d’investissement, elle est souvent négligée au profit de l’agriculture commerciale
une forte dépendance alimentaire : le recours à l’aide alimentaire reste donc important
Transition : l’agriculture productiviste permet de mieux assurer la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale. Le modèle productiviste à néanmoins de nombreuses conséquences négatives sur les plans sanitaire, environnemental, économique et social.
3Vers des agricultures plus durables ?
A) Les limites de l’agriculture productiviste
des problèmes environnementaux
pollution (engrais, pesticides, fongicides, etc.) et épuisement des nappes phréatiques et des cours d’eau (algues vertes en Bretagne)
érosion des sols et salinisation, désertification
déforestation (fronts pionniers), surpêche, menace sur la biodiversité
des problèmes sanitaires
méthodes d’alimentation des animaux à l’origine de crises : « maladie de la vache folle », grippe aviaire et porcine
doutes importants sur les conséquences sanitaires des OGM
conséquences : une demande de traçabilité de plus en plus forte (labels)
des problèmes économiques et sociaux
le développement du land grabbing : hausse de l’achat de terres à l’étranger vue parfois comme une forme de néocolonialisme
la forte concurrence entre producteurs : la concurrence entre des producteurs aux moyens très différents est souvent vue comme déloyale
question des réformes agraires en Amérique latine. Ex. : mouvement des paysans sans terre au Brésil
B) Quels nouveaux modèles agricoles ?
agriculture biologique et agriculture raisonnée
agriculture biologique = interdiction de tout recours aux intrants d’origine industrielle et chimique, rendements faibles ; 0,7 % des surfaces agricoles mondiales ; bonne image mais accessible aux catégories aisées surtout
agriculture raisonnée = rupture partielle avec le système productiviste, réduction des intrants d’origine industrielle
le commerce équitable
proposé comme une alternative aux échanges inégaux
meilleure rémunération des petits producteurs, limitation des intermédiaires et surcoût pour le consommateur
concerne 2 millions de paysans mais ne représente qu’une infime partie du commerce alimentaire mondial
le développement des systèmes de vente directe. Ex. : les AMAP en France (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne), modification des comportements des consommateurs : promotion des produits locaux, ne pas consommer à contre-saison
rôle des paysans dans le maintien des paysages, la conservation des sols mais aussi une présence rurale dans des campagnes qui se vident
Bilan : le défi est de nourrir plus de 9 milliards d’hommes en 2050, de façon équitable. Une agriculture durable, respectueuse des hommes et de l’environnement, reste en grande partie à inventer.