Le philosophe Alain utilisait l’exemple d’une forme que l’on voit apparaître dans un nuage ou sur les nervures d’une écorce pour traiter du lien étroit entre perception, imagination et jugement. Pense à un nuage. Ce nuage ressemble à une tortue. Tu vois la tortue. Et pour autant, rien dans ta perception n’a changé : le nuage est resté parfaitement le même. C’est donc ton jugement qui a profondément modifié ta perception du réel. La perception sensible n’est jamais neutre : nous avons aussi notre responsabilité dans ce que nous voyons.
Le Parfum, de P. Süskind, publié en 1997, raconte l’histoire de Jean-Baptiste Grenouille, jeune homme parisien vivant à la fin du XVIIIe siècle, et doté d’un odorat hors du commun. Le tour de force du roman est de donner au lecteur le sentiment véritable de ressentir les odeurs en même temps que le personnage. L’intrigue elle-même insiste sur le pouvoir immense que peuvent avoir sur nous des perceptions dont nous n’avons pas conscience : Jean-Baptiste parvient en effet à manipuler ses semblables par de subtils mélanges de parfums.