naissance de la nouvelle en France à partir d’une imitation des novellas italiennes, dont le Decameron (1353) de Boccace est l’emblème
un genre intermédiaire entre le roman et le conte :
récit court et dense, en prose
peu de personnages
cadre spatio-temporel restreint
la plupart du temps, la fin de la nouvelle est marquée par une chute qui doit surprendre le lecteur
B) Schéma narratif et effet de structure
la narration :
souvent linéaire
très ramassée, centrée sur les moments décisifs : entrée en matière immédiate, descriptions réduites à l’essentiel
très structurée à l’aide de repères chronologiques précis et d’un découpage typographique en paragraphes
utilisation de l’ellipse narrative pour gagner en efficacité
le schéma quinaire, qui relève du conte, peut être utile pour analyser les nombreux effets de structure présents dans la nouvelle :
la situation initiale
l’élément perturbateur
les péripéties
la résolution
la situation finale
l’étude de l’emploi des temps est important, leur analyse est un moyen d’être attentif à la progression du récit :
dans un récit au passé, l’imparfait descriptif sert à poser rapidement le cadre
le passé simple met les actions aupremier plan
la tension du récit progresse régulièrement :
les nouvelles à chute : construction serrée et signifiante pour aboutir à un événement final qui crée un effet de surprise ; la conclusion, réduite à peu de phrases, laisse un souvenir marquant chez le lecteur
les nouvelles sans chute : elles sont des instantanés de vie quotidienne, des tableaux descriptifs de moments d’émotion, de méditation
le récit enchâssé (Maupassant, Barbey d’Aurevilly) : un narrateur intègre une seconde histoire dans unrécit cadre ; technique qui crée un lien entre la nouvelle et l’oralité, la conversation
C) Une définition impossible ?
proximité avec d’autres genres : distinction entre la nouvelle et d’autres récits comme le roman, le conte, la chronique judiciaire pas toujours évidente
les contradictions : il existe des nouvelles longues (Colomba de Prosper Mérimée, Fortunio de Théophile Gautier) et des nouvelles courtes (Maupassant), des nouvelles réalistes et des nouvelles fantastiques
2La nouvelle et le réalisme
A) Personnages et narrateur
les personnages :
peu nombreux
caractérisés par un détail expressif, une expression frappante et une façon de s’exprimer
recours fréquent au discours direct
le narrateur :
le plus souvent, le récit est mené à partir d’un seul point de vue
le narrateur peut être le personnage principal de la nouvelle (focalisation interne) ou il peut être omniscient (focalisation zéro)
la présence explicite du narrateur peut se doubler d’une présence implicite par le biais des commentaires
l’effet sur le lecteur :
efficacité et concision de l’écriture,présence du narrateur : fort effet sur le lecteur qui suit le personnage à travers son histoire réelle et peut s’identifier à lui
le lecteur est emporté par le rythme de la nouvelle et surpris par l’effet de chute
B) La nouvelle au XIXe siècle et le réalisme
le réalisme : en réaction contre l’idéalisme et le lyrisme du romantisme, les artistes réalistes cherchent à représenter la réalité telle qu’elle est
les principes du réalisme, qui se révéleront souvent inapplicables :
refus de l’imaginaire
volonté de montrer ce que l’on voit avec objectivité, sélectionner des petits faits vrais
étudierles mœurs d’une époque en lien avec la réalité historique
peindre d’après nature les milieux populaires, la réalité politique et sociale
l’écriture réaliste :
goût du détail caractéristique et de l’exactitude pour donner l’illusion du réel
vocabulaire technique et précis lié à un effort de documentation
C) Le XIXe siècle, l’âge d’or de la nouvelle
au XIXe siècle, la nouvelle confirme sa relation avec l’oralité : souvent le récit est inscrit dans une conversation entre des personnages. Ex. : Boule de Suif écrit par Maupassant en 1880
essor du genre au XIXe siècle lié à celui du journalisme : la presse accueille sous forme de feuilletons des fragments de romans à paraître, favorise la vogue du récit court
intrigues des nouvelles sont parfois tirées de faits divers
genre littéraire faisant intervenir des éléments surnaturels dans le monde quotidien
principes de la nouvelle fantastique :
personnages et situations mises en scène souvent ordinaires
le lien entre un cadre réel et l’intervention du surnaturel caractérise le fantastique et le distingue du merveilleux
l’écriture fantastique met en évidence l’oscillation permanente entre le réel et le surnaturel ; l’incertitude est renforcée par la narration
effet sur le lecteur saisissant, renforcé par la brièveté du récit : lecteur envahi par le doute qui ne parvient plus à distinguer le vrai du faux, le réel de l’imaginaire ; en proie à l’hésitation
B) Le questionnement du monde et du moi
invention d’un fantastique nouveau par les écrivains réalistes, qui mêlent la réalité banale et l’étrangeté, le naturel et le surnaturel : il s’agit de percevoir comment le réel sert le mystérieux ; le cadre vraisemblable posé dans la nouvelle fait d’autant plus ressortir l’intrusion d’événements incompréhensibles et surnaturels
ces écrivains jouent avec les peurs et la folie et interrogent la complexité du monde avec le recours à l’étrange. Ex. : Le Horla de Maupassant
auteurs principaux : Nodier, Mérimée, Gautier, Maupassant, Villiers de l’Isle Adam