1L’affirmation des villes dans l’Occident médiéval
A) Le développement urbain
croissance urbaine importante à partir de la fin du Xe siècle de l’Europe, qui s’explique par :
un essor démographique assez général en Occident
les défrichements
les progrès techniques dans le domaine agricole : charrue, assolement triennal, etc.
au XIIIe siècle, quelques villes de plus de 80 000 habitants (Paris, Gênes, Milan) mais la majorité des villes compte souvent autour de 40 000 habitants ou moins, et sont la plupart du temps des sièges d’évêchés
développement des villes autour de noyaux de pouvoir (monastères, châteaux) ou création des villes par des seigneurs. Ex. : les bastides dans le sud-ouest au XIIIe siècle
B) Les villes sont souvent des grands foyers de commerce
formation de la ligue de la Hanse en 1241 : grands ports autour de la mer du Nord
les villes de foire comme en Champagne
les villes actives du Nord de l’Italie (Milan production textile, Gênes) ou Sienne, siège d’une compagnie de marchands
C) Les villes sont reliées par des routes plus sûres grâce à l’affermissement du pouvoir royal
les routes maritimes des marchands des Flandres et de la Baltique
les routes terrestres qui relient les grands centres d’Europe du Nord (Lübeck, Bruges) aux grandes villes du Sud (Sienne, Milan, Florence, Venise) et passant par la Champagne et la vallée du Rhône
échange d’une grande variété de produits via ces routes : complémentarité entre l’Europe du Nord (bois, harengs, laine, sel, fourrures) et l’Europe du Sud (épices, soie, plantes tinctoriales, or, esclaves)
2L’affirmation politique des villes
A) Des villes qui naissent dans un contexte féodal
l’espace est divisé en seigneuries dominées par des seigneurs laïcs ou ecclésiastiques, qui sont propriétaires de la terre et possèdent des droits sur les populations qui leur doivent travail, impôts
en ville, la domination des seigneurs s’exerce aussi par l’impôt ; certaines villes ont été fondées par de grands féodaux pour valoriser leur terre. Ex. : Europe du Nord, zones de reconquête chrétienne en Espagne
très souvent, la ville dépend du pouvoir (ban) de plusieurs seigneurs et les autorités se superposent selon les quartiers ; tous prélèvent impôts, taxes, droits de péages
B) Des villes qui s’émancipent et se libèrent
dans les années 1070-1130, grand mouvement de contestation des pouvoirs seigneuriaux : « le mouvement communal »
ces villes cherchent à obtenir des chartes de franchise dans lesquelles les droits de la commune sont consignés et qui garantissent certaines libertés, surtout en matière de commerce
parfois, le seigneur accepte de reconnaître la naissance d’une commune ; reconnaissance se fait par une conjuration et un serment de tous les habitants
les communes restent toutefois des exceptions : une vingtaine en France
C) Des villes qui se dotent d’outils de gouvernement
les chartes, textes qui accordent des droits aux bourgeois (ceux qui habitent la ville) : les habitants de la ville exercent une partie du pouvoir des seigneurs moyennant rachat
les villes apparaissent comme des espaces où les populations jouissent de plus de libertés qu’à la campagne
le gouvernement des villes est la plupart du temps divisé en trois instances :
l’assemblée générale des habitants
le conseil de la ville (composé d’échevins) qui discute des règlements
le pouvoir exécutif du maire, appelé bourgmestre ou consul ou capitoul au sud de la France
la ville se dote de symboles qui représente son pouvoir propre et son unité : un sceau, une cloche, un coffre, un blason, etc.
changements dans le paysage urbain : halles, murailles, hôtels de ville, beffrois : Rouen
3Des sociétés urbaines hétérogènes, qui font naître une culture nouvelle
A) La hiérarchie sociale dans la ville médiévale
la ville médiévale, lieu de grandes inégalités sociales
tout en haut, l’élite urbaine : lesnobles et les riches bourgeois qui s’imposent progressivement dans les institutions communales et forment le patriciat urbain
les gens de métier : les plus nombreux, majoritairement des artisans, des boutiquiers ; le commerce et l’artisanat enrichissent les élites urbaines
les pauvres, mendiants et marginaux : parmi eux, des « immigrés » qui viennent de la campagne proche (principale source de la croissance démographique en ville) ; peuvent représenter près de la moitié de la population dans certaines villes
cette hiérarchie sociale se matérialise par l’occupation des immeubles : les plus riches aux étages supérieurs et les marchands au rez-de-chaussée
le cas particulier des étudiants dans les villes universitaires
B) Une sociabilité et des solidarités particulières
développement d’hôpitaux urbains gérés par des laïcs ou des ecclésiastiques pour accueillir malades, pauvres et pèlerins
des confréries : lieux de culte et de formation religieuse qui organisent des formes d’entraide, de secours mutuel et aussi des initiatives conviviales entre membres (fêtes, banquets)
des corporations ou guildes : associent les travailleurs d’un même domaine ; fixent les règles des métiers et structurent les professions (salaires, conditions de travail, entrée dans le métier)
C) Une société urbaine très diverse, théâtre de conflits et tensions
la ville, un monde violent qui oppose la police du guet (service de garde) aux bandes de vagabonds, larrons, ribauds et caïmans (voleurs) ; condamnations spectaculaires (par pendaison le plus souvent)
des populations « réprouvées » (juifs) ou mises à l’écart (lépreux) vivent en ville au milieu des autres
nombreux dangers : accidents de circulation, incendies (très fréquents du fait des constructions en bois), épidémies, agressions, manque d’hygiène (jets d’excréments par les fenêtres, pas de toilettes)