Littéralement, l’« alien », c’est l’autre, ce qui est différent de nous. La science-fiction s’est emparée de ce terme pour désigner les formes de vie extra-terrestres. Cet exemple peut être mis en rapport avec la difficulté à connaître ou à comprendre l’altérité, le fait que nous avons besoin d’une « inférence analogique » pour saisir ce qu’est l’autre. Ainsi, la plupart des formes de vie « alien » imaginées par la science fiction ont d’importantes similitudes avec des formes de vie terriennes. Le film Avatar de James Cameron (2009) est l’exemple même de l’application d’une inférence analogique : les formes de vie imaginées dans ce film sont quasiment identiques aux espèces animales et végétales se trouvant sur Terre. À l’extrême opposé, le monolithe noir de 2001 l’Odyssée de l’espace par Stanley Kubrick (1968) est une représentation de ce que l’altérité radicale possède d’irreprésentable, d’inimaginable.
Blade Runner, film de Ridley Scott (1982) inspiré d’un roman de Philip K. Dick, met en scène des « réplicants », androïdes formés à l’image de l’homme, mais censés vivre seulement 4 ans, pour éviter qu’ils ne s’humanisent. L’intrigue est fondée sur l’angoisse suscitée par cette altérité, à la fois si proche et si lointaine de notre humanité. Ce qui rend possible une telle fiction, c’est bien sûr l’impénétrabilité d’autrui (on ne pourra jamais se placer « dans » l’esprit d’un autre, être vraiment à sa place) et aussi les manifestations physiques de l’esprit, notamment à travers le regard et le visage (qu’on pourrait mettre en relation avec la philosophie de Levinas). Ce qui suscite le trouble, c’est d’imaginer que ce visage qui me semble si proche, ne dissimule en réalité rien d’humain, sans que je puisse jamais en être certain.