Analyse du sujet Ce sujet t’invite d’une part à évaluer une prétendue « dette » de la pensée à l’égard du langage. Mais il interroge également sur les « devoirs/obligations » de la pensée à l’égard du langage. Attention donc à bien prendre en compte ces deux aspects. Ne confonds pas ce sujet avec un sujet voisin mais très différent comme « Pensons-nous avec les mots ? »
Le verbe devoir donne le sens suivant à la question posée : qu’est-ce que ma pensée, c’est-à-dire mon activité cognitive - a reçu du fait que je suis un sujet qui parle ? Autrement dit, pensons-nous de manière intimement liée au langage ? Tu peux ici partir d’expressions comme « se parler intérieurement », « penser sans les mots ». Les concepts de pensée et de langage renvoient au terme grec logos qui relie précisément ces deux concepts.
Pistes de problématisation Tu peux partir d’un étonnement simple : la distinction qui est faite dans le sujet entre la pensée et le langage. En effet, cette distinction semble sous-entendre l’existence quasi-autonome de ces deux notions, qui seraient mises en relation par un processus mettant en jeu l’expression. Dès lors, faut-il entendre par là que la pensée posséderait un caractère non linguistique, comblé par le langage ? Mais l’inverse ne serait-il pas tout aussi plausible ? À savoir une pensée proprement liée à la langue par le biais de catégories linguistiques.
Une des références que tu peux ici mobiliser est Platon, dans le Théétète : « Il me paraît que l’âme, quand elle pense, ne fait autre chose que s’entretenir avec elle-même, interrogeant et répondant, affirmant et niant [...]. Ainsi, juger, selon moi, c’est parler, et le jugement est un discours prononcé, non à un autre, ni de vive voix, mais en silence et à soi-même. ». C’est là un bon moyen de poser le problème central du sujet : si notre pensée est elle-même d’ordre linguistique, c’est parce qu’elle est avant tout délibérer, et délibérer, c’est affirmer.
Pistes de problématisation
Analyse du sujet
Analyse du sujet Ne confonds pas ce sujet avec des sujets voisins comme « Les animaux peuvent-ils user d’un langage ? ». Tu dois ici te demander dans quelle mesure c’est le langage qui fait l’homme, de manière « spécifique » c’est-à-dire proprement dans une interrogation sur l’espèce « homme ».
« Le langage » désigne ici dans son sens général à la fois une faculté et la mise en œuvre de cette faculté : la langue et la parole. Le terme « spécifiquement » t’invite à interroger le caractère propre du langage pour l’espèce « homme ». L’adjectif « humain » renvoie à une nature humaine postulée comme identifiable, ce qui n’est pas indubitable, et ouvre par là le sujet sur une dimension anthropologique.
Pistes de problématisation Ce sujet invite à développer une interrogation à partir de plusieurs domaines de compétences : la linguistique, la zoologie, l’anthropologie, et surtout l’ontologie (l’étude de l’être). Nous sommes si accoutumés à considérer le langage comme le propre de l’homme que la possibilité même d’un langage qui ne soit pas humain nous semble étrange. C’est donc certes sur la dimension linguistique de la nature humaine que ce sujet t’invite à t’interroger, mais également sur toute forme de langage qui pourrait exister hors de l’humanité.