Soient a et b deux réels, a<b. La loi uniforme sur l’intervalle [a;b] est la loi de probabilité continue dont la densité est définie pour tout t∈[a;b] par :
f(t)=b−a1
Remarque
Il faut rapprocher cette loi de la situation d’équiprobabilité vue en probabilités discrètes : ici les probabilités sont uniformément réparties sur l’intervalle, il n’y a pas d’intervalle plus probable qu’un autre de même taille.
On peut vérifier facilement que ∫abb−a1dt=b−a1×(b−a)=1. f est donc bien une densité de probabilité.
Exemple
La loi uniforme sur [1;3] a pour densité la fonction constante sur [1;3] :
f(t)=21
Formule
Probabilité et loi uniforme
Soient a et b deux réels, a<b. Soient c et d deux réels de [a;b], c≤d. Soit X une variable aléatoire suivant la loi uniforme sur [a;b].
P(X∈[c;d])=b−ad−c
Exemple
Si X suit la loi uniforme sur [1;3], on a :
P(X∈[1,5;2])=3−12−1,5=20,5=41
Remarque
Cela se retrouve facilement en calculant ∫cdb−a1dx.
Étant donné que les probabilités sont uniformément réparties, calculer la probabilité que X appartienne à l’intervalle [c;d] revient à faire un rapport de proportion entre la taille de [c;d] et [a;b].
Par exemple, si celui-ci représente la moitié de [a;b], on a forcément 50 % de chances (soit une probabilité de 21) que X soit dans cet intervalle.
Formule
Espérance et loi uniforme
Soient a et b deux réels, a<b. Soit X la variable aléatoire suivant la loi uniforme sur [a;b]. X a pour espérance :
E(X)=2a+b
Remarque
Ce résultat se retrouve facilement à partir de l’expression générale de l’espérance d’une loi à densité sur un intervalle, qui est présentée dans la partie précédente.
2a+b est le milieu du segment [a;b]. Il est cohérent pour une loi uniforme que la moyenne des résultats corresponde au milieu du segment : il n’y en a pas plus en dessous qu’au-dessus de cette valeur.
BLoi exponentielle
Définition
Soit λ un réel, λ>0. La loi exponentielle de paramètre λ est la loi de probabilité continue dont la densité est définie pour tout t∈[0;+∞[ par :
f(t)=λe−λt
Exemple
25∫23e−25tdt représente donc P(X∈[2;3]) si X est une variable aléatoire suivant une loi exponentielle de paramètre λ=25.
Formule
Probabilité et loi exponentielle
Soit a un réel, a≥0. Soit X une variable aléatoire suivant la loi exponentielle de paramètre λ>0.
P(X≤a)=1−e−λa
Exemple
Soit X une variable aléatoire suivant la loi exponentielle de paramètre 101. Alors, P(X≥5)=e−101×5=e−21≈0,6. X a 60 % de chances d’être supérieur à 5.
Remarque
Ces formules restent valables en remplaçant les signes ≥ et ≤ par > et <. Cela provient du fait que dans le cas des lois de probabilités continues, la probabilité qu'une variable aléatoire prenne une valeur particulière est nulle.
Propriété
Loi exponentielle et durée de vie sans vieillissement
Soit X une variable aléatoire suivant la loi exponentielle de paramètre λ>0. On a, pour tous réels t et h positifs,
P(X≥t)(X≥t+h)=P(X≥h)
Remarque
La loi exponentielle est souvent utilisée pour modéliser des notions de « durée de vie ».
Cette propriété montre que la loi exponentielle modélise des phénomènes dont la durée de vie probable ne dépend pas de l’âge.
On ne pourrait donc pas modéliser l’âge d’une personne par une loi exponentielle : une personne de 60 ans n’a pas la même espérance de vie qu’une personne de 20 ans.
Par contre, la loi exponentielle est très utile par exemple en radioactivité pour modéliser la durée de vie d’un atome radioactif.
Formule
Espérance et loi exponentielle
Soit λ un réel strictement positif. Soit X une variable aléatoire suivant la loi exponentielle de paramètre λ. X a pour espérance :
E(X)=λ1
Exemple
Reprenons X la variable aléatoire suivant la loi exponentielle de paramètre 101. Admettons que X modélise la durée de vie d’une machine à laver en années. La durée de vie moyenne d’une machine à laver est alors E(X)=10 ans.
CLoi normale centrée réduite
Théorème
Théorème de Moivre-Laplace
Soit Xn une variable aléatoire suivant la loi binomiale B(n;p). On pose : Zn=np(1−p)Xn−np. Pour tous réels a et b tels que a<b, on a :
limn→+∞P(Zn∈[a;b])=∫ab2π1e−2t2dt
Remarque
L’idée derrière ce théorème est importante :
cela signifie que quelle que soit la variable aléatoire X suivant une loi binomiale B(n;p) (donc comptant le nombre de succès lors de n expériences indépendantes de Bernoulli de paramètre p), si on augmente suffisamment n, les résultats se répartissent sous une courbe en forme de « cloche ».
