le réalisme : mouvement littéraire et artistique du milieu du XIXe siècle qui cherche à peindre le réel sans l’idéaliser
succède au romantisme et précède le naturalisme
B) Les origines du réalisme : la peinture
L’Enterrement à Ornans de Gustave Courbet (1850), acte de naissance du réalisme
Courbet peint une scène de la vie quotidienne dans un très grand format : le réalisme représente le réel, tout le réel, même les sujets les plus bas
visages des personnages marqués par le vieillesse, le travail, l’alcool : opposition réalisme/idéalisme
C) Le réalisme en littérature
réalisme en littérature théorisé par Champfleury (ami de Courbet) dans les années 1850 : le réalisme est une description sincère du réel ; « faire entrer le plus de vrai possible dans la création »
volonté de décrire précisément le réel qui a deux conséquences :
nouveaux thèmes : le réalisme rend compte des changements dans la société après la Révolution française :
l’ascension sociale et la chute (ex. : Stendhal, Le Rouge et le Noir)
l’argent et son pouvoir : essor de la bourgeoisie (ex. : Balzac, Le Père Goriot)
importance accordée à la description : portraits de personnages et descriptions des lieux très détaillées ; le roman doit produire un effet de réel
certains auteurs de la première moitié du XIXe peuvent être qualifiés de réalistes : Balzac est considéré comme le précurseur de ce mouvement
romanciers réalistes : Balzac, Stendhal, Flaubert
D) La Comédie humaine de Balzac : ensemble de romans réalistes
Balzac, écrivain romantique (Les Chouans ou La Peau de chagrin) qui développe très rapidement une esthétique réaliste
La Comédie humaine :
réunit 91 romans, publiés entre 1829 (Les Chouans) et 1848 (L’Envers de l’histoire contemporaine)
ambition d’une représentation objective de la réalité, copie du réel. Cf. « Le hasard est le plus grand romancier du monde : pour être fécond, il n'y a qu'à l'étudier. La Société française allait être l'historien, je ne devais être que le secrétaire. » (Avant-propos de La Comédie humaine)
romans de La Comédie humaine classés en différentes catégories : « Scènes de la vie parisienne », « Scène de la vie de province », « Scène de la vie privée », etc. : volonté de représenter tout le réel
romans liés par le retour des personnages. Ex. : Rastignac, le héros du Père Goriot apparaît comme personnage secondaire dans Illusions perdues
un modèle scientifique : comme les biologistes, Balzac classe ses personnages en genres et en espèces, en types
romans de la Comédie humaine : Le Père Goriot, César Birotteau, Illusions perdues, Eugénie Grandet, etc.
2Le roman naturaliste
A) Définition
mouvement littéraire de la 2e moitié du XIXe siècle (autour des années 1870-1880) qui succède au réalisme
vise la représentation exacte du réel, à partir de l’observation et de l’enquête
B) Les origines du naturalisme : le modèle scientifique
revendique un caractère scientifique : le naturaliste est à l’origine un savant qui s’occupe d’histoire naturelle (autrement dit un biologiste)
les textes naturalistes sont directement influencés par les progrès scientifiques. Ex. : Germinie Lacerteux, des frères Goncourt, est lié au progrès de la médecine dans le domaine des pathologies psychologiques : premier roman consacré à l’étude de la femme hystérique
comme le scientifique, l’écrivain naturaliste prétend effectuer des expériences. Cf. Zola : « le romancier est fait d'un observateur et d'un expérimentateur. »
l’écriture d’un roman nécessite donc de minutieuses enquêtes. Ex. : Zola réunit pour ses romans de denses dossiers préparatoires
C) Le naturalisme en littérature
le naturalisme, contrairement au réalisme, est une vraie école littéraire
naissance en 1865, avec la publication par les frères Goncourt de Germinie Lacerteux qui fait scandale. Zola écrit un article pour le défendre : « Germinie Lacerteux, dans notre littérature contemporaine, est une date. Le livre fait entrer le peuple dans le roman ; pour la première fois, le héros en casquette et l’héroïne en bonnet de linge y sont étudiés par des écrivains d’observation et de style. »
chef de file : Zola, autour duquel se regroupent les écrivains naturalistes à partir des années 1870
la recherche du vrai par le naturalisme a trois conséquences :
nouveaux thèmes :
l’exploration des milieux sociaux. Ex. : Zola, Nana
la puissance des instincts. Ex. : Goncourt, Germinie Lacerteux
les transformations du monde moderne et les progrès techniques. Ex. : Zola, La Curée ; La Bête humaine
nouveaux héros : les héros des romans naturalistes ne sont pas des êtres exceptionnels, ce sont des personnages médiocres, faibles, souvent voués à l’échec
nouvelle narration : l’écrivain naturaliste, comme le scientifique, vise l’objectivité et la neutralité ; le narrateur abandonne souvent le point de vue omniscient pour une focalisation interne ou externe
romanciers naturalistes : les frères Goncourt, Zola, Maupassant
D) Les Rougon-Macquart : ensemble de romans naturalistes
Les Rougon-Macquart :
ensemble de 20 romans écrits par Emile Zola entre 1871 (La Fortune des Rougon) et 1893 (Le Docteur Pascal)
en sous-titre Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire : coupe chronologique dans l’histoire de France en suivant une famille, les Rougon-Macquart
étude des influences de l'hérédité (forme de déterminisme biologique) et du milieu (déterminisme social) : « Je veux expliquer comment une famille, un petit groupe d'êtres, se comporte dans une société. » (préface de La Fortune des Rougon)
dans Les Rougon-Macquart, Zola explore toutes les classes sociales, jusqu’aux plus basses. Ex. : le milieu ouvrier parisien dans L’Assommoir (qui traite de l’alcoolisme), le milieu des prostituées dans Nana, celui des mineurs dans Germinal, celui des spéculateurs immobiliers dans La Curée
romans des Rougon-Macquart : La Fortune des Rougon, L’Assommoir, Nana, Germinal, etc.