1L’Église et la religion encadrent la vie des chrétiens
A) Le temps chrétien
de la naissance à la mort, la vie des hommes est encadrée par le christianisme, à travers certains sacrements
l’entrée dans la communauté chrétienne se fait par le baptême
la communion
le mariage chrétien
à sa mort, le chrétien doit recevoir l’extrême-onction
année rythmée par les grandes fêtes chrétiennes : Pâques, Noël, etc.
la semaine aussi est rythmée par la religion : le temps est scandé par les cloches, les hommes travaillent du lundi au samedi, le dimanche ils célèbrent la messe dont le moment central est l’eucharistie (communion)
B) L’espace chrétien
église = édifice dans lequel les fidèles se rassemblent pour leculte ; lieu décoré d’images qui délivrent le message évangélique à une population majoritairement illettrée (sculptures, vitraux)
organisation des villes ou des villages autour de l’église et du cimetière le plus souvent ; le clocher marque de son empreinte le paysage
l’administration ecclésiastique quadrille l’espace par un réseau de diocèses autour d'un évêque et de paroisses autour d'un prêtre
C) Une société dans l’attente du salut
« Église », du grec « ecclesia », assemblée : désigne à l’origine la communauté des croyants
objectif des chrétiens : obtenir le salutde son âme, qui dépend des actes et des péchés au cours de la vie terrestre (après le Jugement Dernier, les « élus » peuvent aller au paradis et les « damnés » sont soumis à l’enfer)
mise en place d’une « économie du salut » et invention du purgatoire au XIIe siècle : un intermédiaire entre l’enfer et le paradis, où les chrétiens se « purgent » de leurs péchés avant de pouvoir accéder au paradis
Transition : par son omniprésence dans le quotidien des chrétiens, l’Église dispose d’un fort pouvoir pour encadrer et contrôler la population.
2L’Église, une institution dominante durant le Moyen-Âge
A) Le premier ordre : « ceux qui prient »
le mot « Église » désigne progressivement le clergé, les hommes qui encadrent la pratique de la religion
la société médiévale est divisée en trois ordres :
ceux qui prient (oratores)
ceux qui combattent (bellatores)
ceux qui travaillent, les plus nombreux (laboratores)
l’Église est le premier ordre, le plus proche de Dieu, chargé de guider leslaïcs ; se pose comme l’intermédiaire exclusif entre Dieu et les hommes
le clergé se divise en deux branches :
les clercs séculiers, vivant au milieu des hommes, dans le « siècle ». Ex. : les prêtres
les clercs réguliers, vivant selon une règle retirés du monde. Ex. : les moines dans les abbayes, les moniales ou sœurs dans des monastères ou des couvents
B) Les cathédrales, reflets de la domination de l’institution ecclésiastique
au XIIe siècle, grands chantiers de construction de cathédrales, églises où se trouve le siège de l’évêque, dans un style gothique. Ex. : Paris, Chartres, Laon, etc.
progrès de l’architecture (arcs-boutants) : églises très hautes qui peuvent accueillir de nombreux fidèles, grands vitraux en couleurs
ces cathédrales, construites dans des grandes villes, sont aussi des symboles du pouvoir de l’évêque et de puissance de l’Église
C) L’Église, une institution de pouvoir
une Église intégrée à la société féodale : immenses richesses en terre et en argent, grâce aux donations et à la dîme versée par les paysans
les seigneurs ecclésiastiques sont parfois les rivaux de seigneurs laïcs. Ex. : abbés de l’ordre de Cluny
l’Église cherche à affirmer la supériorité du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel. Ex. : conflit entre le pape, l'empereur germanique et le roi de France Philippe IV
clergé très hiérarchisé avec à sa tête le pape, évêque de Rome : successeur de l’apôtre Pierre, il représente le pouvoir de l’Église
Transition : le pouvoir de l’Église est très important au Moyen-Âge central. Elle encadre la société jusqu’à parfois s’affirmer par la violence.
3Une Église qui contrôle, conquiert et exclut
A) Une Église qui change pour mieux encadrer les fidèles
au XIe siècle, le pape Grégoire VII est à l’origine de la réforme grégorienne
affirmer la sacralisation du clergé en revendiquant une séparation plus tranchée entre clercs et laïcs
restaurer la grandeur de l’Église face aux critiques d’immoralité et d’incompétence de certains clercs
le pape devient l’autorité la plus puissante de la chrétienté et l’incarnation même de son unité. Ex. : concile de Latran IV en 1215
accentuation de l’encadrement des fidèles grâce aux nouveaux ordres mendiants, notamment dans les villes. Ex. : Franciscains, Dominicains
développement des pèlerinages qui participent au dynamisme de la chrétienté. Ex. : pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle
B) Une Église conquérante
le Moyen-Âge, étape essentielle de la christianisation de l’Europe
vagues missionnaires et évangélisatrices vers les terres païennes de Scandinavie et d’Europe centrale, parfois aux mains de moines-soldats. Ex. : les chevaliers teutoniques
offensive de l’Occident chrétien contre le monde musulman dans la péninsule ibérique, en Italie du Sud et en Terre sainte : croisades vers Jérusalem,Reconquista
C) L’Église face aux hérésies
l’Église définit ce qui est considéré comme « hérésie » : il ne s’agit pas toujours d’une simple divergence religieuse, mais parfois d’une remise en cause d’un encadrement de la société dominé par l’Église. Ex. : hérésie cathare
répression violente de ces mouvements (ex. : croisade contre les Albigeois de 1209 à 1229) et création en 1231 d’un tribunal chargé de juger et punir les hérétiques, l’Inquisition
D) L’Église face aux Juifs
intolérance croissante de l’Église face aux Juifs, que certains considèrent comme responsables de la mort du Christ. Ex. : violences contre les Juifs en 1095 lors de la première croisade
port d’un signe distinctif par les Juifs
Bilan : si l’Église est bien l’institution dominante au Moyen-Âge, son pouvoir ne s’exerce pas sans limites ni contestations.