De plus, si on effectue la transformation Zn=np(1−p)Xn−np sur la variable aléatoire, quelque soit p, on se ramène à la même courbe en cloche centrée sur l’axe des ordonnées.
La loi de probabilité dont la densité correspond à cette « cloche » est la loi normale centrée réduite N(0;1).
Définition
Loi normale centrée réduite N(0;1)
La loi normale centrée réduite N(0;1) est la loi de probabilité continue dont la densité est définie pour tout t réel par :
f(t)=2π1e−2t2
Remarque
Pour cette loi, le calcul de probabilités par le calcul intégral est compliqué car on ne connaît pas de primitive explicite de la densité f. Ainsi, la majorité des exercices te demanderont de passer par les approximations présentées plus loin.
Cette densité de probabilité est paire : sa courbe est symétrique par rapport à l’axe des ordonnées. C’est un résultat qui peut être utile.
Propriété
Valeurs remarquables liées à la loi centrée réduite
Soit X une variable aléatoire suivant la loi N(0;1). Pour tout réel α∈]0;1[, il existe un unique uα réel positif tel que :
P(−uα≤X≤uα)=1−α
Pour α=0,05 et 0,01 :
P(−1,96≤X≤1,96)≈0,95
P(−2,58≤X≤2,58)≈0,99
Ces deux valeurs sont à connaître.
Remarque
On peut interpréter ces résultats en termes d’aire sous la courbe : 95 % de l’aire sous la courbe de la « cloche » de la densité se trouve entre −1,96 et 1,96.
Inversement, cela nous dit aussi que 5 % de l’aire se retrouve à l’extérieur de ces valeurs, soit 2,5 % de chaque côté étant donné que la densité est paire.
Ces résultats permettent de donner un premier encadrement des valeurs les plus probables de cette loi, dont les probabilités sont difficiles à calculer. Il est important de connaître ces valeurs par cœur.
Formule
Espérance et variance de la loi N(0;1)
Soit X une variable aléatoire suivant la loi N(0;1).
E(X)=0
V(X)=1
Remarque
C’est pour cette raison qu’on note N(0;1) pour la loi centrée réduite. Le premier paramètre de cette loi est son espérance, le second est sa variance.
Il est logique que l’espérance soit nulle étant donné que la courbe de la densité est centrée sur l’axe des ordonnées : il y a autant de probabilité (autrement dit, d’aire sous la courbe) de se trouver à gauche qu'à droite de cet axe.
DLoi normale $$N (m;\sigma^2)$$
Définition
Loi normale N(m;σ2)
Soient m et σ deux réels, σ>0.
Une variable aléatoire X suit la loi normale N(m;σ2) si et seulement si σX−m suit la loi N(0;1).
Exemple
Soit X une variable aléatoire de densité la fonction f définie sur R par : f(x)=2π1e2(x−3)2.
X suit en fait la loi N(3;1).
En effet, si on pose y=1x−3, on obtient :
f(x)=2π1e2y2.
Ceci correspond bien à la densité de la loi N(0;1).
Remarque
Globalement, les lois normales N(m;σ2) sont représentées par des « cloches » similaires à celle de la loi centrée réduite, mais décentrées, et plus ou moins amples. Le changement de variable σX−m permet de ramener cette « cloche » à celle de la loi centrée réduite.
Propriété
Loi N(m;σ2) et valeurs empiriques approximatives
Soit X une variable aléatoire suivant la loi N(m;σ2). On a :
P(m−σ≤X≤m+σ)≈0,683
P(m−2σ≤X≤m+2σ)≈0,954
P(m−3σ≤X≤m+3σ)≈0,997
Exemple
Reprenons X la variable aléatoire suivant la loi N(3;1).
P(3−2×1≤X≤3+2×1)=P(1≤X≤5)≈0,954
X peut prendre toutes les valeurs réelles, mais a plus de 95 % de chances d’être compris entre 1 et 5.
Formule
Espérance et variance de la loi N(m;σ2)
Soit X une variable aléatoire suivant la loi N(m;σ2).
E(X)=m
V(X)=σ2
Remarque
Attention ! Une erreur très répandue consiste à oublier que la valeur indiquée dans N(m;σ2) est la variance, soit l’écart-type σau carré, et non directement la valeur de σ !
L’espérance m donne une information sur la moyenne, soit la position du pic de la « cloche ».
La variance σ2 quant à elle quantifie l’étalement de la cloche : si elle est faible on a un pic très fin, sinon on a une « bosse » très large.