Analyse du sujet Il est très important de ne pas confondre ce sujet avec une question de valeur, du type « est-il bon ou mauvais de proposer plusieurs interprétations ? », ou encore avec des questions trop larges comme « N’y a-t-il qu’une seule vérité ? ». Le sujet porte sur une possibilité (« est-elle susceptible ? ») et sur la multiplicité des interprétations possibles, pas leur valeur ou leur hiérarchie. C’est donc sur le rapport entre l’unité de l’œuvre et la multiplicité des interprétations possibles que tu vas réfléchir. Plusieurs directions d’analyse sont possibles à partir de la question. Tu peux par exemple réfléchir sur la fidélité à l’œuvre : est-ce que la fidélité à l’œuvre autorise que plusieurs interprétations de celle-ci soient proposées ? Tu peux aussi te concentrer sur l’ontologie de l’œuvre d’art et se demander si une œuvre peut être réduite à l’intention (supposée unique) de son auteur. Tu peux enfin t’interroger sur les différents cas de figure qui correspondent à une multiplicité d’interprétations : s’agit-il d’interprétations contradictoires ? d’interprétations qui assument leur distance avec l’œuvre originale ? ou d’interprétations qui prétendent être la seule vérité ? L’intention des interprètes est en effet une donnée problématique elle aussi.
Pistes de problématisation La problématique devra donc se concentrer sur les éléments concrets qui, dans l’idée d’interprétation comme dans celle d’œuvre d’art, rendent possible ou s’opposent à une pluralité de discours possibles sur cette œuvre. Doit-on admettre, s’il n’y a qu’un seul discours interprétatif possible, que l’œuvre d’art a vocation à n’être comprise qu’une fois pour toutes ?
Analyse du sujet Ce sujet, encore une fois, ne doit pas être détourné vers des jugements de valeur identifiant le terme « subjectif » à « faux », « imaginaire » ou « mauvais ». La question t’invite à réfléchir sur le rapport entre l’interprétation et la subjectivité, c’est-à-dire les éléments d’un discours qui reflètent le point de vue du sujet plutôt que les données objectives de la chose interprétée. L’étude de ce sujet peut conduire à la mise en regard des sources subjectives réelles de l’interprétation, en faisant l’inventaire des principaux domaines dans lesquels elle est mise en œuvre : l’interprétation d’œuvre d’art, mais aussi l’interprétation d’un discours en langue étrangère, l’interprétation de la loi, l’interprétation musicale, etc. Les notions de « bonne » et de « mauvaise » interprétation devront être analysées, pour déterminer quelle est la part d’objectivité et de subjectivité dans une bonne interprétation. Tu devras bien sûr te demander quel rapport exact l’interprétation entretient avec la vérité, mais ne pas réduire le sujet à cela : l’alternative ne se réduit pas à « l’interprétation est subjective » ou « l’interprétation est objective », mais peut admettre l’idée que la part de subjectivité n’est pas nécessaire, et donc qu’elle peut être requise dans certains cas. La subjectivité n’est pas la fausseté, mais n’est pas non plus la vérité objective sans sujet.
Pistes de problématisation La problématique soulève donc des enjeux très larges, notamment en ce qui concerne la place du sujet par rapport aux objets de connaissance, et l’utilisation de l’idée de vérité objective pour caractériser tous nos rapports aux choses. N’y a-t-il pas des réalités qui ne se laissent approcher que par le biais d’une interprétation subjective ?