le contrôle social est l’ensemble des dispositifs que met en place un groupe social pour s’assurer que ses membres respectent les normes en son sein ; il participe à la cohésion sociale
les contraintes sont formalisées par des sanctions :
positives, pour récompenser ou encourager les individus à s’être conformés
négatives, pour dissuader les individus de s’éloigner de la norme (mise à la marge de la société)
l’individu peut ne pas ressentir ce contrôle social car ce dernier existe de manière « naturelle » (ex. : la morale) suite à l’intériorisation des valeurs et des normes
il faut distinguer :
le contrôle social formel, réalisé par différentes institutions spécifiques
le contrôle social informel, réalisé de façon plus diffuse par les membres de la société
le contrôle s’exerce différemment s’il s’agit des normes sociales ou des normes juridiques : celui qui enfreint les normes sociales est un déviant ; celui qui enfreint les normes juridiques est un délinquant
B) La transformation du contrôle social au cours du temps
un contrôle social de plus en plus formel avec le développement d’institutions spécialisées (police, justice) ; certains pensent que la société se judiciarise
le contrôle social et ses modalités dépendent du contexte social, ses formes ont changé car les valeurs qui les soutenaient se sont modifiées
Foucault : disparition des gibets, du pilori, de l'échafaud pour laisser place à des « pratiques punitives plus pudiques »
la famille a vu ses pratiques changées avec la scolarisation et la reconnaissance des droits de l’enfant
l’urbanisation et l’augmentation de la taille des villes ont modifié le rôle accordé au voisinage
C) Comment les nouvelles technologies participent-elles au contrôle social ?
les nouvelles technologies donnent une plus grande ampleur au contrôle social
de la télésurveillance (ou vidéoprotection) jusqu’au bracelet électronique, tout un arsenal permet de contrôler, d’enregistrer en temps réel et a posterioriles comportements des individus
cette surveillance n’est pas simplement le résultat d’un contrôle social ; elle est aussi liée à l’usage des nouvelles technologies au quotidien. Ex. : téléphone portable, carte de crédit, connexion internet, etc.
Transition : le contrôle social n’est pas seulement formalisé par des institutions comme la police ou la justice. Il s’exerce aussi auprès de chaque personne soit de manière interne (ex. : les principes moraux), soit de manière externe par les différents groupes sociaux que côtoie l’individu. Être contrôlé, c’est aussi connaître et reconnaître ces comportements.
2Quels sont les processus qui mènent à la déviance ?
A) L’anomie
pour Durkheim, la transgression des normes sociales est liée à leur affaiblissement : défaillance des institutions, guerre, crise, prospérité soudaine, etc.
cette situation d’anomie caractérise le passage du « normal » au « pathologique ». Cf. son étude sur le suicide : Durkheim montre le décalage entre ce que les individus peuvent espérer et ce qu’ils obtiennent. Dans son étude sur le crime, il affirme que le crime est « un facteur de santé publique, une partie intégrante de toute société saine »
le contrôle social a un aspect préventif : l’anomie est ce qu’éprouvent ces membres devant les difficultés à s’intégrer dans le groupe ou la société
pour Merton, le développement des infractions est liée au décalage entre les valeurs légitimées par les membres du groupe social ou de la société et les moyens jugés acceptables pour atteindre ces objectifs ; il montre que l’individu est confronté à 5 types de comportements :
le conformisme
l’innovation : mafia, corruption, crime, etc.
le ritualisme : obéissance aveugle, etc.
l’évasion : vagabond, etc.
la rébellion, légitime par une mobilisation politique ou illégitime par la prise des armes
se conformer aux normes est donc une situation parmi les autres
B) L’étiquetage
pour Becker, la déviance n’est pas seulement la transgression d’une norme sociale mais la qualification (l’étiquetage) d’un individu par un groupe social. Cf. « le déviant est celui auquel cette étiquette a été appliquée avec succès, le comportement déviant est celui auquel la collectivité attache cette étiquette »
le comportement déviant suit 3 étapes :
la transgression (intentionnelle ou non)
la désignation publique
la modification du statut social de l’individu : l’individu intériorise ce nouveau statut, adhère à son nouveau groupe social et entre dans une carrière déviante
la deuxième étape n’est possible que par l’existence des « entrepreneurs de morale », qui exercent une pression sur les individus et peuvent être à l’origine de normes juridiques. Ex. : pour Becker, la marijuana n’est devenue illégale aux États-Unis d’Amérique qu’à la suite d’une campagne du Bureau des Narcotiques du ministère des finances
C) La stigmatisation
selon Goffman, la stigmatisation est la relation entre ce que la société attend de l’individu et son attribut (le stigmate : la couleur de peau, la maladie, l’homosexualité, etc. soit son identité sociale virtuelle) et son identité sociale réelle
l’écart entre ces deux identités (virtuelle et réelle) déclenche un processus de stigmatisation
c’est donc un phénomène social que les individus peuvent vivre au quotidien
Transition : l’infraction aux normes sociales a plusieurs sources. Ces dernières ne sont pas exclusives. Elles peuvent se cumuler. L’interaction est devenue l’approche dominante de la déviance.
3Comment mesurer le niveau de délinquance ?
A) Les modes de construction des statistiques produites par la police et la justice
le niveau de la délinquance reflète-t-il l’activité des services de police ou la délinquance elle-même ?
la mesure de la délinquance n’est pas neutre :
quantification des actes délinquants (délits, crimes) en fonction de plusieurs critères
risque de l’amalgame des faits (atteintes aux personnes : viols, assassinats, coups et blessures, etc. ; atteintes aux biens : vols ; autres infractions : fraude fiscale, absence de papiers d’identité)
la prise en compte de ces actes dépend aussi des autorités qui les enregistrent : certaines plaintes peuvent être encouragées à être comptabilisées ou être simplement consignées sans enquête ni procédure. Ex. : vol de téléphone portable
certaines personnes peuvent ne pas porter plainte par crainte de représailles ou parce quelles considèrent que cela ne donnera pas lieu à des poursuites. Ex. : vol de vélo
certains actes ne sont pas repérés par les autorités compétentes (ex. : violences conjugales)
c’est ce que l’on appelle le chiffre noir de la délinquance
B) Pourquoi des enquêtes de victimation ?
objectif : saisir les infractions dont sont victimes les particuliers
on peut donc mesurer l’importance des actes en fonction des déclarations des plaignants
ces méthodes font aussi l’objet de débat quant à la parole des victimes selon leur lieu d’habitation ou leur niveau d’éducation
Bilan : mesurer la délinquance est un enjeu de société et depuis peu un enjeu politique. Cela nécessite des outils d’analyse pour pouvoir comparer et prendre de la distance avec le ressenti des personnes. Des institutions comme l’Observatoire de la délinquance et des réponses pénales ont été créées et sont quelquefois contestées, perçus comme des « marchands de la peur ». Les nouvelles technologies interrogent aussi la liberté d’expression et l’intégration des valeurs et des normes qui doivent en découler.