1La formation du mouvement ouvrier dans l’Empire allemand (1875-1914)
A) La fondation du parti socialiste allemand
l’industrialisation allemande s’accélère à la fin du XIXe siècle : formation d’une classe ouvrière importante ; développement et organisation rapide du mouvement ouvrier
congrès de Gotha en 1875 : naissance du SPD à partir de la fusion de l’Association générale des travailleurs allemands (ADAV) réformiste de Ferdinand Lassalle et du Parti ouvrier social démocrate (SDAP) proche du marxisme, fondé par Bebel et Liebknecht
forte influence du SPD sur les ouvriers allemands qui représentent alors ⅓ de la population active
Bismarck combat le socialisme par la loi « antisocialiste » de 1878 qui interdit toute action politique et syndicale et une politique sociale (assurance maladie, système de retraite) envers les ouvriers
le SPD devient malgré tout le 1er parti au Reichstag, marxiste en théorie, réformiste dans les faits
B) La naissance du syndicalisme en Allemagne
syndicats autorisés en 1878 et structurés dans le sillage du SPD
unification des syndicats sociaux-démocrates, qui optent pour l’idéologie marxiste mais adoptent une stratégie réformiste : négociation et gestion des assurances sociales
développement parallèle de syndicats chrétiens
fédération des associations de travailleurs allemands dans la Commission générale des syndicats allemands, proche du SPD, en 1892
C) La crise révisionniste et le ralliement des socialistes à l’Union sacrée en 1914
le révisionniste Bernstein provoque une crise au sein du SPD :
d’un côté, les réformistes, qui veulent changer les choses par la voie parlementaire
de l’autre, les révolutionnaires qui prônent une transformation radicale de la société par l’action concrète (Bebel, Kautsky, Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht)
le révisionnisme est condamné en 1903 au congrès de Dresde
en 1914, division des socialistes :
ralliement du SPD àl’Union sacrée et vote des crédits de guerre
fondation de la Ligue spartakisteparRosa Luxemburg et Karl Liebknecht qui sont emprisonnés pour pacifisme
2La crise du mouvement ouvrier allemand (1914-1945)
A) L’éclatement du SPD et l’évolution du syndicalisme
division des socialistes face à la guerre et aux Révolutions russes
le programme spartakiste est pacifiste, marxiste, internationaliste, antimilitariste ; à la fin de la guerre, les spartakistes veulent la révolution et animent des soviets dans plusieurs villes allemandes
unité du syndicalisme maintenue ; l’accord patronat-syndicats durant la guerre est le fondement de la politique de négociations qui sera suivie par la suite
B) La gauche allemande est divisée après 1918, sous la République de Weimar
fin de l’Empire en novembre 1918, proclamation de la République à Weimar, régime démocratique et parlementaire ; leSPD gouverne avec Friedrich Ebert
forte agitation sociale, répression des mouvements révolutionnaires spartakistes par les « corps francs » (groupes paramilitaires) ; assassinat de Karl Liebknecht et Rosa Luxemburgpar le gouvernement socialiste
une gauche divisée :
le SPD,parti de gouvernement, 1er parti allemand en voix et en sièges au Reichstag
marxistes révolutionnaires rassemblés dans le KPD, parti communiste membre du Komintern et proche des bolcheviks
le syndicalisme renonce à la lutte des classes et l’AGBD, proche de la SPD, rassemble toutes les branches sous une direction centrale qui négocie avec le patronat ; 4 millions de membres en 1920
C) Le mouvement ouvrier sous le nazisme et dans la guerre
crise économique de 1929 très violente en Allemagne ; vie politique polarisée sur deux partis :
le KPD (parti communiste)
le NSDAP (parti nazi nouveau)
forte progression du parti nazi, 1er parti allemand en 1932, dans un climat politique très violent
division SPD/KPD irréconciliable, refus de s’allier contre les nazis : Hitler au pouvoir en 1933
répression anti-communiste :
incendie du Reichstag dans la nuit du 27 au 28 février 1933
interdiction du KPD et du syndicalisme
internement des militants dans les premiers camps de concentration, exil, clandestinité
résistance intérieure de la gauche anéantie : Neu Beginnen ou Orchestre rouge (dans les camps)
3Renaissance et mutations du socialisme et du syndicalisme allemand depuis 1945
A) L’Allemagne « année zéro » : la renaissance politique
bilan humain, économique et matériel de la guerre très lourd en Allemagne ; vide politique dans l’Allemagne occupée par les Alliés
le SPD, qui a survécu en exil, refuse de fusionner avec leKPD trop proche de l’URSS
en 1949, division de l’Allemagne :
en RFA : la droite gouverne avec le parti démocrate chrétien (CDU) ; déclin du SPD, qui refuse d’abandonner le marxisme jusqu’au congrès de Bad Godesberg (1959) ; KPD interdit jusqu'en 1968
en RDA : le KPD devient le SED, parti unique ; UlbrichtetHonecker dirigent la RDA ;soulèvements en 1953, fuite à l’Ouest jusqu’à la construction du mur en 1961 ; poids de la Stasi
puissance du syndicalisme allemand qui opte pour une cogestion paritaire avec le patronat ; politique pragmatique, 5 millions d’adhérents en 1949
B) Du tournant réformiste de Bad Godesberg (1959) à la sociale démocratie des années 1970-1980
au congrès de Bad Godesberg, le SPD renonce au marxisme et assume son identité réformiste partisane de l’économie de marché et de l’atlantisme
le SPD devient un parti de gouvernement dans une coalition avec la CDU contre l’extrême-droite ; l’extrême-gauche contestataire se développe dans les années 1960/1970
politique sociale très modérée du SPD mais succès de l’Ostpolitik (ouverture à l’Est) et de la « social-démocratie »
C) L’évolution de la gauche allemande depuis la chute du mur
après la chute du mur, nouvelle mutation idéologique du SPD sous Gerhard Schröder et ses réformes libérales « Agenda 2010 » (début des années 2000)
battu en 2005, le SPD rejoint la coalition dirigée par Angela Merkel (CDU) jusqu’en 2009 où le SPD réalise son pire score aux élections
l’ancien parti communiste rebaptisé PDS (parti du socialisme démocratique) conserve une forte influence en ex-RDA : ostalgie
recomposition de la gauche radicale actuelle : en 2005, fusion du parti communiste avec différents courants de la gauche radicale : « Die Linke» anticapitaliste, altermondialiste présidée par Oskar Lafontaine
syndicalisme allemand toujours puissant : 8 millions de membres
Bilan: tu peux conclure sur l’articulation réformisme/révolution jusqu’au congrès de Bad Godesberg, un SPD de plus en plus libéral depuis Schröder et la recomposition de la gauche radicale actuelle.