à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, bouleversement des codes et des fonctions de la poésie. Baudelaire : « Plonger [...] Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau »
changements qui se poursuivent au XXe siècle : volonté d’explorer librementles formes et le sens
B) Les avant-gardes du début du XXe siècle
poésie de la ville :
métamorphose du paysage urbain : enseignes lumineuses, publicité, automobiles
passion pour le souffle mécanique, célébration des espaces ouverts par le train, le bateau, l’avion, l'éloge de la vitesse
des poètes s’emparent de ces nouveaux thèmes. Ex. : « Zone » exprime la fascination d’Apollinaire pour Paris au début du XXe siècle ; dans « La Prose du Transsibérien », Cendrars calque son écriture sur la vitesse du train qui le transporte et exalte son imagination.
le Dadaïsme :
mouvement artistique et littéraire fondé en 1916 par T. Tzara
exprime une révolte radicale, s’oppose à toutes les formes d’aliénation
il rassemble des peintres et des écrivains qui formeront le surréalisme
après 1945, fin des écoles poétiques
C) Expérimentations, aventure du langage et rapport au monde
au XXe siècle, les expériences poétiques se multiplient, la distinction entre prose et poésie est contestée.
ce qui reste l’essence de la poésie :
être une interrogation et une expérimentation sur le langage
être, via le langage, une interrogation sur le rapport de l’homme au monde
la poésie reste fidèle à sa vocation philosophique, celle qu’Aristote lui reconnaissait déjà dans sa Poétique
poètes contemporains : Yves Bonnefoy, Philippe Jaccottet, Jacques Réda, Jean-Michel Maulpoix, etc.
2La poésie au XXe siècle : renouvellement et libération des formes
A) Les renouvellements formels
dans la seconde moitié du XIXe siècle : des poètes et courants engagent les révolutions formelles du genre poétique et mettent l’accent sur la prosodie (travail sur les rythmes et sonorités)
Parnasse (Gautier)
symbolisme (Mallarmé)
précurseurs comme Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, etc.
la prose poétique : longue tradition d’écriture (Fénelon, Rousseau, Chateaubriand) dans laquelle la prose contient des éléments poétiques (travail sur les rythmes, les sonorités)
le poème en prose :
genre ambigu mais qui se distingue de la prose poétique, car il constitue une unité autonome et brève
accent mis sur les sons, les rythmes, le principe de discontinuité (effets de rupture) et sur les images qui servent plus à suggérer qu’à décrire
représentants du genre :
au XIXe siècle : Aloysus Bertrand, Baudelaire, Lautréamont, Rimbaud
au XXe siècle : René Char, Max Jacob, Francis Ponge
le vers libre : combinaison de différents mètres
B) Se libérer des contraintes
suppression de la ponctuation. Ex. : Cendrars, La Prose du Transsibérien ; Apollinaire, Alcools
syntaxe désarticulée, volonté de fragmentation
inégalité des vers et disparition de la rime
C) Nouvelle fonction du poète
poète engagé dans l’histoire;réflexion sur le rapport de l’homme et du monde (contexte de la « boucherie » de la Grande guerre)
interrogation sur la fonction du langage. Cf. Mallarmé voyant le poète comme celui qui donne « un sens plus pur aux mots de la tribu »
le poète redonne au langage toute sa puissance créatrice et refuse un langage tout fait, sans surprise, marqué par les codes sociaux
3Poésie engagée et surréalisme
A) Les poètes engagés
contexte : deux Guerres mondiales, décolonisation
textes des poètes « engagés » au service de la défense d’idéaux : défendre des convictions, s’impliquer, prendre position dans les débats de son temps ; défense de valeurs universelles (liberté, paix, fraternité, lutte contre le racisme)
Aimé Césaire (Cahier d’un retour au pays natal, 1939) sur la question de l’identité antillaise
Léopold Sédar Senghor (Éthiopiques, 1956) défenseur de la « négritude »
poètes « résistants » durant la Seconde Guerre mondiale
engagement d’Aragon (Les yeux d’Elsa, 1942) au parti communiste, composition de poèmes engagés sous l’Occupation
René Char (Le Marteau sans maître) milite contre les mouvements d’extrême-droite, soutient les Républicains espagnols et s’engage dans la Résistance ; pour Char, l’action passe avant tout
Robert Desnos (« Ce cœur qui haïssait la guerre », 1943), résistant, arrêté par la Gestapo, meurt en déportation
Paul Éluard, poète engagé communiste, écrit le fameux poème « Liberté » en 1942
B) Le surréalisme
mouvement artistique né au lendemain de la Première Guerre mondiale, issu du mouvement contestataire Dada, dirigé par André Breton
principes :
quête d’une autre réalité (la « surréalité ») en puisant le merveilleux dans le réel, en dépassant les contradictions apparentes entre rêve et réalité
rejet du rationalisme et de l’esprit « bourgeois »
l’art comme instrument de libération et de révolte
écriture et procédés :
écriture automatique : lâcher-prise, hypnose, recours à des drogues pour libérer l’inconscient. Ex. : le « cadavre exquis »
accent sur l’imaginaire et la recherche d’images insolites. Ex. : « La Terre est bleue comme une orange. » Éluard
thèmes : l’amour fou et la femme, le rêve, la magie, la révolte, l’imaginaire, le hasard objectif et l’inconscient, etc.