Selon Durkheim, les suicides se divisent en quatre grandes catégories, qui sont définies en fonction de deux facteurs variables, l’intégration (le rattachement à un groupe ou à une communauté particulière) et la régulation (soumission à un certain nombre de règles déterminées). Si l’un de ces facteurs entre en situation de défaut (pas d’intégration, pas de règles de vie) ou d’excès (disparition de l’individu dans le groupe, soumission à des règles omniprésentes et contraignantes), alors les chances de voir un suicide se produire augmentent significativement. Cette théorie a été discutée, et même contredite par certains sociologues plus récents. Mais elle permet de saisir l’ambition scientifique initiale de la sociologie.
La politesse est par excellence le domaine où peuvent facilement s’observer des conventions sociales. Au Japon, le salut est un élément extrêmement codifié de la vie sociale, à tel point que certaines entreprises font suivre des formations à leurs employés pour qu’ils exécutent parfaitement leurs saluts professionnels. La question de la longueur du salut est, par exemple, déterminante : si l’une des personnes poursuit son salut plus longtemps que prévu, il faut saluer encore, jusqu’à ce que l’autre reçoive un salut en retour, même si cela conduit à de longs échanges de saluts. On voit donc à quel point un élément à première vue naturel (le salut, la rencontre) peut se transformer en un protocole subtil et technique.
Le film Ressources humaines de Laurent Cantet (1999) raconte l’histoire d’un père ouvrier et de son fils, diplômé d’une grande école de commerce. Le fils est engagé au poste de « directeur des ressources humaines » dans l’usine où travaille son père. Le film dépeint le gouffre séparant les générations et les catégories sociales selon leur éducation, leur place dans la hiérarchie sociale et leurs revenus.